SOMMAIRE



MESSAGES PERSONNELS

Quel curieux site que le votre!!!!! J'ai été séduit par la présentation et le démarche mais vivement déçu par les critiques, qui sont ma foi très représentative du gout commun et qui invitent peu à de nouvelles expériences auditives. Meme si je pense exactement comme vous sur la musique moderne, à la fois inaudible et inaccessible, quelques aventures musicales DANS LES SENTIERS BATTUS, manque a votre dictionnaire. Ou est le Requiem de Mozart, préter une attention si creuse aux volumes du claiver bien tempéré de BACH! Gould en rendu tout de meme quelques beaucoup moins hermetiques! Meme si votre site est plaisant, il manque un peu l'invite à "éduquer" le gout musical, sans aller, je vous le concede jusqu' a l'adoration de Mahler.... Je serais curieux de savoir votre bagage musical. Etes vous pianiste? peu probable un pianiste ne regarderait pas les cahiers de Bach comme cela, etes vous juste melomane? musicien? Bien à vous.

Contrairement aux musicographes du 19e siècle, je n'ai nullement l'ambition d'éduquer le public car je n'ai pas la prétention de me croire au-dessus de lui. J'ai étudié et joué le Clavecin bien tempéré, mais justement je ne m'exprime pas en tant que pianiste, mais en tant que mélomane. Le Requiem de Mozart, si je ne me trompe, n'est pas une oeuvre purement instrumentale, elle n'entre donc pas dans le cadre de mes critiques. Quant à Mahler, pourquoi ne pas adorer sa 10e symphonie, je n'y vois pas d'inconvénient. Oui, je me situe dans le goût commun des mélomanes, excusez-moi de ne pas être un mélomane supérieur. Si vous trouvez qu'inviter les mélomanes à écouter les pièces pour piano de Liu Shi-kun, le concerto pour violon de Taktakichvili, le concerto pour piano de Novak, le concerto pour harpe de Krumpholz... "invite peu à de nouvelles expériences auditives", alors vous êtes d'un niveau auquel je ne puis prétendre. Bien à vous Claude Fernandez

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[Un lecteur, qui apprécie critique-musicale.com conteste l'utilisation des "étoiles" pour tenter de caractérises l'intérêt de soeuvres. Voici la réponse que je lui ai faite, ce qui permet de préciser le rôle et la signification différentielle d'une "notation" et d'un commentaire.]

L'argumentation, comme je le dis souvent, doit être considérée comme un discours a posteriori duquel ne résulte pas le jugement, mais qui en est au contraire la résultante ou plutôt un essai d'explication. Pour être rigoureux, il faudrait supprimer toute argumentation, ne laisser subsister que les "étoiles". Celle-ci permettent, à mon sens, d'indiquer sur l'oeuvre ce qui est le plus important, à savoir: "m'a t-elle ennuyée ou m'a-t-elle captivée". Le reste n'est que chimère et peut être, comme vous le dites, contestable sur un plan argumentaire. Les "étoiles" représentent un jugement subjectif, mais il se situe au-delà de l'argumentation. L'on aboutirait donc en suivant cette logique à l'inverse de ce que vous préconisez, c'est-à-dire supprimer le commentaire. Il est de fait que je considère avec beaucoup de sérieux et de responsabilité l'attribution des étoiles (même si je sais que cela est dérisoire vu le très petit nombre de personnes qui me lisent). Entre attribuer 2 ou 3 étoiles, j'hésite souvent longtemps comme un jury qui devrait recevoir ou recaler un candidat. Sur le plan des critiques elles-même, je n'ai sans doute pas le don littéraire des images qu'ont certains critiques pour évoquer les émotions qu'ils ont ressenties. Mes critiques demeurent assez sèches, elles ont en contrepartie, au moins je l'espère, le mérite de réfléter le plus exactement possible mon jugement et les caractéristiques les plus frappantes de l'oeuvre sur le plan critique. La structure et le contenu des oeuvres sont évoqués dans les ouvrages et sur les notices d'accompagnement des enregistrements. Il s'agit d'analyses qui font généralement abstraction de tout élément critique, sinon, parfois, presqu'uniquement des éloges (sauf s'il s'agit naturellement de virtuoses-compositeurs que l'on veut éreinter). J'insiste sur le contenu critique de mes commentaires car l'intérêt musical (le "plaisir" musical supérieur, l'émotion ressentie) me paraît la caractéristique la plus fondamentale d'une oeuvre. En second lieu, je ne suis pas qualifié pour produire des analyses. Le serais-je que je n'y aurais pas, d'ailleurs, de goût particulier à m'y adonner. Je ne commente l'oeuvre qu'en fonction du lien d'affectivité qui me lie à elle. Merci encore et n'hésitez pas à intervenir sur forum-classique. Cordialement Claude Fernandez

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Bach doit etre considéré comme un compositeur de génie! Sa musique n'a jamais été égalée par personne, on se demande mêmê comment certaines de ses oeuvres ont pu sortir d'un cerveau humain! Il a de plus composer plus de 1200 pieces, il surpasse par son talent, sa grace, sa grandeur et l'espoir que l'on eprouve apres avoir ecouté une oeuvre! Il ne peut meme pas etre comparé a d'autres!



[Voici une réaction sur mon article envoyé par un musicologue spécialiste de la musique allemande du 17e siècle. il a préféré demeurer anonyme. Le contenu montrera aisément ses connaissances de la musique allemande de cette époque.]

D'accord, (oh oui, et j'applaudis!) sur l'essentiel : cf. cette petite introduction que j'ai faite à une petite "conférence" A Strasbourg en 1995. ( Musicologie-fiction ) Un dimanche ensoleillé de 1770, l'après-midi, deux notables strasbourgeois, tous deux férus de musique, se promènent en devisant à propos de la musique et des musiciens. Le premier dit au second : - à propos, Monsieur Städel, avez vous entendu le motet du célèbre Capellmeister Bach qui a été donnée au Temple Neuf la semaine passée? - Non, j'étais en voyage d'affaire à Francfort. Et, croyez moi, je le regrette bien Monsieur Reiseisen, parce que les oeuvres de ce Bach de Hambourg sont parmi celles que je trouve les plus sublimes et les plus touchantes qu'on ait jamais faites. - Vous faites erreur Monsieur Städel, je ne parlais pas des oeuvres de ce Bach-là! Je pensais à l'une des oeuvres du Bach de Londres, le compositeur d'opéras dont on a entendu récemment un concerto de pianoforte à Strasbourg. Il se trouve que mon fils, qui revient d'Italie, avait recopié cette oeuvre à Milan où elle l'avait frappé lors d'une exécution. (Monsieur Bach avait été organiste dans la cathédrale de cette ville avant de se rendre à Londres) - Il est vrai, Monsieur Reiseisen, qu'on s'y perd un peu avec cette famille, surtout lorsqu'il s'agit de concerts de clavier : il est bien plus courant d'entendre chez nous ceux du Bach de Halle, et plus encore ceux du Bach de Hambourg. Ajoutez-y les concerti du Bach de Londres et ceux du Bach de Bückeburg, et on y perd son latin! - Je ne suis pas d'accord avec vous cher Monsieur : les différences sont bien plus aisées à faire dans ce domaine que dans celui de la cantate : les cantates de Wilhelm Friedeman, celles de son père Johann Sébastian qu'on ne joue plus guère aujourd'hui, ou encore celles de Johann Ludwig, le cousin de celui-ci, dont je me souviens parfaitement avoir entendu des oeuvres il y a quelque 20 ou 30 années sont bien plus proches que les concerti des membres de cette famille qui sont encore en activité. Cette petite fantaisie m'a valu des moues dubitatives et quelques départs intempestifs. Cf. surtout ce que j'essaye d'expliquer à mes étudiants depuis nombre d'années. Pas d'iconoclasme là-dedans, au contraire une admiration sans bornes pour les productions d'une époque (Vivaldi certes, mais aussi Graupner, Fasch, Heinichen, Kerll etc.).. et ce, après la découverte émerveillée de la musique des "ancêtres" de la Famille Bach (Johann! Johann Christoph!!!! Johann Michaël etc.). Qui étaient donc ces hommes ? Qui a pu permettre que les oeuvres de Johann Christoph tombent dans l'oubli alors que l'esprit qui souffle dans le Jesu meine Freude de (JS) Bach s'y trouve, totalement, intégralement? Je suis organiste et, bien évidemment, admirateur inconditionnel de JS Bach. Assez bizarrement, je joue peu de ses oeuvres, ou très épisodiquement. Je préfère découvrir du neuf, parfois génial, parfois anecdotique. Ce penchant m'a porté vers la réflexion. Idem d'ailleurs pour la découverte progressive de la cantate allemande de la fin du XVIIe (très riche), des oeuvres de quelques compositeurs injustement oubliés (Capricornus, aujourd'hui Hardouin). L'idée d'une "vulgate musicologique" un rien stérilisante a fait son chemin. A vrai dire, si je suis bien d'accord avec vos conclusions, les centres de gravité de mon "analyse" (pardon pour ce mot prétentieux, qui est peut-être au centre du problème) sont un peu différents. Très rapidement : * La musicologie est née au XIXe ; ses choix, son "idéologie" marquée par les nationalismes ont arrêté, assez arbitrairement, une liste de compositeurs majeurs. Nous en payons encore le tribut. * Le XIXe est marqué par le culte du "génie" : Bach, peu connu de ses contemporains, a bénéficié d'une "mythification" post mortem qui répondait au culte que vouait le XIXe à ses propres génies. Il leur fallait bien des prédecesseurs. La musicologie étant marquée par l'Allemagne, il était évident que l'on commençerait par un compositeur allemand. Cela dit, l'hagiographie de Mozart en dit tout aussi long sur les travers de cette histopire factice. Bach passe le relais à Haydn, qui passe le témoin à Mozart, qui le transmet à Beethoven et ainsi de suite... jusqu'à * Schönberg et son idée de "nécessité historique" (dont la descendance sera la "musicologie analytique" et le classement par catégories d'utilité : "musicien utile" ou "musicien inutile") : le fameux "De Bach j'ai appris, de Mozart j'ai appris etc. (Le style et l'idée). Pour justifier la théorie des génies, les hommes doivent aussi en être, quitte à leur inventer les attributs ad hoc, à commencer par une biographie à cet effet (le Petit livre d'AM Bach ; mais aussi chez Mozart et bien d'autres). Le cas de Bach ( cantor issu d'une longue lignée de musiciens) a donné bien du fil à retordre à ses thuriféraires. Pas assez fantasque, littéraire ; on s'est rattrapé de manière injuste sur Friedemann (Brachvogel). Mozart s'y prête plus ; on en a fait plus encore. * L'aspect compassé du XIXe, qui lui fait préférer la St Mathieu de Bach à "Der Tod Jesu" de Telemann-Ramler, pourtant autrement encensé jusqu'en 1840. Il faut du complexe, du torturé, du pathétique, de l'historiquement nécessaire ... Rousseau (mauvais musicien à mon sens mais grand esprit ) est ridiculisé au même titre que Scheibe (esprit étriqué, mais excellent musicien). Pourtant ce sont tous deux des hommes de leur temps, qui ont marqué leur époque autant que Bach. Vivaldi, lui n'est pas assez pathétique. * Oui, la révérence à l'admiration béate et obligée. * Même si le culte de Bach est international, l'évolution de l'histoire : les grands centres (musicaux, politiques, culturels) ont changé; et si Liszt n'avait été qu'à Weimar? Si Capricornus avait été à Dresde? ... Si quelques grands compositeurs français avaient effectué leur carrière en deçà du Périphérique? (Bien sûr, je suis d'accord : je ne cesse de dire à mes étudiants que le combat contre la musique italienne est un phénomène local, produit par ceux qui fréquentent la cour de Versailles alors que même Paris est vendu à l'Italie ... La cour est bavarde, les bourgeois parisiens un peu moins et ceux de la province n'intéressent toujours personne. Que dire alors des musiciens "provinciaux". La maladie centralisatrice française a contaminé les musicologies étrangères). etc. Je crois surtout à "l'esprit du temps" (pourquoi -pour en rester à Bach- Keiser, Telemann, voire Mattheson étaient-ils plus réputés en Allemagne au XVIIIe? Telemann est autrement représentatif de l'évolution des goûts au XVIIIe. Ses premières passions sont pathétiques à souhait, mais à Hambourg, cela aurait été déplacé... Pas à Leipzig. On aurait tort de reprocher à l'un d'habiter ailleurs que l'autre. Je crois au "génie du temps" également. je m'amuse souvent à citer toutes les oeuvres de Bach réatribuées à d'illustres inconnus. Jamais avec l'intention de rabaisser Bach, mais avec l'idée d'élever ses contemporains (La passion selon St-Mathieu de Stöltzel est tout aussi pathétique, avec à peine d'autres moyen, mais dans un autre esprit). Ce qui est fascinant, c'est que la musique du XVIIIe (et je crois encore plus celle du XVIIe) ait pu produire une sorte d'étonnant "nivellement par le haut" : l'Allemagne était d'autant plus productive que les emplois de maître de chapelle, de cantor [au passage : la définition du mot cantor (=maître d'école) en dit long sur l'erreur fondamentale de l'image du "pauvre génie obligé de donner des leçons aux élèves de St-Thomas"] que les cours, les municipalités plus ou moins autonomes étaient nombreuses. Quelques éléments pour alimenter votre moulin : - La belle conclusion de Claude V. Palisca à son chapitre sur Bach (La musique baroque, Actes Sud) - La liste des compositeurs donné par CPE Bach à Forkel (Mon père aimait .... A la fin de sa vie, il aimait spécialement ... suit une liste étonnante de musiciens négligés) - l'expression "choral de Bach" qui ne décrit qu'un harmonisation ou un prélude de plus après des centaines d'autres, sur une mélodie et un texte composés par d'autres. Qui le sait dans le grand public? Autres questions, un peu similaires : * Monteverdi? Je suis musicologue, plutôt spécialisé dans le XVIIe allemand. L'influence italienne en Allemagne est phénoménale entre 1600 et 1700. Mais Monteverdi est à peine connu. Les modèles italiens sont (avant Corelli au Sud et Vivaldi au centre) Viadana, Agazzari, Grandi, Bertali, Valentini et surtout l'imposante figure de Carissimi. S. de Brossard l'a compris dès 1690, les musicologues, en particulier français, pas encore. * Le baroque allemand naît au Sud de l'Allemagne (Hassler, Aichinger etc.); vers 1660, les musiciens les plus joués ou chantés sont Briegel (qui a publié plusieurs cycles de cantates, Capricornus, Ahle (x2). Les Ahle sont à Mülhausen, Briegel à Schweinfurt puis Gotha, puis Darmstadt ; tout cela sent la Thuringe. Capricornus est à Presbourg (Bratislava) puis Stuttgart. Pourtant les prédecesseurs de Bach semblent tous provenir du Nord (Buxtehude -que j'adore-, Böhm, Reinken ... c'est à peine si Pachelbel est cité)?????? * Mozart et les compositeurs d'opéra : en 1790, Mozart ou Jommelli? Ou Traetta ou Sacchini, ou d'autres? Le XIXe n'aime pas l'opera seria. Même chez Mozart, c'est la Flûte enchantée contre Idoménée, pour ne rien dire de la Clémence de Titus ou de Zaïde.(Beau livre d'I. Moindrot chez Fayard) * En 1913, à Vienne, le compositeur le plus joué dans la Société d'exécutions musicales privées de Schönberg est ... Reger. * La messe, ce "genre mineur et sclérosé" en France fin XVIIe et XVIIIe, d'après Anthony ... A Versailles oui, ailleurs non. Je m'arrête. Le travail d'inventaire reste à faire. Il faut surtout débarasser l'histoire de la musique de la vulgate du XIXe, renforcée encore par celle de la "nécessité historique", elle même diffusée aux temps héroïques de l'école de Darmstadt. Votre papier très stimulant m'a permis de me laisser aller un petit peu. Les arguments alignés peuvent paraître tenir du pamphlet. Je trouve simplement dommage de se priver de comprendre une époque en n'en extrayant que ce qui justifie les choix d'une autre époque. Merci si vous m'avez lu jusqu'au bout. J'ai été RAVI de lire votre analyse. Merci beaucoup.
jlg




[Courriel reçu suite à l"article "Bach est-il un grand compositeur"]

Hallucinant! simplement déconcertant et laissant sans voix... Voilà ce que m'inspire les lignes que je viens de lire dans votre site... Condoléances Y.R.

Tous les arguments de cet article m'ont été pourtant fournis par des musicologues, je n'ai fait que les regrouper. Toutes les références peuvent être vérifiées. Pourquoi "Condoléances"?. Peut-être pour la mort de Bach, mais ce n'est pas à moi qu'il faut envoyer les condoléances. En vous lisant, j'ai parfois l'impression de revivre la fameuse scène d'"Ainsi parlait Zarathoustra" de Nietzsche lorsque le philosophe rencontre un vieil ermite dans la montagne. Celui-ci lui parle de Dieu. Et Zarathoustra, ne jugeant même pas utile de le contredire, se dit en lui-même: "Tiens, cet ermite ne connaît pas encore la nouvelle. Il ne sait pas... que Dieu est mort." Dans cette histoire, je suis Zarathoustra, vous êtes l'ermite, Bach, c'est Dieu.



"BACH & VIVALDI: OPPOSITION OU COMPLEMENTARITE? - J.S. Bach n'est pas à classer parmi les mélodistes. Vivaldi l'est, comme le sont Mozart, Schubert, Tchaikovsky... - Bach n'est pas un coloriste, contrairement à Vivaldi. Là où Vivaldi va jouer sur les timbres des instruments, Bach va se "contenter" (!) de rajouter une voix ou d'enrichir l'harmonie (cf. ses arrangements pour orgue de certains concertos vivaldiens: on passe de la photo couleur au noir et blanc multidimensionnel). - Bach donne l'impression de tout calculer, à la manière d'un ordinateur. Vivaldi devait trouver au feeling, parfois directement sur son violon, ce qui était nécessaire et suffisant. - Il y a chez Vivaldi un côté "jouissif", "gros bourdon dans un champ de fleurs" absent de la musique de Bach, incomparable par contre dans la "jubilation mystique". - Bach sait être tendre, mais c'est rare (exercice: chercher le passage dans la magnifique Chaconne de la Partita BWV 1004!). - Pourquoi certaines pièces pour orgue de Bach sont-elles aussi "emmerdatoires"? - "Nuls", certains concertos pour violon de Vivaldi? Il écrivait parfois des études pour ses élèves, et quoi de plus naturel que de les faire accompagner par leurs camarades de l'orchestre de la Pietà? De nos jours, on écrit des "Etudes concertantes"... que personne ne songerait à enregistrer! Exit l'histoire de "500 fois le même concerto"... Conclusion: on les aime tous les deux, mais on n'est pas du même côté du cerveau humain! :-)))
Ben Marcato"


L'idée que Bach enrichit l'harmonie demeure bien vivace. Comme l'ont montré clairement R de Candé et Frédéric Platzer (sur le plan technique de l'analyse musicale), la conception contrapuntique domine largement chez Bach au détriment de l'harmonie et c'est Vivaldi qui a développé l'harmonie, développement issu d'une conception monodique de la musique qui prévalut depuis le début du 18e siècle. Je pense que Bach (opinion personnelle) possédait un certain sens mélodique si l'on considère le fameux Aria (s'il est de lui), une mélodie sublime à mon avis. En revanche, son point faible est certainement l'harmonie. Nuls, certains concertos de Vivaldi, bien sûr, mais un certain nombre de ces concertos plus simples était destiné effectivement à des exercices d'école... tout comme de nombreuses oeuvres de Bach. Peut-on composer de la "musique en tant qu'art" en calculant? La conception de Bach est antérieure à l'ère de la musique expressive, même si certaines de ses oeuvres (ou prétendues de lui?) sont effectivement expressives. Il n'a pas échappé totalement à son temps.

[Commentaire de ma part sur la critique de "Ben marcato" en plus de la réponse adressée ci-dessus. Cette critique s'éloigne du sujet que j'ai traité dans mon article. Le commentaire de "Ben marcato" (puisqu'on ne peut le nommer autrement) porte essentiellement sur une comparaison de la musique de Bach et de Vivaldi et formule des jugements de valeur du genre "Bach est-il supérieur à Vivaldi sur tel ou tel plan?"... C'est justement ce que j'ai évacué dans mon article. Le sujet de mon article est une considération factuelle des conditions d'émergence (suspectes d'idéologie à mon avis) de Bach, qui d'ailleurs n'est qu'un exemple de l'importance des facteurs idéologiques intervenant dans la "désignation" des "grands compositeurs". La comparaison avec Vivaldi n'a qu'un seul but, rendre la démonstration plus perceptible dans la mesure où ce compositeur (contemporain de Bach et immensément célèbre en son temps), contrairement à Bach n'a pas été soutenu par les élites intellectuelles, mais plutôt déconsidéré par elles.]



Puisque j'ai à faire avec vous, cher Monsieur Fernandez, et bien que je n'ait pas votre science musicologique (admirable), je ne comprends pas trop bien si vous visez la musiocologie du XIXe siècle, ce en quoi la polémique devrait être morte aujourd'hui.

Cher monsieur Dejean, j'ai expliqué cela dans mon article. La musicographie du 19e siècle a élu sur des critères idéologiques, à mon avis discutables, certains compositeurs et en a disqualifié d'autres. Aujourd'hui, la musicologie est devenu plus scientifique, mais elle n'a pour autant évacué les choix sélectifs réalisés par le 19e siècle. Par exemple, les compositeurs "élus" par cette vieille musicographie, maintenant morte, pour la période baroque ont été Bach et Haendel alors que Rameau, Vivaldi (notamment) ont été considérés comme des compositeurs secondaires, voire très secondaires. Aujourd'hui, d'après une enquête chiffrée que j'ai effectuée dans les ouvrages, les auteurs considèrent toujours Bach et Haendel comme les 2 plus grands compositeurs baroques, et de loin. Qui plus est, Bach fait toujours partie des 4 compositeurs occupant le plus de place dans les ouvrages (preuve à l'appui). Certes, le baroque italien a été redécouvert, mais la hiérarchie des valeurs n'a guère été bouleversée. Effet d'inertie? Sans doute en partie, mais aussi sans doute persistance du substratum idéologique qui demeure la base de la philosophie musicale des élites pensantes. Egalement, les musicologues actuels ne peuvent pas faire table rase des valeurs anciennes car le traditionaliste joue un rôle considérable dans la société musicale. Pour ma part, j'observe objectivement l'état des choses, quelles qu'en soient les causes.

Excusez cette question, mais c'est un peu comme si moi, dentiste, je critiquais, avec mon point de vue d'aujourd'hui, la façon de soigner les dents il y a 100 ans, en mettant tout sur le dos de l'école d'aujourd'hui. Je suis redevable (et mes patients aussi) de ma science à ceux d'hier et d'aujourd'hui, même si je ne fais pas tout à fait pareil.

Oui, mais vous, dentiste aujourd'hui, vous ne soignez plus avec les mêmes procédés qu'il y a cent ans, vous avez abandonné les erreurs du passé, ou alors je ne viendrais pas me faire soigner les dents chez vous. En musique, on a conservé la hiérarchie établie au 19e siècle sur des critères obsolètes. D'autre part, on n'est pas criticable historiquement lorsqu'on commet un erreur scientifique par ignorance, on le demeure quand on a commis cette erreur sciemment par parti-pris idéologique.

Il est évident que personne, aujourd'hui ne considère Bach comme un dieu, dans ce monde ou l'athéïsme à malheureusement pris le pouvoir (mais il y a cent ans cela aurait quand même été une hérésie de penser à cela).

Un dieu, non, mais comme un compositeur très important, et souvent comme le plus grand. Je reçois des courriels le prouvant amplement et j'ai fourni des exemples dans des ouvrages relativement récents. C'est vrai qu'elle est moins affirmée chez les auteurs sérieux. En revanche, elle représente encore le credo - malheureusement - de bien des mélomanes qui se piquent d'être des "mélomanes supérieurs". Vous pouvez aussi visiter les sites internet, écrit souvent par des mélomanes, ils sont très significatifs de la persistance d'une certaine idéologie. Allez voir par exemple les inteviews de la revue Gramophone (que nous a signalé François Juteau) sur le thème de Bach.

http://www.gramophone.co.uk/profiles_detail.asp?id=383

Toutes les personnalités interviewées ont émis le même discours apologique béat.

Je ne comprends pas non plus cette dictature que vous supposez de la part des musicologues (donc de vous mêmes?).

Vous me faites beaucoup d'honneur, mais je ne suis pas musicologue et n'ai jamais prétendu l'être. Les musicographes du 19e siècle ont à mon avis utilisé l'autorité morale que leur conférait leur qualité d'Intellectuel et les leviers de commande subséquents pour médiatiser leur idéologie.

Si on revient à Szpilman, là, à l'époque qu'il décrit, il y a eu une terrible dictature, y compris en art et en musique, puisque il y a eu une musique "dégénérée" interdite. Beaucoup d'artistes on été assassinés, les autres ont dû se conformer à une musique officielle, comme d'ailleurs en Russie communiste.

Vous voyez donc bien qu'une dictature, ce n'est pas le même type d'influence. L'influence morale agit toujours beaucoup plus sournoisement. Elle joue aussi sur l'intimidation. Il est curieux que les seules personnes ayant intervenu plutôt dans le sens de mes idées ont refusé que leur signature fût indiquée.

Personnellement, quand j'aime une oeuvre ou au contraire quand je n'aime pas une oeuvre, c'est à mon goût (avec son histoire) que je m'adresse, je me moque des critiques et musicologues. La jouissance, (également sexuelle) ne peut pas s'imposer.

Je vous renvoie à la critique durkhémienne. Nul, même s'il le croit, ne peut se soustraire aux codes et aux valeurs de son époque. D'autre part, il existe un hiatus entre l'impression réellement ressentie et le jugement émis qui passe par le filtre de la conscience. Et l'impression peut sans doute elle-même être conditinnée inconsciemment par des préjugés, le plus important étant la considération dont jouit le compositeur. La jouissance sexuelle, cela peut se discuter, en tous cas sur le désir sexuel certainement. Voyez par exemple l'influence de la notoriété d'une personnalité sur les femmes, et peut-être aussi sur les hommes.

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[La lettre ci-dessous est celle d'Antoine Hennion (un des deux auteurs de l'ouvrage Bach la passion musicale au 19e siècle), reproduite avec son aimable autorisation, suite à l'article "Bach est-il un grand compositeur?"]

Monsieur
Merci de votre intérêt, de nous avoir lus et de me signaler votre papier. C'est en effet dommage que vous n'ayez pu lire notre livre avant votre article (quoique vous le citiez, un peu en sollicitant notre thèse, mais pas dans la biblio, je suppose que vous êtes juste tombé dessus votre article pratiquement terminé?), beaucoup de thèmes ou problèmes de méthode se répondent en effet. J'ai moi-même lu avec beaucoup d'amusement et d'intérêt votre texte, et donc avec plaisir. Intérêt, d'abord, parce que je partage certaines de vos intuitions, sur les effets du modernisme, le fonctionnement idéologique du goût, les reconstructions ex post des uvres en fonction de son propre projet esthétique, et plus généralement je pars aussi de votre interrogation sociologique et historique sur la "fabrique des grands hommes". Je défends aussi des points de méthode tout à fait justes, que vous avez su mettre en uvre, comme la critique de l'idée qu'il n'y a rien autour de Bach (on peut toujours faire prendre par le plus sûr des fanatiques du grand homme pour étant d'un des grands noms l'uvre d'un obscur de la même période, et c'est un exercice tonique!), ou encore l'idée tout à fait forte et caustique qu'il n'est pire sourd que celui qui ne veut entendre, et que le goût est foncièrement tautologique : c'st génial parce que c'est de Bach, c'est de Bach parce que c'est génial (si ce n'est pas du Bach, c'est que c'est moins génial, si Bach l'a copié c'est transfiguré, etc.). Amusement, ensuite, aussi, parce que la passion (même si elle est négative) vous fait souvent glisser, selon moi, d'une thèse avec laquelle je sympathise, la sortie de l'hagiographie bêlante dès qu'il s'agit de Bach ou Beethoven, au profit de l'analyse historique de la montée en puissance des grands noms de la musique classique, à une tout autre thèse, intéressante aussi, mais qui est elle très contestable, et d'abord très différente, et avec laquelle je ne suis pas d'accord du tout : celle d'un Bach réellement mauvais ou moyen compositeur, dans l'absolu (ce qui vous remet dans l'évaluation a-chronique, même si c'est dans l'autre sens que les autres), au nom de vos options esthétiques (goût pour la spontanéité, la virtuosité, la musique à effets, etc.), et pour finir la thèse extrême du complot des intellos pour imposer (quel pouvoir!) au public la grandeur d'un Bach dont rien dans l'uvre, hormis son goût maladif pour les calculs et l'écriture abstraite, ne viendrait apporter la moindre base, et dont la seule vertu serait de ne pas faire de la musique aimableS Pour vous montrer que j'ai entendu vos arguments, je précise que, toujours avec J.-M. Fauquet avec qui j'ai écrit le Bach, nous travaillons sur le modernisme, précisément sur des sujets très proches des vôtres, la transformation progressive des critères de la bonne musique, la rélégation injuste de tas de musiques au nom de certaines conceptions rigoristes, la réécriture permanente des répertoires passés dénigrés ou loués pour des raisons souvent fort éloignées de l'analyse musicale ou de leur réception à l'époque, etc. Cela ne va pas, comme vous le voyez, sans une critique radicale de ce modernisme - même s'il fonctionne aussi comme exigence de qualité et puissant facteur pour donner à la musique non seulement la profondeur, mais la faculté de durer dans le temps au delà des moments à célébrer. Mais la plus grosse divergence entre nous, qui "fauche" à mon avis votre thèse à la base alors qu'un peu amendée de cet extrémisme inutile selon moi, elle pourrait fort bien apporter beaucoup, est dans votre dénégation radicale de l'uvre de Bach. Je ne parle pas de l'uvre au sens des musicologues, des problèmes de désattributions et de copies, bien connus en effet, je parle de l'effet musical, au long des siècles et sur des personnes très différentes, du contact à des uvres, dont (quand même) beaucoup sont de Bach! C'est précisément pour associer à la grandeur de Bach ce qu'en ont fait ses amateurs ultérieurs et ce qu'elle leur a fait, que nous avons écrit notre livre : ils ont en effet repensé la musique en s'appuyant sur lui, et en le tirant dans leur sens. Mais cela veut bien dire qu'on a pu, de mille façons, se refaire son Bach. Vous ne pouvez passer sous silence l'incroyable fréquence, tant chez les musiciens connus que chez les amateurs anonymes, de cette espèce de sidération qui les saisit quand ils "tombent" sur des uvres de Bach qu'ils ne connaissaient pas ou pas bien, et qui paraît les pousser, et nous pousser toujours aujourd'hui, à comprendre autrement la musique. Je vous passe la série complète, de Mozart, Beethoven et Mendelssohn à Chopin, Schumann, Gounod, Saint-Saens, etc., pour les plus célèbres : je vous la récite uniquement pour en arriver à une autre inconséquence de votre argumentation, pour moi, liée à votre besoin de faire de Bach un compositeur médiocre. En effet, en accusant en gros le modernisme d'avoir promu artificiellement un compositeur particulièrement ennuyeux et scolaire, dans un complot pour tuer la vraie musique - voyez que je vous ai lu : je veux dire celle de la vie, de l'improvisation, du jeu virtuose, de l'expression, du génie insaisissable, et du temps qui passe, celle qui trouve l'oreille de son temps et de couches sociales variées, et non celle des calculs laborieux, Bach-Schönberg-Boulez même combat! - vous négligez complètement que ce ne sont pas du tout comme vous le dites uniquement ces frères ennemis que sont les tenants soit de la tradition scholastique soit du modernisme cérébral, en fait toujours alliés contre la vie et le génie et le goût populaire, qui ont adoré Bach et l'ont rendu populaire. Ce sont d'abord et surtout vos idoles, les virtuoses, au moins autant, sinon plus : Alkan, Baillot, Liszt, Gounod, Saint-Saëns, par exemple, en tout premier plan dans l'amour de Bach au 19e. Voilà qui colle mal avec votre thèse! Qu'ont-ils cherché, trouvé, projeté en l'aimant? C'est une vraie question, qui ne se résume pas au génie de Bach en effet, puisque cet amour a été souvent très actif, voire dévastateur, mais c'est la clé de la grandeur de Bach, toute les musiques très différentes de la sienne qui ont pu s'écrire en se pensant comme devant à Bach quelque chose comme leurs lois et leur fondement commun, leur grammaire de base (d'om les formules excessives, mais qui veulent dire quelque chose, genre "tout est dans Bach"). Problème difficile, qui nous sort de l'opposition que vous maintenez entre "c'est simplement que Bach est le meilleur" et "c'est une construction arbitraire" de notre goût par les élites manipulatricesS Mais c'est moins à une querelle d'historiens que je vous convie, qu'à une querelle d'amateurs : même si Bach n'est pas votre chouchou, il faut savoir entendre qu'un compositeur ne peut être ce que vous dites, qui a déclenché tant d'amour, d'expressions qui se ressemblent dans leur sorte de bégaiement incapable de mettre en mots l'émerveillement qu'il suscite, et ce à la lecture ou à l'écoute d'une seule partition parfois, comme les pièces d'orgue, les suites pour violon seul ou violoncelle seul, la Passion, ou telle ou telle cantate, sans compter bien sûr les uvres pour clavier, à commencer par les préludes et fugues du Clavier bien tempéré (mais aussi les suites et les partitas, ou les variations Goldberg, etc.), ou l'Art de la fugue, que vous lui reconnaissez : quelle jouissance de jouer cela, l'avez-vous fait? Un vote organisé par TÉLÉRAMA il y a 25 ans déjà, auprès d'amateurs de disque, avait donné ex aequo comme uvres les plus grandes de la musique Don Giovanni et la Passion. Quelle prouesse, de la part de ces comploteurs modernistes!Vous leur donnez bien de l'importance, et bien peu au goût populaire ou plus spontané que vous défendez, s'ils peuvent faire ainsi passer aux oreilles de tous, sur trois siècles, pour le plus grand compositeur de tous les temps un imposteur, copieur et besogneux! Notre thèse était plutôt celle d'une sorte de "coproduction" de deux définitions croisées de la bonne musique, dans l'écriture et dans nos oreilles, une co-construction circulaire, une spirale du goût et de la musique faisant toujours plus apprécier les uvres qui sont en même temps devenues les jalons, les repères de notre goût musical. Mais circulaire ne veut pas dire improductif ou arbitraire : tous les auteurs ne pouvaient tenir ce rôle. Personnellement, ma critique du modernisme (nous travaillons aussi, avec JMF, sur l'enterrement de l'opéra français du 19e, condamné comme bourgeois sans plus être seulement écouté, par exemple) et ma conception socio-historique du goût, ne m'empêchent nullement d'aimer Bach, et de le mettre à une place qu'aucun autre compositeur ne peut seulement approcher, même parmi les plus chers de mes plus chères amours musicales (et j'en ai beaucoup, et comme vous de peu orthodoxes souvent, moi aussi!) : lui seul donne ainsi, de notes en notes, l'impression qu'on est au cur du mystère, que tout est là, qu'il "contient" ce qu'on va développer de mille façons. Jusqu'à produire un frisson très particulier, mélange de griserie et de plaisir, d'être entré dans le palais, d'avoir frôlé l'interditS Illusion rétrospective, en partie, je vous l'accorde, mais c'est bien ma thèse. Non que tout est en lui, ou qu'inversement il n'est qu'un roi nu, un fétiche monté par le modernisme et les vieilles barbes réunis, mais que la musique telle qu'elle s'est développée comme art et plaisir autonomes a emprunté sa grammaire des profondeurs, pour reprendre votre expression en lui ôtant son contenu ironique, à l'étrange mélange de verticalité et d'horizontalité, difficile à analyser et qui peut être travaillé dans des directions très différentes, que Bach n'a cessé de pratiquer. Plus nous avons fait de cette façon de faire de la musique notre pain quotidien (et pas seulement les savants ou les modernistes, tous les compositeurs virtuoses, légers, lyriques, faciles ou expressifs y ont trempéS), plus nous ne comprenons pas comment Bach a pu ainsi pressentir toute la musique qui l'a suivi. Effet magique, comme vous le dites en mobilisant Durkheim, c'est bien aussi nous que nous adorons en lui : mais pas au sens d'un totem arbitraire. Au sens où nous avons fait notre goût musical sur son modèle, et qu'ainsi dotés de ce goût nous retrouvons comme par miracle en lui le fondement de notre goût (c'est l'idée un peu difficile de la "musicalisation" de Bach, dans notre livre, qui essaie de répondre à la seule thèse inverse, insuffisante, d'une musique qui découlerait naturellement toute de lui). Une dernière remarque : même les désattributions d'uvres célébres ne vont pas dans votre sens, ce sont précisément des uvres "brillantes", plus extérieures, moins "profondes", avec les guillemets que vous mettez à ce mot, qui sont suspectées (en tout cas pas celles que je préfère, sauf la Passacaille, mais tant pis pour elle ; en revanche, le Bach de la toccate en ré, ou de la Fantaisie, géniale mais pas tout à fait dans sa façon habituelle, c'est vrai, n'est pas mon préféré, ni celui de ses succès comme les suites pour orchestre ou les concertos pour violon : j'ai de la chance, on me laisse quelques cantates et mes chorals ornés pour orgue, pour le moment!), ce ne sont pas du tout, en général, celles qui sont les plus grandes pour ceux qui mettent Bach au dessus de tout. De celles-là, il reste 100 fois assez pour qu'en en prenant seulement 2 ou 3 parmi elles, on puisse montrer à quiconque pourquoi il y a là quelque chose d'extraordinaire : cela ne veut pas dire qu'on puisse "faire aimer", mais en tout cas montrer qu'on n'a pas affaire à une simple supercherie de l'histoire - une thèse qui au demeurant n'a guère de chances de déboucher! Je n'aime pas Wagner : je me servirai avec plaisir de votre texte, en transposant vos arguments, non pour les lui réappliquer, mais au contraire pour me protéger moi-même contre des raisonnements analogues, qu'on a tendance à faire dès qu'on n'aime pas ce que d'autres trouvent génial! Voilà, vous voyez à la longueur de ma réponse à la fois que je me suis intéressé a votre position, et que je ne me suis pas contenté de hausser les épaules du haut de la supériorité que la grandeur de Bach diffuserait sur ceux qui la reconnaissent, leur permettant de disqualifier les autres ; et aussi ma passion pour Bach, ou "Bach", son histoire, ce qu'il a fait à la musique et ce que la musique lui a fait. Avez-vous eu connaissance du travail de W. Corten, par exemple, sur la sacralisation de Bach au 19e? C'est en se confrontant à d'autres expressions d'idées qu'on croyait avoir seul, mais que d'autres disent, tout en disant autre chose, qu'on précise son propre travail. En vous remerciant de m'avoir permis de préciser encore un peu plus, pour moi-même et pour vous, ce que je pense de la musique de Bach, dans le prolongement et au-delà de notre livre avec Fauquet, qui n'a pas tout traité, loin de là,
bien à vous.
Antoine Hennion


Bonjour, Je vous remercie particulièrement de l'intérêt que vous avez porté à mon article. J'aimerais souligner certains points qui me paraissent vous avoir interpellé. Le caractère scandaleux qu'ont pu trouver certains lecteurs de mon article résulte sans doute de l'effet de sommation engendré par le regroupement d'arguments, tous tirés pourtant d'auteurs qualifiés (dont vous-même), mais que l'on n'avait pas, à ma connaissance, organisés en une synthèse. Au fond, j'apporte assez peu d'idées personnelles dans mon article, mais on ne s'était guère avisé, à ma connaissance, du rapprochement de données objectives fournies parcellairement par divers auteurs qui, par ailleurs, bien souvent, sacrifiaient eux-mêmes au "culte de Bach".

Merci de votre intérêt, de nous avoir lus et de me signaler votre papier. C'est en effet dommage que vous n'ayez pu lire notre livre avant votre article (quoique vous le citiez, un peu en sollicitant notre thèse, mais pas dans la biblio, je suppose que vous êtes juste tombé dessus votre article pratiquement terminé?), beaucoup de thèmes ou problèmes de méthode se répondent en effet.

J'ai introduit postérieurement 2 citations de votre ouvrage, eu égard à son intérêt, mais j'ai omis de le rajouter dans la bibliographie. Je vous prie de m'en excuser. Je vais rectifier cet oubli, le document étant sur internet, une modification est facile.

Amusement, ensuite, aussi, parce que la passion (même si elle est négative) vous fait souvent glisser, selon moi, d'une thèse avec laquelle je sympathise, la sortie de l'hagiographie bêlante dès qu'il s'agit de Bach ou Beethoven, au profit de l'analyse historique de la montée en puissance des grands noms de la musique classique, à une tout autre thèse, intéressante aussi, mais qui est elle très contestable, et d'abord très différente, et avec laquelle je ne suis pas d'accord du tout : celle d'un Bach réellement mauvais ou moyen compositeur, dans l'absolu (ce qui vous remet dans l'évaluation a-chronique, même si c'est dans l'autre sens que les autres), au nom de vos options esthétiques (goût pour la spontanéité, la virtuosité, la musique à effets, etc.),


Dans mon article, je ne formule directement aucun jugement sur les oeuvres, qu'il s'agisse de celles de Bach ou de Vivaldi. Je me limite à considérer que l'ensemble des données tant historiques que musicologiques, incitent à la plus extrême réserve quand à l'intérêt réel de nombreuses oeuvres de Bach pour le public mélomane. Mon opinion personnelle -je peux vous la révéler ici hors de l'article - correspond à une des hypothèses que j'ai développées (en tant qu'hypothèse) c'est-à-dire celle d'un Bach qui a créé effectivement des oeuvres géniales, mais uniquement pendant sa période de jeunesse et qui a dérivé vers une attitude proche du piétisme, s'interdisant les créations musicales d'envergure dont son esprit était sans doute capable. Il ne serait pas le seul compositeur ni artiste dans ce cas. Dans mon site de critique musicale, j'ai attribué 3 étoiles (oeuvre excellente) à plusieurs oeuvres de Bach. Je ne soutiens pas la thèse d'un Bach "moyen", expression qui me paraît peu signifiante et que je n'ai jamais employée. Je m'étonne de retrouver ce terme de "moyen" chez plusieurs de mes détracteurs, l'ont-ils puisé dans une source commune, quelqu'un qui aurait donné le ton. Y aurait-il un complot contre moi :-)

et pour finir la thèse extrême du complot des intellos pour imposer (quel pouvoir!) au public la grandeur d'un Bach dont rien dans l'uvre, hormis son goût maladif pour les calculs et l'écriture abstraite, ne viendrait apporter la moindre base, et dont la seule vertu serait de ne pas faire de la musique aimable

L'expression d'une tendance idéologique, selon ma thèse, ne peut à mon avis être assimilée à un complot. Je n'ai là aussi jamais employé ce terme. Le complot correspond à une définition précise à mon avis sans rapport avec le développement d'influences d'ordre idéologique manifestées par la société musicale au long d'une vaste période historique. Pour ce qui est de l'importance de l'idéologie dans l'histoire, je pense qu'elle est amplement démontrée. Pourquoi la société musicale y échapperait-elle dans la mesure où la musique est ressentie comme un enjeu idéologique majeur?

Pour vous montrer que j'ai entendu vos arguments, je précise que, toujours avec J.-M. Fauquet avec qui j'ai écrit le Bach, nous travaillons sur le modernisme, précisément sur des sujets très proches des vôtres, la transformation progressive des critères de la bonne musique, la rélégation injuste de tas de musiques au nom de certaines conceptions rigoristes, la réécriture permanente des répertoires passés dénigrés ou loués pour des raisons souvent fort éloignées de l'analyse musicale ou de leur réception à l'époque, etc. Cela ne va pas, comme vous le voyez, sans une critique radicale de ce modernisme - même s'il fonctionne aussi comme exigence de qualité et puissant facteur pour donner à la musique non seulement la profondeur, mais la faculté de durer dans le temps au delà des moments à célébrer.


Là-dessus, je crois que votre collègue Raymonde Moulin a écrit des pages significatives et très sévères vis-à-vis du "système" artificiel qui soutient le modernisme en matière artistique.

Mais la plus grosse divergence entre nous, qui "fauche" à mon avis votre thèse à la base alors qu'un peu amendée de cet extrémisme inutile selon moi,

Je m'appuie sur des citations d'auteurs qualifiés, la thèse en découle. Si j'apparais extrémiste, c'est peut-être qu'il y a un hiatus important entre les faits cités et l'image que l'on a du compositeur. Je ne m'en considère pas comme responsable. D'autre part, la thèse apparaît extrémiste aujourd'hui, au 20e siècle. En revanche, il n'aurait pas paru extrémiste d'exprimer une forte réserve sur la valeur des oeuvres de Bach au 18e siècle, de son vivant, mais il aurait paru à cette époque insensé de placer Bach au niveau où nous le plaçons, nous, au 20e. Donc "l'extrémisme" est relatif à une époque. Pourquoi considérer que les jugement de valeur de notre époque sont absolus. Donc, aussi bien vous que moi (qui considérez Bach comme un compositeur supérieur) pouvons être considérés comme extrémiste.

elle pourrait fort bien apporter beaucoup, est dans votre dénégation radicale de l'uvre de Bach.

Pour moi, Bach est un compositeur qui a composé des oeuvres de génie écrites notamment pendant la période de Weimar (si ces oeuvres sont authentiques). Je considère les Suites pour orchestre comme de grands oeuvres (opinion strictement personnelle). Il est vrai aussi qu'un musicologue (dont j'ai oublié le nom) signale une autre oeuvre d'une auteur allemand parue antérieureemnt et extrêmement proche de ces suites. Je n'ai pas eu le loisir d'écouter cette oeuvre. Il convient donc de rester prudent, comme toujours avec Bach. D'autre part, avant que je ne susse que la Grande Toccata BWV 565 ne fût très probablement inauthentique, je l'avais appréciée dans mon site 4 étoiles (soit oeuvre excellente et exceptionnelle), ce qui, je crois, me disculpe de toute tendance anti-Bach gratuite. Depuis, j'ai signalé dans mon site la très probable inauthenticité de l'oeuvre, mais n'ai rien changé au commentaire. Il est vrai cependant que ma théorie aboutit à une très forte suspicion de l'intérêt des oeuvres de Bach pour la majorité du public. Il est vrai aussi que je suis peut-être le seul à avoir brisé le tabou. Peut-être est-ce l'effet de cette liberté qu'apporte internet. Sans ce média, non assujéti par l'intelligentsia musicale (comme l'écrit par l'intermédiaire des éditeurs-diffuseurs), mon article serait probablement resté dans un tiroir.

Je ne parle pas de l'uvre au sens des musicologues, des problèmes de désattributions et de copies, bien connus en effet, je parle de l'effet musical, au long des siècles et sur des personnes très différentes, du contact à des uvres, dont (quand même) beaucoup sont de Bach!

Oui, mais les oeuvres qui ont permis à Bach de s'imposer au public sont souvent celles qui ont été recopiées, frelatées. L'exemple emblématique de la BWV 565 est significatif. La seconde oeuvre pour orgue la plus connue après celle-ci, la Passacaille est bâtie sur un thème d'André Raison. Cela fait déjà beaucoup pour un compositeur considéré comme le chantre universel de l'orgue. Si les oeuvres désattribuées n'avaient été que d'obscures oeuvres, il n'y aurait eu aucune incidence. Ce qui est authentiquement de Bach, ce sont des masses d'oeuvres contrapuntiques dont on peut douter qu'elles enthousiasment réellement le public, même si les spécialistes les portent aux nues. D'autre part, sait-on exactement jusqu'où peuvent aller les désattributions dans le domaine de la musique instrumentale. C'est la quesiton posée par Carl de Nys, un musicologue patenté. Personnellement, je ne suis pas qualifié pour répondre. Un musicologue (patenté lui aussi: ***) me signale que les chorals posent aussi des problèmes d'authenticité considérables. La prudence de Carl de Nys apparaissait donc bien justifiée. D'autre part, cette masse importante d'oeuvres inauthentiques, et surtout d'emprunts, imposent l'image de Bach plutôt compilateur que créateur, et donc assez peu susceptible d'être un véritable artiste, ce qui est corroboré par d'autres éléments biographiques. Depuis la découverte des concertos originaux de l'opus III de Vivaldi, nous assistons à la lente décomposition de l'assise sur laquelle reposait le culte de Bach. Je crois qu'il faut se rendre à l'évidence. On s'aperçoit aujourd'hui qu'on a choisi comme Père de la Musique un compilateur dont l'envergure appraît très discutable, bien loin du puissant novateur auquel on a voulu l'assimiler. A ce qu'il me semble, Bach ne subsiste plus aujourd'hui que par le tabou et la nécessité pour la société musicale de ne pas reconnaître ses errements. Il y a des extrémités où il faut être capable de voir la vérité en face.

C'est précisément pour associer à la grandeur de Bach ce qu'en ont fait ses amateurs ultérieurs et ce qu'elle leur a fait, que nous avons écrit notre livre : ils ont en effet repensé la musique en s'appuyant sur lui, et en le tirant dans leur sens.

Croyez bien que j'ai sondé votre ouvrage dans ce sens et ne me suis pas arrêté au premier titre. Le sous-titre (la passion musicale en France, je crois) passe inaperçu, il est pour moi fondamental. Je vais dans ce sens, mais selon une tout autre logique, en émettant l'hypothèse qu'il y a eu à cette époque le développement d'une conception intellectuelle de la musique avec déconsidération des qualités de lyrisme, en fait un détournement de l'art.

Vous ne pouvez passer sous silence l'incroyable fréquence, tant chez les musiciens connus que chez les amateurs anonymes, de cette espèce de sidération qui les saisit quand ils "tombent" sur des uvres de Bach qu'ils ne connaissaient pas ou pas bien, et qui paraît les pousser, et nous pousser toujours aujourd'hui, à comprendre autrement la musique.

C'est bien le caractère incroyable de cette fréquence qui, à mes yeux, la rend suspecte d'idéologie. C'est trop pour être crédible. Non seulement je ne le passe pas sous silence (j'en réfère dans mon article), mais j'en tire argument. Cette "sidération" me paraît justement plus proche de la grâce religieuse touchant le néophyte, voire de la passion qui anime le fanatique. Une grâce, une passion, qui pour moi ne sont pas d'ordre musical, une sorte de vengeance instinctive opposée par les insensibles à l'égard des sensibles, utilisant l'effet de mimétisme.

Je vous passe la série complète, de Mozart, Beethoven et Mendelssohn à Chopin, Schumann, Gounod, Saint-Saens, etc., pour les plus célèbres :

Il n'est pas exclu que des compositeurs soient, comme les autres, les prosélytes d'une religion. Pendant le Moyen Age, qui ne se soumettait pas à l'idéologie chrétienne? Est-ce pour cela une preuve que la religion chrétienne est vraie? D'autre part, le combat entre l'Intellect, la négation de l'art et la recherche de l'élévation artistique, entre le positif et le négatif, existe à mon avis à l'état de conflit dynamique chez tout individu, y compris chez le créateur. On a peut-être aussi beaucoup exploité sélectivement ces références d'un grand à l'égard d'un autre grand, en une sorte de cercle vicieux en excluant ceux qui justement ne s'y soumettait pas. C'est peut-être un peu trop facile de considérer l'histoire de la musique au travers des déclarations de X ou Y. On ne sort pas des "faits de discours" à l'intérieur du sérail. Ce ne doit pas être à mon avis l'attitude d'un historiographe scientifique. La recherche des influences véritables, à mon avis, ne consiste pas à recueillir les déclarations de X ou Y, mais à comparer des partitions. Là-dessus, les auteurs sont tous unanimes pour voir au 18e l'influence considérable de Vivaldi, y compris chez Haydn, à l'origine de la symphonie. Pourtant, aucun de ces innombrables auteurs n'a écrit de dithyrambe sur Vivaldi. Les oeuvres écrites sous le nom de Bach au 19e et 20e? : une liste très sporadique d'oeuvres presque toujours contrapuntiques en rupture avec la véritable évolution de la musique. Le même Haydn, pour revenir à lui, d'après des auteurs qualifiés, s'est beaucoup inspiré de Stamitz et Sammartini, ce dont il s'est bien gardé de témoigner. S'appuyer sur les témoignages au sujet de l'importance des influences, c'est plutôt, à ce qu'il me semble, l'historiographie anecdotique, idéologique.

je vous la récite uniquement pour en arriver à une autre inconséquence de votre argumentation, pour moi, liée à votre besoin de faire de Bach un compositeur médiocre.

Je récuse le terme de médiocre. Je ne l'ai jamais employé dans mon article, ni même dans mon site de critique musicale.

En effet, en accusant en gros le modernisme d'avoir promu artificiellement un compositeur particulièrement ennuyeux et scolaire, dans un complot pour tuer la vraie musique -

L'aspect scholastique d'une grande partie de la production de Bach et de son approche de la musique est un fait musicologique constaté par des spécialistes dont je ne discute pas la compétence et les conclusions. Le caractère ennuyeux, cela, c'est un jugement de valeur, je ne l'emploie que dans mon site de critique musicale. Un complot correspond à une définition précise, sans rapport avec l'existence d'une imprégnation idéologique que je décris dans mon article (selon ma thèse), laquelle s'établit lentement et peut se prolonger pendant des décennies.

Ce sont d'abord et surtout vos idoles,

Dans mon article, je montre - preuve à l'appui- la déconsidération dont furent victimes les virtuoses-compositeurs. Dans mon site de critique musicale, je témoigne de mon intérêt pour de nombreuses oeuvres écrites par des virtuoses-compositeurs. Cela reste de la critique musicale, présentée comme telle. N'est-ce pas un peu exagéré de prétendre que je fais de l'idôlatrie?

les virtuoses, au moins autant, sinon plus : Alkan, Baillot, Liszt, Gounod, Saint-Saëns, par exemple, en tout premier plan dans l'amour de Bach au 19e. Voilà qui colle mal avec votre thèse!

Plus, autant? Bien difficile à dire. De quelques activistes (Baillot, Alkan, pour Saint-Saëns et Liszt le terme d'activiste pro-Bach est peut-être un peu fort), peut-on déduire ce que pensaient des centaines de virtuoses-compositeurs, sans doute assez peu intéressés par le problème. D'autre part, on ne juge pas, me semble-t-il, les oeuvres d'un compositeur (Bach en l'occurence) d'après les "faits de discours" provenant de lui ou d'autres compositeurs, mais d'après l'effet produit sur le public (au travers de diverses statistiques si possible). Par exemple, certains ont jugé que Saint-Saëns était un maniaque de la forme parce qu'il a fait souvent des déclarations fracassantes dans ce sens. Pour ma part, j'oublie tout ce qu'a dit Saint-Saëns et d'autres, je préfère considérer les les oeuvres de Saint-Saëns elles-mêmes sur le plan de la forme. Et là, c'est peut-être une tout autre réalité qui apparaît. D'autre part, le juge des oeuvres, sur le plan de la valeur esthétique, s'il en est, ce doit être, me semble-t-il, le public, pas les autres compositeurs ni même les musicologues. Le jugement par les pairs, la cooptation, en excluant le public, c'est la pratique des atonalistes. On ne va pas l'étendre aux compositeurs du 19e siècle. Pour évoquer plus précisément Saint-Saëns, c'est justement un compositeur qui avait "des comptes à régler avec son époque" (selon votre expression) en raison de ses échecs répétés comme compositeur opératique alors qu'il a déployé une énergie considérable pour percer dans ce domaine. Lui, qui triomphe dans le domaine de la musique instrumentale, a conscience d'être dévalorisé car c'est l'opéra, au 19e siècle, qui monopolise toute l'attention. Pour lui, défendre Bach, qui n'a jamais composé d'opéra, c'est aussi un plaidoyer pro domo.

Qu'ont-ils cherché, trouvé, projeté en l'aimant? C'est une vraie question, qui ne se résume pas au génie de Bach en effet, puisque cet amour a été souvent très actif, voire dévastateur, mais c'est la clé de la grandeur de Bach, toute les musiques très différentes de la sienne qui ont pu s'écrire en se pensant comme devant à Bach quelque chose comme leurs lois et leur fondement commun, leur grammaire de base (d'om les formules excessives, mais qui veulent dire quelque chose, genre "tout est dans Bach"). Problème difficile, qui nous sort de l'opposition que vous maintenez entre "c'est simplement que Bach est le meilleur" et "c'est une construction arbitraire" de notre goût par les élites manipulatrices

Problème difficile, comme vous le dites. Croyez que je suis sensible à la profondeur de votre questionnement. Nous sommes au coeur de la psychologie collective. Les compositeurs se sont à mon avis comportés comme les prosélytes d'une religion ou comme de simples suiveurs signifiant par leur adhésion au culte Bach leur allégeance à la supériorité de l'intellect ou au système de la société musicale, dominé par quelques meneurs. Un phénomène bien classique. C'est peut-être aussi l'allégeance de la partie sensible de chaque individu, la partie "féminine", à la partie "masculine", intellectuelle. Les Intellectuels provoquent toujours à l'égard des "sensibles" une intimidation. Ces derniers n'ont pas les moyens dialectiques de les combattre, ils ne peuvent que se soumettre. c'est un phénomène psychologique que j'ai souvent constaté. L'avantage, avec Bach, comme le dit Savinio, c'est qu'il n'est pas trop dérangeant. Peut-être l'absence de valeur de la plupart de ses oeuvres permet de le considérer comme un père sans que l'on en soit jaloux. C'est aussi une manière de construire une identité. Il fallait un point de fixation, un totem, un dieu, Bach a été celui-ci. Je vous renvoie à la thèse de Durkheim que vous connaissez sans doute mieux que moi. La société musicale, les compositeurs ont aussi recherché un Dieu, un père, ce qui est toujours rassurant. Je vous renvoie aussi aux études sur la religion et sur la fonction de père de la Divinité. Au fond, est-ce si mystérieux? En tous cas, je pense que la réponse se trouve du côté de la psychologie collective ou de la psychanalyse, pas du côté de la musicologie. A l'évidence, nous sortons du domaine musical.

c'est moins à une querelle d'historiens que je vous convie, qu'à une querelle d'amateurs même si Bach n'est pas votre chouchou,

Bach m'est assez indifférent. Il a surtout été utilisé. Sans doute serait-il le premier surpris de constater la position où notre époque l'a placé. En revanche, j'avoue pardonner difficilement à ceux qui l'ont exploité et j'éprouve à leur égard un certain ressentiment, surtout pour avoir disqualifié les oeuvres qui me paraissent les plus authentiquement élevées. Car, si l'apologie de Bach constitue la partie émergée de l'iceberg, il ne faut pas oublier la partie immergée qui est la dévalorisation de toute conception opposée à celle incarnée par ce compositeur.

Un vote organisé par TÉLÉRAMA il y a 25 ans déjà, auprès d'amateurs de disque, avait donné ex aequo comme uvres les plus grandes de la musique Don Giovanni et la Passion. Quelle prouesse, de la part de ces comploteurs modernistes!

En premier lieu, on peut remarquer qu'aucune de ses oeuvres n'est de la musique pure, donc un élément extra-musical a pu intervenir dans ce choix. D'autre part, s'il n'y avait pas eu l'historiographie du 19e siècle pour faire apparaître Mozart comme un compositeur dominant de la seconde moitié du 18e siècle, personne sans doute ne connaitrait son nom. Je rappelle que Mozart, à son époque, n'a jamais eu de stature européenne, bien qu'on l'eût promené comme un chien savant dans toutes les cours (je vous renvoie aux travaux de Dominique Pattier). Même chose pour Bach. D'autre part, le jugement déclaré (de la part des personnes interwievées) est susceptible de faire apparaître un élément idéologique et ne reflète pas obligatoirement la réalité. Les statisticiens dans le domaine commercial savent que les renseignements les plus précieux sur les goûts du public leur sont souvent fournis indirectement par des recoupements. Et puis, vous savez, si un autre organisme fait un autre questionnaire, il trouvera un autre résultat. Alors, que penser? Pour être rigoureux, il faudrait savoir la musique réellement écoutée par le public. Ce qui compte, c'est l'acte (par exemple celui d'acheter) qui engage, pas le discours. Cela me rappelle la fameuse "dame bien" qu'évoque dans son ouvrage Landowski. Elle déclarait aimer Schoenberg, mais en cachette n'écoutait que du Brahms et du Vivaldi. Il faudrait des éléments d'enquête sérieux sur les ventes d'enregistrements et les corréler avec l'importance accordée aux compositeurs dans les médias, et étudier le biais. Ceci permettrait de savoir quelle est la part d'influence des médias et la part de l'intérêt réel pour les oeuvres. J'ai commencé à étudier ceci, mais je n'ai pas les moyens de me procurer les données.

Vous leur donnez bien de l'importance, et bien peu au goût populaire ou plus spontané que vous défendez, s'ils peuvent faire ainsi passer aux oreilles de tous, sur trois siècles, pour le plus grand compositeur de tous les temps un imposteur, copieur et besogneux!

La suprématie de Bach est peut-être beaucoup plus un "fait de discours" qu'une réalité auprès du public, quoique sa présence importante ne fasse aucun doute. Je ne puis me prononcer, je ne dispose pas de statistiques. Au 18e siècle, en France, corrélativement, presque personne n'était partisan de la musique italienne (sauf Rousseau totalement isolé en France), mais tout le monde écoutait préférentiellement la musique italienne. C'est ce que Belinda Canonne nomme le "fait de discours", bien éloigné de la réalité. La domination de Bach, je l'ai montré au niveau des ouvrages, dans la réalité, je n'en sais rien. Elle est sans doute importante, mais il faudrait étudier par recoupement les causes réelles de cette importance. Il faudrait pouvoir défalquer l'impact de la médiatisation différentielle pour chaque compositeur. Songez par exemple que "Les 4 saisons" de Vivaldi n'ont jamsi sans doute bénéficié lors de leur recréation en France de tout le gratin officiel qu'il y avait à la recréation de la Saint-matthieu. Cette oeuvre de Vivalvi est tout de même l'oeuvre la plus transcrite au monde et peut-être l'oeuvre la plus vendue, en particulier en France, et cela alors que l'intelligentsia qui donne le ton affichait un certain dédain envers cette oeuvre (les fameux mélomanes supérieurs). Par conséquent je trouve que le public témoigne de capacités de résistance aux médias singulièrement puissantes eu égard au bombardement médiatique de 2 siècles qu'il y eut sur le nom de Bach. Songez un instant que la médiatisation pour la saint Matthieu et pour les 4 saisons fût inversée depuis le début du 18e siècle, c'est-àdire que la Saint-Matthieu eut bénéficié de la médiatisation des 4 saisons et les 4 saisons de la médiatisation de la Saint matthieu, et aussi parallèlement qu'on inversât la médiatisation sur les noms de Bach et de Vivaldi, croyez-vous que la Saint-Matthieu y aurait résisté et que l'on connaitrait même son nom aujourd'hui? On ne peut certes pas refaire l'histoire, mais il y a, je crois, de quoi s'interroger. Naturellement, il y a aujourd'hui une médiatisation sur les 4 saisons, mais après coup, (après que l'ouevre se fût imposée), de la part des majors du disque qui pensent faire du rapport avec cette oeuvre. C'est pour la même raison qu'ils n'insistent plus avec Boulez.

Notre thèse était plutôt celle d'une sorte de "coproduction" de deux définitions croisées de la bonne musique, dans l'écriture et dans nos oreilles, une co-construction circulaire, une spirale du goût et de la musique faisant toujours plus apprécier les uvres qui sont en même temps devenues les jalons, les repères de notre goût musical. Mais circulaire ne veut pas dire improductif ou arbitraire : tous les auteurs ne pouvaient tenir ce rôle.

Je désapprouve cette conception de la musique, mais ce n'est qu'une opinion personnelle. Elle me paraît accorder une trop grande importance à ce qui est extra-musical ou pseudo-musical, un aspect intellectuel extérieur à l'impression artistique primordiale et qui prétend vouloir s'imposer à elle par une acculturation tendancieuse s'opposant au sens inné de la musique. Pour moi, c'est une sclérose rampante, une manipulation et un détournement de l'Art insupportable. Les initiateurs sont pour moi des contempteurs de la Beauté, ils souillent l'Art, le confisquent à leur dévotion. C'est à mon avis un dévoiement indigne qui nie la noblesse de l'art. Le public n'a pas besoin de ces directeurs de conscience musicale édictant une conception de l'art à la convenance de la petitesse de leur esprit. Pardonnez-moi cette diatribe, mais c'est ce que je ressens, intuitivement (et qui d'ailleurs n'a aucune importance). Au 20e siècle, avec le triomphe prétendu de l'atonalisme (comme "fait de discour" naturellement) ils édifieront une fausse histoire de la musique pour la seconde moitié du 20e siècle qui exclue les compositeurs dont les oeuvres ont réellement triomphé et hisseront au sommet des compositeurs fantoches que personne n'écoute, le tout maintenu, comme le dit votre collègue Moulin par "les béquilles administratives et publicitaires de l'Etat". Comme le dit Landowski "La pulsion vitale étant tarie, c'est la gloire des tricheurs de tout bord".

Personnellement, ma critique du modernisme (nous travaillons aussi, avec JMF, sur l'enterrement de l'opéra français du 19e, condamné comme bourgeois sans plus être seulement écouté, par exemple) et ma conception socio-historique du goût, ne m'empêchent nullement d'aimer Bach, et de le mettre à une place qu'aucun autre compositeur ne peut seulement approcher, même parmi les plus chers de mes plus chères amours musicales (et j'en ai beaucoup, et comme vous de peu orthodoxes souvent, moi aussi!) : lui seul donne ainsi, de notes en notes, l'impression qu'on est au cur du mystère, que tout est là, qu'il "contient" ce qu'on va développer de mille façons. Jusqu'à produire un frisson très particulier, mélange de griserie et de plaisir, d'être entré dans le palais, d'avoir frôlé l'interdit, Illusion rétrospective, en partie, je vous l'accorde, mais c'est bien ma thèse. Non que tout est en lui, ou qu'inversement il n'est qu'un roi nu, un fétiche monté par le modernisme et les vieilles barbes réunis, mais que la musique telle qu'elle s'est développée comme art et plaisir autonomes a emprunté sa grammaire des profondeurs, pour reprendre votre expression en lui ôtant son contenu ironique, à l'étrange mélange de verticalité et d'horizontalité, difficile à analyser et qui peut être travaillé dans des directions très différentes, que Bach n'a cessé de pratiquer. Plus nous avons fait de cette façon de faire de la musique notre pain quotidien (et pas seulement les savants ou les modernistes, tous les compositeurs virtuoses, légers, lyriques, faciles ou expressifs y ont trempéS), plus nous ne comprenons pas comment Bach a pu ainsi pressentir toute la musique qui l'a suivi. Effet magique, comme vous le dites en mobilisant Durkheim, c'est bien aussi nous que nous adorons en lui : mais pas au sens d'un totem arbitraire. Au sens où nous avons fait notre goût musical sur son modèle, et qu'ainsi dotés de ce goût nous retrouvons comme par miracle en lui le fondement de notre goût (c'est l'idée un peu difficile de la "musicalisation" de Bach, dans notre livre, qui essaie de répondre à la seule thèse inverse, insuffisante, d'une musique qui découlerait naturellement toute de lui).

Votre discours m'étonne tout de même après la lecture de votre ouvrage. Vous m'épargnerez de vous citer, mais, honnêtement, vous avez réuni de nombreux faits qui montrent comment Bach a été promu très artificiellement. Quant au "complot", on est beaucoup plus persuadé qu'il a existé en lisant votre ouvrage plutôt qu'en lisant mon article. Dois-je vous rappeler notamment (et ce n'est qu'un fait parmi une multitude d'autres tirés de votre ouvrage) le cas de l'Air de la Pentecôte et combien on a déployé d'énergie pour créer absolument des "tubes" avec Bach. Et aussi l'affaire de la succession au Conservatoire de Bruxelles avec Fétis. Pardonnez-moi, mais j'ai quelquefois l'impression que vous faites le pompier après avoir allumé l'incendie.

Une dernière remarque : même les désattributions d'uvres célébres ne vont pas dans votre sens, ce sont précisément des uvres "brillantes", plus extérieures, moins "profondes", avec les guillemets que vous mettez à ce mot, qui sont suspectées (en tout cas pas celles que je préfère, sauf la Passacaille, mais tant pis pour elle ; en revanche, le Bach de la toccate en ré, ou de la Fantaisie, géniale mais pas tout à fait dans sa façon habituelle, c'est vrai, n'est pas mon préféré, ni celui de ses succès comme les suites pour orchestre ou les concertos pour violon : j'ai de la chance, on me laisse quelques cantates et mes chorals ornés pour orgue, pour le moment!), ce ne sont pas du tout, en général, celles qui sont les plus grandes pour ceux qui mettent Bach au dessus de tout. De celles-là, il reste 100 fois assez pour qu'en en prenant seulement 2 ou 3 parmi elles, on puisse montrer à quiconque pourquoi il y a là quelque chose d'extraordinaire : cela ne veut pas dire qu'on puisse "faire aimer", mais en tout cas montrer qu'on n'a pas affaire à une simple supercherie de l'histoire - une thèse qui au demeurant n'a guère de chances de déboucher!

Justement, il me semble que ces désattributions vont bien dans mon sens. Ce sont souvent les oeuvres qui ont été capables de populariser le plus Bach qui sont suspectes alors que les compositions abstraites comme l'Art de la Fugue, authentiques celles-ci, à elles seules, n'auraient, on peut le présumer, guère eu la capacité d'attirer le public. Soyons sérieux, imaginez-vous l'Art de la Fugue passionnant les foules mélomanes. Ainsi, ce seraient les oeuvres désattribuées qui auraient permis de rendre Bach relativement populaire et de faire apparaître ses oeuvres contrapuntiques souvent hermétiques comme des chefs d'oeuvre. Soyons sérieux aussi, il est bien difficile de prétendre que la désattribution de l'oeuvre la plus connue de Bach, la BWV 565 ne porte pas un coup sévère à sa crédibilité qui n'est d'ailleurs que le coup final après un siècle de désattributions depuis les concertos transcrits d'après l'opus III de Vivaldi. Il ne faut pas oublier les emprunts considérables qui semblent témoigner d'un véritable système d'écriture chez Bach, révélant qu'il n'avait pas sans doute pas la notion moderne d'originalité comme les compositeurs les plus avancés de son époque.

Je n'aime pas Wagner : je me servirai avec plaisir de votre texte, en transposant vos arguments, non pour les lui réappliquer, mais au contraire pour me protéger moi-même contre des raisonnements analogues, qu'on a tendance à faire dès qu'on n'aime pas ce que d'autres trouvent génial!

Pour moi, Bach n'est qu'un cas particulier, particulièrement illustratif. Tout compositeur célèbre me paraît, dans une certaine mesure, le résultat d'une mythification. La remise en cause que je fais des valeurs musicales est totale et ne se limite pas à Bach. C'est toute la hiérarchie des valeurs musicales que je remets en cause. Cependant, concernant Wagner, qu'on l'aime ou pas, on ne peut nier qu'il a réalisé une révolution du théâtre lyrique (qu'on peut approuver ou non) alors que Bach n'a jamais rien promu. D'autre part, son oeuvre la plus connue (sur le plan instrumental) l'ouverture de Tannahauser, n'est empruntée à personne. La Chevauchée des Walkirie non plus. Si cela était, on le saurait. Je suis le premier à remarquer que Wagner a puisé chez les Nordiques (que l'on a d'ailleurs beaucoup méprisés), notamment Berwald et Gades, mais ce n'est tout de même pas du recopiage et de l'emprunt. Cela, ce sont des faits musicaux. Parmi toutes les notoriété musicales, Bach, qui est placée le plus haut, me paraît justement le moins crédible, et ce n'est sans doute pas un hasard. D'autre part, pour moi, formuler un jugement global sur un compositeur, fût-il Bach, Wagner ou un autre ne me paraît pas fondamental, même en tant que mélomane ou critique. Croyez-vous que cette considération puisse revêtir un quelconque intérêt? Dans mon site de critique musicale, je ne juge que des oeuvres. Cela me suffit.

Voilà, vous voyez à la longueur de ma réponse à la fois que je me suis intéressé a votre position, et que je ne me suis pas contenté de hausser les épaules du haut de la supériorité que la grandeur de Bach diffuserait sur ceux qui la reconnaissent, leur permettant de disqualifier les autres ; et aussi ma passion pour Bach, ou "Bach", son histoire, ce qu'il a fait à la musique et ce que la musique lui a fait.

Croyez bien que j'ai été sensible à votre commentaire, et que cette connaissance plus approfondie que j'ai avec vous me confirme la haute idée que j'avais de vos ouvrages. Je n'oublie pas que vous avez écrit d'autres ouvrages, sans doute plus essentiels que celui sur Bach. Votre théorie de la médiation m'a beaucoup intéressé, et je vous dois aussi beaucoup sur le plan argumentaire, même si je l'ai appliquée à des hypothèses que vous n'approuvez pas toujours.

Sont-ce juste des recherches personnelles? Elles sont aussi valides que d'autres, et souvent plus originales et passionnées, la question n'est pas là, mais le danger est qu'elles manquent des garde-fou et des épreuves de réalité que la discussion avec des collègues apporte.

Soyons honnête, il n'y a, dans mon article, que de la documentation assez banale, et encore insuffisante et un peu ancienne. La seule qualité dont j'aimerais me prévaloir - si je pouvais me permettre - c'est d'avoir été consciencieux et d'avoir évité la confusion entre les jugements de valeur et l'analyse.

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Bonjour!
Comme à  chaque fois, j'ai bien reÇu votre "Lettre mélomane" et l'ai parcourue avec attention. Si je n'y réponds pas systématiquement, mon humeur du moment m'y porte, ne serait-ce que pour vous remercier de votre travail discographique. Pour ce qui est de la "Lettre à  Élise", vous ne devez pas vous montrer trop rude avec ceux qui ne lui prêtent pas l'attention que vous aimeriez qu'on lui accordât. Une certaine banalisation et la répétition de l'écoute de certains "standards" amène parfois à  se lasser de ces derniers sans qu'il faille y voir une marque de condescendance. Cette ouvre intime de Beethoven en a malheureusement été l'une des victimes les plus célèbres, et j'avoue être au compte des personnes ayant des difficultés à  l'écouter avec patience. Sans doute me faudra-t-il "désapprendre" les interprétations-pastiches avant de la redécouvrir. Je vois par ailleurs que vous poursuivez vos investigations dans la musique scandinave avec Nielsen. Je vous rejoins sur le fait que le style est fréquemment hésitant, à  la recherche d'un je-ne-sais-quoi qui tend à  réduire l'apport propre du compositeur danois. Mais voyons aussi qu'il était difficile en début de XXe siècle de se réclamer d'une musique post-romantique ou impressionniste. Or, je connais une très jolie pièce qui prolonge d'une certaine manière l'ouvre de grands romantiques, tout en lui apportant ce cachet si typique du monde nordique. Il s'agit du "Voyage imaginaire aux Féroés" qui me paraît une prolongation naturelle du poème symphonique de Mendelssohn "Les Hébrides". Je vous le recommande.

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Cher Monsieur,
Vous déplorez dans vos chroniques la mauvaise réputation de la virtuosité - que l'on peut effectivement constater dans la plupart des ouvrages sur la musique. Comme vous le rappelez, des compositeurs comme Liszt, Chopin ou plus anciennement Vivaldi, constituent des exceptions. Il en existe d'autres, d'autres compositeurs injustement victimes, mais je pense que dans la théorie, cette mauvaise réputation est justifiée. Car hormis ces quelques cas, la virtuosité désigne indéniablement des effets pré-conçus, qu'il s'agisse de gammes chromatiques, d'octaves ou d'arpèges. Effets dont il existe en fonction des écoles et des époques des ramifications plus ou moins poussées ; ils sont à mon sens un rempart pour le manque de créativité, plutôt qu'une marque de génie ; plutôt le témoignage le plus flagrant du "traditionalisme", que de la puissance de l'invention. Et si on ne peut rejeter une oeuvre parce qu'elle exige de la virtuosité - car bien sûr, elle peut le faire avec génie - , on ne peut cependant pas lui attribuer sa valeur en fonction cela.

Je ne veux pas dire là pour autant que la virtuosité n'est pas utile à un instrumentiste : ce serait une pure énormité. Elle est pour lui un outil, qui lui facilite l'accès à une partie du répertoire de son instrument, car elle lui permet d'assimiler rapidement et bien une partie des figures musicales qu'il peut rencontrer dans les oeuvres qu'il joue. Des oeuvres virtuoses superficielles, où il recrache les figures apprises, ou des oeuvres réellement intéressantes où la virtuosité n'utilise aucun effet pré-conçu : l'étude opus 10 n°12 de Chopin en est un bon exemple, car elle est pour le moins virtuose, mais elle utilise très peu de ces effets pré-conçus : les figures que l'on y rencontre sont purement inédites (hormis une ou deux gammes chromatiques).

Vous parlez aussi, chez ceux qui n'accordent pas de valeur à la virtuosité, de peur de la difficulté. La virtuosité n'est qu'une difficulté parmi d'autres dans la technique d'un instrument, et ce n'est peut-être même pas la plus grande. Prenons comme exemple toujours Chopin : la Fantaisie-Impromptu en ut dièse mineur. La partition est impressionnante à regarder, et à entendre l'oeuvre, on croit déceler une grande difficulté, car elle exige une certaine virtuosité. Elle paraît beaucoup plus difficile que les "Grands classiques" commes les sonates de Beethoven. Quand vient le temps pour le pianiste de les jouer, il se rend compte qu'elles sont souvent bien plus difficiles que notre Fantaisie-Impromptu. Certaines, en effet, comme les dernières, font preuve d'une difficulté épouvantable. Cela peut énerver, car la partition est claire et dégagée, pas noire de notes comme chez Chopin. Il y a très peu de traits de virtuosité, la difficulté est en fait presque impossible à résumer : elle tient tant dans la structure interne de chaque phrase mélodique, de chaque rythme, que dans un accord, ici et là, qui sera de façon incompréhensible difficile à placer ou à enchaîner avec un autre. Je crois que les mains ont extrêmement de mal à supporter la structure et la solidité de l'édifice. Un ami à moi, ancien pianiste - professionnel, lui - qui était spécialisé dans la musique virtuose romantique, me dit un jour de l'opus 111 de Beethoven : "C'est l'oeuvre la plus difficile au monde". D'une certaine façon, je n'ai pas encore trouvé de quoi le faire mentir.

On peut constater le même phénomène dans la musique de mon compositeur favori, Johann Sebastian Bach. Sans rentrer dans un débat sur la qualité de son oeuvre (ayant lu vos chroniques à son sujet, je garde l'idée pour une prochaine fois), elle fait preuve, en outre, d'une autre forme de difficulté non négligeable, elle aussi, qui est la difficulté contrapuntique, qui concerne un immense pan de la musique.

La virtuosité est la forme la plus exubérante de toutes les difficultés, car elle impressionne toujours énormément l'auditoire ; dans certains cas, celui-ci en surestime même la difficulté, et ne se rend pas toujours compte des autres formes techniques qui sont difficiles sans le montrer. Je suis donc d'accord avec vous lorsque vous dites qu'il y a une petite part de jalousie chez ceux qui accordent peu d'intérêt à la virtuosité en tant que telle, mais au-delà de leur jalousie je pense qu'ils ont raison.

Concernant les virtuoses-compositeurs, il est tout de même incontestable qu'un partie des leurs oeuvres, dans la majorité des cas, a été écrite pour faire étalage de leurs capacités ; je ne pense donc pas qu'il soit faux de dire qu'on y trouve beaucoup de pièces techniques qui ne sont pas des chefs-d'oeuvre. Il est évidemment injuste que des oeuvres dont les objectifs n'étaient que techniques aient été comparées à d'autres sur des critères qu'elles n'ont pas, et aient ainsi entraîné leurs auteur dans l'insuccès. Un des cas les plus frappants est celui de Clementi, dont les extraordinaires sonates pour piano ont été éclipsées par les oeuvres pédagogiques du compositeur, véritables références dans leur domaine.

Mais je crois que ce sont surtout les oeuvres virtuoses aux effets pré-conçus qui souffrent d'une mauvaise réputation et non les virtuoses eux-mêmes. Car ce serait oublier le Bach que nous dépeignent des témoignages d'époque, épuisant des pédaliers d'orgues par sa rapidité, le petit Mozart impressionnant l'Europe entière au clavecin ou Beethoven, qui, jusqu'à l'âge de trente ans, avait tout simplement comme profession "virtuose-compositeur".


Vous vous placez sur le plan de l'instrumentiste, lequel n'a aucun intérêt pour le mélomane. Or, ce qui importe, c'est évidemment l'optique du mélomane. Que l'opus 111 de Beethoven soit difficile ou facile à jouer n'a aucun intérêt pour l'auditeur. Difficulté instrumentale et virtuosité ne sont pas synonymes. Des oeuvres comme par exemple le concerto de Moszkowsky sont d'une très grande difficulté instrumentale et ne rendent, à mon avis, aucun effet de virtuosité. La musique a évidemment été écrite pour l'effet produit, non pas pour occuper les instrumentistes. En second lieu, je ne considère jamais a priori la virtuosité comme preuve de la valeur ou de l'absence de valeur d'une oeuvre. Votre discours ne fait que perpétuer l'éternelle défense des compositeurs consacrés en les parant de toutes les qualités. mais consacrés à quelle époque? Aujourd'hui. Au 18e sicèle,l'échelle des valeurs n'était pas la même. Bach n'était rien, par exemple. Pourquoi notre jugement serait juste et celui des contemporains des compositeurs du 18e siècle faux. Ne manquons-nous pas d'humilité par rapport au jugement des époques passées qui ont produit ces génies? Le public me paraît surtout sensible à l'intérêt thématique des oeuvres, un compositeur comme Carulli, par exemple, obtint un grand succès alors qu'il recherchait une simplicité dépourvue de toute virtuosité. Croyez-vous que Clementi n'a pas obtenu de succès en dehors de ses oeuvres pédagogiques. Je crois même que c'est l'inverse, ses oeuvres pédagogiques n'ont eu aucun succès de concert, ce n'est d'ailleurs pas leur but et il ne les jouait pas en concert.

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Je ne pense pas que ce soit être à côté de la plaque que de s'intéresser presque uniquement à une période. Bien la connaître me semble être une étape essentielle pour nuancer les raccourcis par dessus la jambe de nombreuses "histoire de la musique". Cette remarque est d 'ailleurs valable pour toutes les périodes. Nous avons trop tendance à penser que le marché de l enregistrement représente notre histoire de la musique. Les partitions dorment dans les bibliothèques et elles existent Nous ne pourrions pas décemment écrire une histoire de l' évolution des formes de l' architecture gothique sans prendre en compte les monuments disparus ou détruits. Il ne faut pas confondre entre histoire de l' architecture gothique et guide touristique certes très pratique pour visite de monuments existants. la même remarque s' applique à l histoire de la musique. La musicologie doit enfin être applicative et ne pas se cantonner à élaborer des articles très pointus dans des revues somme toute confidentielles.

Quelques remarques sur les "raccourcis" des histoires de la musique:

Je suis le premier à regretter ces fameux raccourcis, notamment: -l'ignorance généralement des répertoires instrumentaux spécifiques (contrebasse, flûte... et même violon) dont les compositeurs sont ignorés. Je ne puis manquer de signaler une fois de plus l'absence de la grande école de violon franco-belge depuis Viotti jusqu'à de Boeck, un grand mouvement historique dont un ouvrage d'histoire de la musique devrait à mon sens tenir compte.

-la prééminence à mon avis excessive accordée parfois à des idoles qui n'ont pas eu un rôle fondamental dans l'évolution des formes et de l'écriture musicale (par exemple Bach, Haydn, Mozart, Meldelssohn, Brahms...) alors que les véritables fondateurs de formes et de langages musicaux occupent souvent une place beaucoup plus modeste (pour le 18e par exemple Vivaldi, Scarlatti, Gluck).

-l'importance exagérée à mon avis accordée aux oeuvres modernes dont la réalité historique est contestable et qui sont à mon sens le résultat de l'activité d'une secte maginalisée.

-Plus de 50% en moyenne du contenu d'un ouvrage d'histoire de la musique est occupé par des commentaires sur les "idoles" de la musique dont, l'émergence, je le précise à nouveau, n'est généralement pas due à l'activité musicologique, mais est antérieure. Les auteurs avalisent (de plein gré ou contre leur gré?) les choix historiques qui leur sont imposés. S'ils le font insuffisamment au profit de fresques plus approfondies ou de compositeurs peu connus, il est probable qu'ils se heurteraient à l'incompréhension de l'éditeur.

En conclusion, quelle que soitent les imperfection des histoires de la musique, et je suis le premier à les déplorer, les ouvrages écrits par des équipes de musicologues confirmés me sont apparus généralement plus objectifs, moins imprégnés par l'idéologie et le culte des idoles que les ouvrages de vulgarisateurs.

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Bonjour,
Je viens de découvrir votre site, en faisant une recherche sur Tartini dont je découvre progressivement le talent. Sa carrière ne s'arrête pas à une trille! J'ai lu votre long article sur Bach et je trouve l'approche intéressante. J'écoute beaucoup de musique baroque (je n'aime pas cette appellation, pas plus que celle de " classique" mais peu importe) et je dois dire que j'en avais un peu marre de tous ces musiciens ou compositeurs qui se " tripotent" sur Bach. Je ne nie pas son talent et certains soirs la Messe en Si, me porte, mais dans l'ensemble, j'ai toujours trouvé Bach un tout petit peu chiant. Le clavier bien tempéré étant l'une des oeuvres les plus casse-couilles à écouter de tout le répertoire. Donc, je me disais, c'est bien de faire vaciller les couronnes. Je suis donc allé lire certaines critiques des oeuvres, en commençant par Tartini et Vivaldi. Sur Vivaldi, je me dis que vous y allez peut-être un peu fort. Dire à propos de ses concertos pour violoncelle qu'il ne s'est pas cassé le cul (je résume) ça me paraît aller un peu vite en besogne. Pour ma part, ils font partie des oeuvres les plus inusables que je possède dans mes cd. Je me suis dit deux choses :
1/ Ils font paradoxalement peut-être une écoute plus technique que sensorielle, et c'est un choix... (étrange au vu de ce que vous écrivez sur Bach)
2/ Ils n'ont pas écouté la bonne version.
Je ne lis pas la musique et d'après vos critiques c'est votre cas. Vous avez donc sous les yeux toute la texture, la matière musicale à l'état brut, et vous vous appuyez sur cette lecture pour émettre vos jugements. Attitude on ne peut plus impartiale, puisque le facteur interprétatif est éliminé du débat. Toutefois, je crois que certaines phrases musicales aussi simples voire éculées qu'elles puissent paraître sur le papier prennent parfois lorsque les instruments attaquent une charge émotionnelle insoupçonnée. Il est en de même pour les dialogue d'une pièce de théâtre. " Le petit chat est mort" . Chez Molière. Plus bête que ça, sans jeu de mots, tu meurs, et pourtant, cette phrase est chargée d'émotion, de tendresse, de vie... Etc... De nostalgie froide aussi. Elle est beaucoup plus complexe que les quelques mots qui la composent. La dernière chose à laquelle je crois, et elle concerne Bach que j'aime moins, comme les compositeurs qui sont présents dans ma vie, c'est qu'on peut dire, des choses comme :

" Là, il utilise une bonne vieille recette, là, il se cite lui-même, ça il l'a repiqué au voisin, là il y va tranquille sans s'arracher etc... "

Au final on est quand même encore aujourd'hui en train de parler d'eux. Ils étaient dépositaires d'un savoir, d'une intuition, et de sensibilités artistiques qui sont loin de courir les rues aujourd'hui. Je crois que les musiciens et les chefs d'orchestre d'aujourd'hui (gonflés d'orgueil par la sur médiatisation, ou l'argent, ou la notoriété dont ils sont l'objet) oublient que ce sont Mozart, Vivaldi, Bach, Haendel, Leclair ou Rameau qui ont composé ces oeuvres sur lesquelles ils vivent grassement, pas eux. D'ailleurs, ils sont pour la plupart bien incapable de composer correctement une seule mesure d'un concerto pour violon digne d'un Vivaldi ou d'un Corelli. Cet enfoiré de Karajan aurait été infoutu d'écrire 100 notes valant la pire saloperie de Mozart, écrite en deux heures dans une calèche entre Vienne et Rome. Ça n'empêche pas l'analyse, ni le sens critique bien au contraire, mais il s'agit de savoir rester à sa place. Je ne dis pas ça pour vous, on sent que vous êtes sincère...
Merci. Et à bientôt peut-être.


Merci d'avoir consulté critique-musicale.com. Concernant les concertos pour violoncelle de Vivaldi, vous savez, je les connais extrêmement peu, en comparaison, par exemple, des concertos pour hautbois ou flûte. Et puis je suis conscient de passer aussi à côté de certaines oeuvres, même si je me livre à de nombreuses auditions. Je crois que les appréciations de mélomanes valent si on considère la résultante. Une oeuvre qu'un tel n'aura pas apprécié pour une raison ou pour une autre ravira un autre mélomane. Il s'ensuivra cependant que certaines oeuvres recevront plus de suffranges que d'autres. Votre réflexion, si elle est abrupte, a le mérite de refuser de se voiler la face. L'appareil officiel actuel entretient ses privilèges et se graisse en utilisant les chefs-d'oeuvres du passé. Finalement, c'est ce qui arrive dans toute période de décadence. Nous n'y pouvons rien. il faut le prendre avec philosophie.

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Un grand bravo, j'ai un certain nombre d'ouvrages sur la musique et je surf, mais c'est la 1 ere fois ou je vois de l'objectif passer avant le subjectif ou le commercial j'ai "pompé un certain nombre de pages que je vais lire et me servir pour choisir mes Cd àla fois quand j'achète mais aussi qu'en j'emprunte à la médiathèque d'Aix passionné de musique XVIII, baroque et post, il y a en effet une nombre très important de compositeur de talent, notamment de l'europe de l'est qui sont totalement absents des discographies passionné de Viovaldi et de saint geiorge, je suis preneur de toute informations qui les concerne, sites, nouverautés et adesse CD occasion encore beravo et merci

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Bonjour,
C'est toujours avec beaucoup d'intérêt que je lis votre newsletter, je suis également un mélomane "frustré par des morceaux artificiellement imposés". Je me permettrais d'ajouter humblement à votre très pertinent jugement un paramètre : la nationalité du compositeur... Je n'en ferai pas une généralité, mais je constate simplement que la chance d'être connu est directement proportionnelle à l'importance du pays dans lequel l'auteur a vécu... Connaissez-vous par exemple Peter Benoit? Un compositeur qui m'est cher pas uniquement par son nom et son prénom (!) mais aussi parce qu'il représente la Flandre de mon enfance (c'est très personnel, je vous l'accorde... mais je ne suis certainement pas le seul à avoir été bercé par ses compositions! http://www.ping.be/~sbch/) Je me permets d'attirer également votre attention sur les problèmes de lecture que je rencontre avec votre courrier. Je vous ai retransmis ci-après votre lettre afin que vous puissiez vous en rendre compte par vous-même. Encore bravo pour vos courageuses prises de positions.


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Bien à vous J'ai découvert avec plaisir votre site touefois, ne pas trouver Schubert dans votre discothèque idéale m'étonne, même si, par ailleurs, votre sélection sort des sentiers battus ...

Merci d'avoir consulté critique-musicale.com. Pas d'oeuvres de Schubert dans ma discothèque idéale de 70 oeuvres, mais il n'y pas non plus dans cette discothèque idéale d'oeuvres de Suk, ni de Tartini, ni de Gade, compositeurs pour lesquels j'ai une grande admiration (mais ces compositeurs figurent dans la sélection des oeuvres excellentes, comme Schubert)... Pourquoi Schubert y serait-il plus que ces compositeurs-là? La considération actuelle d'un compositeur n'intervient nullement dans mon jugement. En second lieu, l'absence d'un compositeur dans mes sélections peut significier aussi tout simplement que je ne connais aucune ou relativement peu d'oeuvres de ce compositeur. Ce qui est le cas pour Schubert.

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Cher Monsieur,
Je suis un peu dérouté par votre "discothèque idéale" ; il est très louable d'y faire figurer le quatuor d'Arriaga, mais j'ai un peu de mal à "avaler" que Bach soit réduit à la toccata et fugue en ré mineur, Mozart à la "Kleine NachtMusik", Wagner à Tannhauser etc... Sans parler de "la Lettre à Elise"!! Je suis d'autant plus gêné que Bartok et Janacek (parmi tant d'autres) ne soient même pas mentionnés, tandis que vous nous recommandez Edward MacDowell (contre qui je n'ai rien, mais qui ne devrait OBJECTIVEMENT pas être ici si vous omettez Vaughan-Williams) ou Constantinescu (dont j'avoue n'avoir jamais entendu parler) etc etc Quant à l'intitulé "discothèque idéale", je ne lui trouve aucun sens si vous ne donnez pas plus de précision sur les interprétations que vous recommandez : il me semble en effet qu'une oeuvre aussi "rabâchée" que la sus-nommée Petite Musique de Nuit ne convaincra un mélomane que si elle est TRES TRES TRES bien jouée, que si on lui donne un nouveau souffle ; de même que la Lettre à Elise, dont un mien ami me certifie que l'interprétation de Richter est extraordinaire. Je me permettrais d'ajouter que, contrairement à vos assertions, l'op9 de Schönberg est TONAL de a à z (Oeuvre atonale présentant parfois quelques bribes musicales tonales noyées dans un flot à mon avis totalement incohérent. Le style rappelle assez Mahler."), tout comme les Mikrokosmos de Bartok
Bien à vous


Pardonnez-moi, mais comment pouvez-vous être choqué par la présence de Constantinescu dans ma discothèque idéale alors que vous vous n'avez pas entendu une note de ce compositeur? C'est la preuve que vous n'appuyez pas votre jugement sur une émotion musicale réelle, mais sur la notoriété.

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Bonjour,
Je ne suis pas d'accord avec un certain nombre d'articles lus sur votre site. Pour faire court, en guise de résumé, j'ai été surpris de voir pour BACH le BWV 565 sélectionné dans la "discothèque idéale". Ce n'est pas sa meilleure oeuvre (seulement la plus connue) et, qui plus est, on lui attribue sans certitude. N'aurait-il pas été préférable de choisir autre chose? Par ailleurs, l'article intitulé "Bach est-il un grand compositeur?" me paraît relever de la plus haute fantaisie en si bémol majeur. Reprocher l'inexpressivité par l'utilisation d'un style éculé pour sa musique, ne serait-ce pas le même argument qui conviendrait à la critique de votre article? Combien un article "Vivaldi est-il un grand compositeur?" consacrerait-il de lignes sur votre site? Le calcul du ratio entre les deux pourrait alors vous servir de base pour une nouvelle critique fallacieuse....


L'oeuvre intitulée BWB 565 attribuée à Bach me paraît en elle-même une oeuvre immense (jugement critique personnel), qu'elle soit de Bach ou pas. Je ne choisis pas dans ma discothèque idéale des oeuvres pour "représenter" des compositeurs. Ma philosophie est de considérer les oeuvres en elle-mêmes indépendamment de leur contextualisation. L'article sur Bach s'appuie sur des faits objectifs de musicologues et experts en partition, ce que vous appelez de la haute fantaisie. Il ne comporte aucun jugement de valeur (à l'image du titre qui est sous la forme interrogative), vous pouvez vérifier, il est donc parfaitement rigoureux. Je rappelle à toutes fins utiles que j'ai une formation de scientifique. Je ne reproche pas leur inexpressivité aux oeuvres de Bach dans mon article, je constate qu'on a voulu y voir (à tort ou raison) des qualités d'expressivité. Je ne leur reproche pas plus leur archaïsme, mais je constate qu'on a voulu les faire passer (à tort) pour des oeuvres relevant de la modernité par rapport à leur époque.

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Cher Monsieur
J'ai beaucoup apprécié votre article sur Bach que je viens de lire à l'instant, ainsi que l'ensemble de la problématique qu'il propose autour de cette idée de "grand compositeur". Il fallait beaucoup de courage pour s'attaquer à Bach, et je dois dire qu'il est réconfortant de constater que le débat musical est toujours bien vivace même dépassé le stade Boulez contre les Minimalistes. Ceci dit, le fond du débat est un peu de même nature. Je prends la liberté de vous donner mon avis si vous le permettez: je suis convaincu que Bach est un grand compositeur, mais je suis aussi convaincu de la pertinence de votre propos. C'est-à-dire qu'il est grand, mais pas tant qu'on le dit, et qu'il porte trop d'ombre sur les Italiens et sur Vivaldi en particulier. J'ai été particulièrement heureux de vous voir dépecer l'abominable traité de Rebatet dont j'ai appris en vous lisant qu'il avait été réédité (ce qui me semble absolument délirant). Qu'il s'agisse de Rebatet ou de Rostand, je crois que les critiques de cette période ont particulièrement sacrifié à un élitisme dogmatique dont le propos était, comme vous le soulignez, plus idéologique que musical. On voit où cela a mené la musique française aujourd'hui. Et l'art français en général: les Américains que l'on prend tant de plaisir à accabler ces temps-ci pourraient nous faire la leçon. Etant moi-même organiste amateur, j'ai beaucoup joué Bach, et il me semble pouvoir évoquer un autre phénomène le concernant: il a souvent été dit de Vivaldi que ces concertos se ressemblaient tous, contrairement aux oeuvres de Bach. C'est évidemment tout à fait faux: les innombrables fugues de Bach se ressemblent tout autant. Idem pour ses Passions ou pour ses cantates (inconnues de la plupart des critiques que vous citez, semble-t-il, car elles sont souvent d'un ennui monumental, comme le sont les Passions une fois passée l'introduction) De mon point de vue, Bach est particulièrement redevable à deux compositeurs qu'il a totalement éclipsés: Pachelbel d'abord, qui incarnait l'école d'orgue d'Allemagne du Sud, pour la richesse mélodique dont on retrouve les inflexions chez Bach, et surtout Buxtehude (Allemagne du Nord), qui fût sont maître à Lübeck et à qui il doit l'essentiel de ses "trouvailles" contrapuntiques. Ceux-là devaient à leur tour aux Italiens et aux Flamands (Sweelinck surtout), mais ils avaient développé un art tout à fait original, ce qui ne fut pas le cas de Bach. Je suis donc tout à fait de votre avis quand vous critiquez le modernisme prétendu de celui-ci. En réalité, il me semble avoir servi d'alibi aux sériels dès lors que le contrepoint est redevenu une technique d'écriture à la mode: l'hommage que lui rend Webern dans son orchestration du Ricercar à 6 voix semble révélateur à ce sujet: il se place en digne héritier de Bach. Ou du moins c'est ce qu'il s'imagine. Plus généralement, votre réflexion sur ce qui fait un grand compositeur me paraît très salutaire, et même indispensable: vous remettez Bach en question, je crois que l'on pourrait également s'interroger sur le cas de Schubert: il y a certes une 8ème et une 9ème symphonies absolument superbes, mais 5 autres qui précèdent dont l'intérêt est plus que discutable. Sans parler de ses lieder ou de ses sonates. On peut aimer Schubert, l'admirer pour quelques oeuvres (rares), mais si l'on compare son oeuvre à celle d'un Berwald, nettement moins connu, il y a de quoi rester perplexe. On peut aussi s'interroger sur le cas de Schumann, dont la musique de piano à la mièvrerie compassée paraît bien désuète aujourd'hui. Mais Rebatet, Goléa ou Rostand n'iraient jamais critiquer des Allemands, il valait mieux s'acharner sur Tchaïkovsky (qui pourtant a écrit 6 symphonies toutes irréprochables, et autant de suites d'orchestre du même niveau). On pouvait aussi pardonner à Busoni son académisme parce qu'il était germanophile à un stade quasi-pathologique. Ou excuser Poulenc parce qu'il avait le bon goût de s'intéresser aux sériels. Tout cela au nom du dogme. Mais ce dogmatisme idéologique que vous dénoncez me paraît très français: nous avons toujours été dogmatiques en matière d'art. Aujourd'hui le dogme a étouffé de grands talents, parfois même dans son propre camp: comment expliquer sinon la notoriété (de mon point de vue totalement usurpée) de Berio ou de Nono, quand ils avaient à côté d'eux un Scelsi que l'on commence à peine à redécouvrir? Le résultat est qu'aujourd'hui nous n'avons plus aucun compositeur d'envergure internationale (il y aurait bien eu Murail, mais il se fait discret). Pour en finir avec mes élucubrations, je voulais vous féliciter pour votre site: on y parle enfin vraiment de l'essence de la musique, c'est-à-dire des oeuvres et non pas des interprètes comme le font la plupart des publications consacrées au sujet. Bravo également pour l'extrême méticulosité de votre article, on préfererait voir ça publié plutôt que les errances floues d'un Duteurtre.

Merci de votre long courriel qui me change agréablement des nombreuses lettres d'insultes que je reçois à propos de cet article. Il demeure pourtant, me semble-t-il, très prudent, n'affirme aucun jugement de valeur sur les oeuvres musicales de Bach, propose une conclusion ouverte, ce qui contraste avec les critiques violentes et péremptoires des musicographes qui se sont acharnés sur les virtuoses-compositeurs. Mais telle est la puissance de l'idolâtrie chez certains mélomanes que la moindre critique à légard de Bach est perçue comme une atteinte intolérable alors que les diatribes virulentes à l'égard des compositeurs peu connus sont considéré comme normales, d'autant plus d'ailleurs qu'elles sont destinées à mettre en valeur les "grands". Voici quelques remarques plus topiques concernant votre courriel.

Je prends la liberté de vous donner mon avis si vous le permettez: je suis convaincu que Bach est un grand compositeur, mais je suis aussi convaincu de la pertinence de votre propos. C'est-à-dire qu'il est grand, mais pas tant qu'on le dit, et qu'il porte trop d'ombre sur les Italiens et sur Vivaldi en particulier.

Pour ma part, je préfèrerais évacuer la notion de grand compositeur pour me situer au niveau de l'oeuvre musicale. De ce point de vue, je vous rejoins en considérant certaines oeuvres de Bach comme excellentes (de mon point de vue subjectif), néanmoins, si l'on considère la vocation affirmée de compilateur chez Bach, ces oeuvres peuvent-elles être considérées comme authentiques, en tout ou partie?

J'ai été particulièrement heureux de vous voir dépecer l'abominable traité de Rebatet dont j'ai appris en vous lisant qu'il avait été réédité (ce qui me semble absolument délirant). Qu'il s'agisse de Rebatet ou de Rostand, je crois que les critiques de cette période ont particulièrement sacrifié à un élitisme dogmatique dont le propos était, comme vous le soulignez, plus idéologique que musical. On voit où cela a mené la musique française aujourd'hui. Et l'art français en général: les Américains que l'on prend tant de plaisir à accabler ces temps-ci pourraient nous faire la leçon.

Il est vrai que ma position s'inscrit dans le cadre d'un mouvement plus vaste, beaucoup mieux reconnu aux Etats-Unis, quoique j'aie assez peu de documentation sur le sujet. Comme concrétisation de ce mouvement, je citerais la collection "The romantic piano concerto" qui accorde résolument la prééminence aux virtuoses-compositeurs. Une telle initiative chez un grand éditeur (Hypérion) ne naît pas sans le support d'un mouvement intellectuel, ce que confirme les commentaires des enregistrements, parfois résolument orientés vers la remise en cause des "grands classiques".

Etant moi-même organiste amateur, j'ai beaucoup joué Bach, et il me semble pouvoir évoquer un autre phénomène le concernant: il a souvent été dit de Vivaldi que ces concertos se ressemblaient tous, contrairement aux oeuvres de Bach. C'est évidemment tout à fait faux: les innombrables fugues de Bach se ressemblent tout autant. Idem pour ses Passions ou pour ses cantates (inconnues de la plupart des critiques que vous citez, semble-t-il, car elles sont souvent d'un ennui monumental, comme le sont les Passions une fois passée l'introduction)

Vous semblez donc considérer que les concertos de Vivaldi se ressemblent tous à l'instar des cantates de Bach. Concernant les cantates de Bach, je n'affirmerais aucun jugement, les connaissant insuffisamment. A ma décharge, je rappelle que mon article, s'intéressant aux causes objectives historiques de la notoriété de Bach, ne présuppose pas une connaissance approfondie de toute son oeuvre. Concernant Vivaldi, (ce qui est également en dehors de la problématique de mon article), je suis beaucoup plus frappé par l'originalité des thèmes propres à chaque concerto, malgré certaines redites et réutilisations. De surcroît, de l'opus 3 à l'opus 12, le style évolue depuis le baroque jusqu'au pseudo-galant, ce qui montre un large éventail de variations sur le plan thématique et formel. Il ne s'agit naturellement là que d'un jugement personnel. Généralement, les jugements formulés sur Vivaldi ou même sur Bach, le sont par des personnes n'ayant qu'une connaissance très parcellaire de l'un ou l'autre. Ce fut peut-être parfois mon cas aussi lorsque j'ai commis l'imprudence d'affirmer des jugements d'ensemble. Il reste que l'oeuvre de Vivladi est généralement très peu connue par les mélomanes "intellectuels", peu portés par nature à s'intéresser à ce compositeur.

En réalité, il me semble avoir servi d'alibi aux sériels dès lors que le contrepoint est redevenu une technique d'écriture à la mode: l'hommage que lui rend Webern dans son orchestration du Ricercar à 6 voix semble révélateur à ce sujet: il se place en digne héritier de Bach. Ou du moins c'est ce qu'il s'imagine.

Le point commun me semble être une approche formaliste, opposé à la conception de la musique en tant qu'art, expresssion de l'âme. Cela s'inscrit dans une réaction plus générale de l'Intellect contre la sensibilité, des théoriciens et philosophes contre les artistes sensibles.

Plus généralement, votre réflexion sur ce qui fait un grand compositeur me paraît très salutaire, et même indispensable: vous remettez Bach en question, je crois que l'on pourrait également s'interroger sur le cas de Schubert: il y a certes une 8ème et une 9ème symphonies absolument superbes, mais 5 autres qui précèdent dont l'intérêt est plus que discutable. Sans parler de ses lieder ou de ses sonates. On peut aimer Schubert, l'admirer pour quelques oeuvres (rares), mais si l'on compare son oeuvre à celle d'un Berwald, nettement moins connu, il y a de quoi rester perplexe. On peut aussi s'interroger sur le cas de Schumann, dont la musique de piano à la mièvrerie compassée paraît bien désuète aujourd'hui. Mais Rebatet, Goléa ou Rostand n'iraient jamais critiquer des Allemands, il valait mieux s'acharner sur Tchaïkovsky (qui pourtant a écrit 6 symphonies toutes irréprochables, et autant de suites d'orchestre du même niveau). On pouvait aussi pardonner à Busoni son académisme parce qu'il était germanophile à un stade quasi-pathologique. Ou excuser Poulenc parce qu'il avait le bon goût de s'intéresser aux sériels. Tout cela au nom du dogme.

Vous abordez là un problème difficile. Même par rapport à notre propre subjectivité, il est difficile de comparer la valeur d'ensemble des "grands classiques" à celle de compositeurs peu connus comme Berwald par exemple. Pour une raison matérielle d'abord, on ne dispose généralement que d'un nombre d'oeuvres limité concernant les compositeurs peu connus. Ensuite, les quelques oeuvres de compositeurs peu connus qui ont été exhumés ont pu représenter leurs meilleurs oeuvres, les plus connues, et ne sont peut-être pas représentatives de l'ensemble de leur production. Il est possible que que la surexploitation du répertoire des grands classiques leur nuisent plus qu'elle ne les sert. Peut-être pour Berwald possède-t-on déjà, avec ses 3 symphonies, d'un échantillon un peu plus significatif, mais qu'en est-il de l'oeuvre globale d'un Halvorsen, d'un Briccialdi, d'un Adalid, d'un Vranicki, d'un Taktakichvili par rapport à celle d'un Schumann, d'un Brahms, d'un Schubert? Plus que le cas d'un Schubert, sur lequel j'aurais beaucoup de difficultés à me positionner, je m'interroge sur le cas de Haydn, qui me paraît un des plus fragiles parmi les "grands classiques". Cas très différent de celui de Bach, Haydn connut une notoriété européenne en son temps, mais de nombreux indices historiques me laissent dans l'expectative. Je reste également dubitatif sur le contenu de ses oeuvres (du moins celles que je connais) où, pour moi (jugement subjectif et parcellaire, reconnaissons-le), n'apparaît pas de sensibilité musicale très exacerbée. Et quelles oeuvres de ce compositeur s'imposèrent réellement au public? On pourrait en citer sans doute, mais j'avoue ne pas vraiment les sentir, ces oeuvres. Le contraste avec Mozart, pourtant compositeur secondaire à son époque, me paraît manifeste, ce dernier parvenant sans difficulté à imposer un certain nombre d'oeuvres-phares fortement appréciées du public. Et que personnellement j'apprécie de même.

Bien cordialement
Claude Fernandez

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bonjour!
j'ai été outrée de lire que vous avez reçu des lettres d'insultes suite à votre article mon exposé était assez "réglementé" malheureusement! je suis au cefedem de rueil. je devais présenter une oeuvre et parler d'1 époque. j'ai parlé de l'évolution du concerto grâce à vivaldi et ai consacré ma conclusion au fait que vivaldi est malheureusement un peu laissé pour compte malgré son génie.j'ai tenté une ouverture en disant que cet oubli était injustifié et que certains compositeurs (comme Bach!!!) bénéficiaient de meilleur traitement.mais j'ai vu la tête de ma directrice s'allonger donc j'ai évité de m'étendre!!!! mais je tiens à dire que une fois sortie des institutions réglementaires avec des exposés et des dossiers notés! je m'exprimerai + librement! et j'en ai hâte! à bientôt


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Je suis convaincu que votre prise de position doit être défendue et je partage assez largement votre opinion sur le sujet. Pour ce qui est de mon site, je vous remercie de votre indulgence: j'espère tout de même améliorer tout ça dans les mois à venir. Mais si vous estimez qu'il présente un quelconque intérêt, vous pouvez le lister, j'en ferai de même pour le vôtre dès que j'aurai mis en ligne ma page de liens (je prépare justement une critique des symphonies de Berwald; mais l'orientation générale est plutôt celle de la musique du XXème siècle). J'ai entamé la lecture de vos critiques: c'est effectivement spartiate mais dans l'autre sens il y a beaucoup d'oeuvres commentées et c'est très agréable à lire. Evidemment, je ne partage pas toujours vos opinions, mais je trouve beaucoup de vos remarques souvent incisives et bien vues. Je note toutefois, et c'est sur ce point que doit résider l'essentiel de nos divergences, que vous êtes très attentif à la question des thèmes mélodiques: vous reprochez parfois aux oeuvres leur manque de pertinence ou d'intérêt thématique. Je n'ai pas encore lu ce que vous écrivez sur Couperin, mais l'intérêt chez lui ne me parait pas thématique (ni chez ses héritiers - je dirais Berlioz et Debussy avec qui il partage la même froideur mélodique). Concernant Haydn, je suis d'accord avec vous pour dire que ça n'est pas un compositeur enthousiasmant au premier abord. Cependant, quand on explore le monument (par la taille au moins) que constituent ses symphonies et ses quatuors, on y découvre réellement des perles. Mais je crois que tous les compositeurs de cette époque souffrent de deux handicaps: le style classique d'abord, qui refuse à l'artiste le droit à l'originalité et à la personnalisation de l'oeuvre, mais au contraire encourage le respect de règles strictes(le romantisme affirmera le contraire), et évidemment l'ombre portée par Mozart. A propos de Bach et de sa notoriété sans doute usurpée, il y en a un autre qui mériterait d'être davantage écouté et dont le talent vaut bien celui de Haydn, c'est son fils C.P.E. Pour Vivaldi: je vous suis tout-à-fait, il fait preuve d'une incroyable inventivité mélodique. Mais, comme Bach ou d'autres de leurs contemporains, la pression des commandes était telle qu'ils se sont forcément beaucoup répétés (je dis ça mais je ne vous apprends rien). Il me semblait injuste que l'on accuse Vivaldi de procédisme, alors que sur cette base-là on peut faire le même procès à Bach et à n'importe quel autre. Mais prenez Messiaen, que vous évoquez dans votre email: lui aussi répète à l'envi ses astuces modales, ou même Schonberg ou n'importe qui finalement. Jules Renart disait quelque-chose comme "les artistes qui ont un style sont ceux qui se répètent tout le temps" (je ne suis pas certain de l'exactitude de la citation, mais le sens y est, c'est quelque part dans son journal). Votre site est en tous cas très stimulant à lire car il suscite beaucoup de réflexions, et s'intéresse enfin aux oeuvres plutôt qu'aux interprètes. C'est ce que j'aurais souhaité lire dans la presse, plutôt que les soporifiques articles que l'on trouve dans les revues consacrées au sujet. Et comme je le disais, je soutiens tout-à-fait votre audace sur la question de Bach, tout ce que vous dites dans cet article me semble très pertinent et très bien vu. Quant à moi je poursuivrai ce week-end la lecture des commentaires de votre site.

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Cher Monsieur ,
J'ai decouvert votre site grace a un ami .J'ai ete surpris par l'ampleur et la qualite apparente du contenu. Je vous en felicite et je vous remercie pour bien vouloir nous guider dans ce monde merveilleux de la musique classique. Veuillez s.v.p me faire parvenir votre lettre mensuel de diffusion electronique.Merci.
Salutations respectueuses.


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Bonjour ,
J'ai 24 ans et vient de decouvrir votre site qui est formidable à tous points de vue . je pense que c un support tres utile pour decouvrir la musique classique dans toute son etendue et tous ses secrets egalement. je ne me passionne pour la grande musique que depuis 2 ou 3 ans seulement et je vous remercie de m'avoir mis sous les yeux vos impressions et questionnements quant à l'objectivité des historiens de la musique notamment . Je ne suis pas en position d'emettre un avis sur la veracité de telle ou telle théorie , cependant vous avez le merite de ne pas craindre de bousculer les mythes seculiers qui perdurent. cela ne peux que servir l'objectivité du public à mon sens. je n'ai pas pour habitude d'accepter telle ou telle verité toute faite mais j'avoue que dans ma decouverte de la "grande musique", je n'ai eu que le soucis de suivre les sacro-saints quinze même compositeurs et c'est un tort. il faut je pense avoir en tout un autre niveau d'exigence et de conscientisation. votre site m'a permis de m'interesser à nombre de compositeurs dont je ne soupçonnais pas l'existence. Merci encore pour votre travail.


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cher Claude vous n'aimez pas la musique de 1900 à aujourdhui vous n'aimez pas la musique serielle atonale ou dodecaphonique alors est-ce une raison pour la noter toujours de la sorte : (-) merci

Merci de réagir à critique-musicale.com. Si vous notez bien la date des oeuvres que j'apprécie, vous verrez qu'un grand nombre ont été écrites pendant le 20e siècle et même certaines (par exemple des oeuvres de Taktakichvili, Leontsky, Rodrigo, kabalevsky...) écrites dans les dernières décennies du siècle. La musique atonale, comme le remarque le musicologue Michel Chion ne représente pas fondamentalement la musique du 20e siècle, laquelle est représentée par la musique tonale. En effet, la plus grande partie de la musique du 20e siècle, et même du second 20e siècle appartient à la musique tonale. Pourquoi je note ainsi les oeuvres de musique atonale: parce que jusqu'à présent je n'en ai trouvé aucune qui m'ait ému, mais si cela arrive, je noterai une oeuvre atonale avec la mention "excellent", pourquoi pas. C'est le genre de contre-vérité que l'on allègue souvent pour fournir un argument à la musique atonale. Tout d'abord, il faut signaler qu'il n'existe aucun critère pour déterminer si un compositeur est un "grand compositeur". L'ensencement actuel ou passé (ou les deux ou aucun) est une constatation que l'on peut signaler, mais elle n'induit nullement un critère de qualité. Fournit-elle seulement le renseignement que les auditeurs dans leur ensemble (ceux de la musique classique) ont réellement apprécié ce compositeur? A condition d'analyser les données et de déterminer quels facteurs ont pu permettre l'émergence de ce compositeur. Pour Beethoven, il est bien certain qu'il a été adoré de son temps et a acquis une stature européenne à son époque, ce qui ne signifie, en soi, absolument rien. En revanche, le fait qu'une oeuvre particulière obtienne la notoriété peut revétir une plus grande signification concernant l'intérêt réel qu'y trouvent les auditeurs, surtout lorsque le compositeur n'est pas particulièrement connu. C'est même dans ce dernier cas qu'on peut être certain que l'oeuvre a acquis sa notoriété par elle-même et non par un artifice quelconque dû notamment au nom. Je cite pas exemple dans le cas le fameux Adagio d'Albinoni-Giazotto. Il y a des oeuvres dont on parle et des oeuvres que l'on écoute, ce sont rarement les mêmes, a dit un compositeur. Le plus fort, c'est que c'est un compositeur de musique atonale qui a dit cela. Il existe des faits de discours qui ne correspondant pas toujours à un fait réel, a écrit, en substance, la musicologue Belinda Cannone. Par exemple, en France au 18e siècle, pendant la querelle des Bouffons, quasiment tout le monde dénigre la musique italienne, mais tout le monde l'écoute. Qui est donc ce "tout le monde" qui donne le ton? les Intellectuels. S'il n'ont pu régir la musique de leur époque au 18e siècle à l'encontre du public, en revanche, c'est par leur filtre essenteillement qu'est passée la musique du 18e siècle que nous écoutons de nos jours. En plus de ce faux argument (de l'absence de notoriété en leur temps des "grands compositeurs"), il ne faut pas oublier, le fameux "argument des 80 ans", contre la musique atonale, qui, lui, me paraît beaucoup plus valide, quoique certains le considèrent avec désinvolture (naturellement il ne va pas dans le sens de leur opinion et cet argument est assez cruel).

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Merci d'avoir consulté critique-musicale.com et je vous sais gré de ne pas entrer dans les "polémiques stupides" et de m'épargner les injures habituelles dont me gratifient certains. Nous pouvons donc échanger sereinement. Permettez-moi de fournir point par point quelques réponses à vos arguments.

Mais simplement, vos propos sont tellement exagérés qu'ils en perdent toute force.

Tout d'abord mes jugements sont présentés dans un site qui annonce son caractère subjectif, il s'agit de critiques. En second lieu, quasiment tous mes jugements sont exprimés avec des formules dubitatives ou en inindiquant clairement qu'il s'agit d'un jugement personnel. Ce qui me paraît exagéré, ce sont les propos péremptoires de certains qui font passer leur jugement personnel pour un jugement absolu. par exemple, ce jugement sur Vivaldi présenté dans un dictionnaire (ouvrage de référence):

VIVALDI Antonio : violoniste et compositeur vénitien dont la virtuosité et la sensibilité extérieure l'emportaient fréquemment sur la profondeur de l'expression. (Larousse classique - Larousse, Paris, 1957)

L'exagération, c'est cela. En second lieu, l'exagération, c'est de placer certains compositeurs considérablement au-dessus des autres. Mes propos sont donc au contraire pondérés et nuancés. prenons un exemple, Ravel j'ai "noté" certaines oeuvres "excellente" et d'autres "faible intérêt", je suis donc loin d'enfermer un compositeur dans un jugement global. Du reste, vous ne trouverez quasiment aucun jugement global sur un compositeur sur critique-musicale.com, et en tous cas pas sur Ravel. La prévention que j'ai pour certaines de ses oeuvres symphoniques ne vaut pas pour ses oeuvres concertantes pour piano.

Et puisque vous soutenez qu'il ne faut pas sous estimer l'accueil du public et ne pas laisser une caste intellectuelle décider de ce qui est beau, ce en quoi je vous suis totalement, permettez au président du CA de la Sacem de vous signaler que Ravel reste le compositeur "classique" protégé dont la musique est la plus jouée dans le monde.

Ce qui correspond parfaitement au jugement que j'ai fourni pour "Le Bolero", noté excellent ainsi que pour les 2 concertos pour piano. je vous conseille de sonder plus en profondeur mon site et vous verrez qu'uncun compositeur n'échappe à des jugements très variés selon les oeuvres, même Tchaïkovsky qui est mon compositeur préféré. Sur le plan théorique, j'explique cela par la variabilité naturelle de l'inspiration chez les compositeurs, meême les plus géniaux.

Permettez surtout à un compositeur et à un chef d'orchestre de vous dire que l'harmonie de Ravel reste extraordinairement personnelle et originale,

C'est un jugement personnel qui en vaut un autre, même si vous le partagez avec d'autres. Cela dit, je ne le contredit pas si je me réfère aux concertos pour piano de ravel.

que son orchestration est d'une diversité et d'une richesse de couleurs telles que des générations de compositeurs s'en sont inspirés et que sa musique de piano est d'une évidence et d'une inspiration uniques.

Vous abordez là un problème effectivemnt très délicat. Il est toujours difficile d'affirmer l'origine des effets. Par mon expérience des oeuvres rares, j'ai souvent détecté des effets dans des compositions antérieures à ce que l'on croyait, par exemple certains effets chopiniens chez Moscheles, notamment son Concerto n°3. Très souvent, des musicologues ont abouti aux même conclusion, notamment à propos de Haydn à qui l'on a attribué des novations en réalité reprises de Sammartini, Vivaldi, Stamic. Pour le début du 20e, on n'a pas plus de certitude, on a longtemps ignoré l'apport de Grieg que l'on reportait sur Debussy. il faut donc être prudent. Concernant l'influence de Ravel, pour ce qui est de sa musique concertante, vous pouvez vous reportez à mon ouvrage "Les oeuvres pour piano et orchestre", vous verrez que cette influence est parfaitement reconnue (avec la prudence que l'on doit conserver naturellement)

Ce génie a procuré à des générations de musiciens et de mélomanes des joies incomparables.

Génie, c'est vous qui le dites. même si je partage votre opinion, et nous sommes nombreux, cela reste une allégation.

On peut ne pas être sensible à un compositeur et rester objectif. C'est ce que savent faire les critiques anglosaxons et que sont incapables d'envisager la plupart des critiques français.

Le mouvement dont je me réclame et qui remet en cause le statut supérieur que l'on accorde aux "compositeurs consacrés" est justement un mouvement anglo-saxon, précisément américain. Vous en trouverez des échos dans les brochures accompagnant les CD de la série des Grands concertos du 19e siècle (The romantic piano concertos hypérion).

En tout cas je vous remercie d'une chose : à lire ce que vous écrivez sur Ravel les compositeurs d'aujourd'hui peuvent se dire que quoi que l'on écrive sur leur musique, ce n'est pas bien grave. Vous êtes intelligent, vous avez à l'évidence beaucoup travaillé, pourquoi tant de haine?

Je suis désolé, mais ce n'est pas moi qui injurie, mais c'est moi que l'on injurie. En ce qui concerne les jugements sur les compositeurs, le jugement que je porte sur les compositeurs consacrés est infiniment plus nuancé et mesuré que celui que les musicographes portent sur les virtuoses-compositeurs oubliés. Voici par exemple une diatribe parue dans un grand ouvrage largement distribué:

"Avec Viotti s'instaure le règne du Concerto, dans la plus regrettable et arbitraire acception du terme : il s'agit d'un solo de violon, utilisant le maximum d'effets de virtuosité, alternant avec des phrases mélodiques d'un lyrisme effrontément conventionnel dont le dessein n'est pas de l'ordre de l'invention musicale et qui a pour mission de faire valoir la beauté, la pureté, le charme, l'intensité de son du virtuose. L'orchestre est confiné au rôle d'accompagnateur, conception beaucoup plus contraire à la dignité même de la musique lorsqu'il s'agit du violon [] l'indignité du genre apparaît de façon bien plus flagrante dans les ritournelles de l'orchestre, dans l'exposition des thèmes : ceux-ci peuvent faire illusion quand ils sont confiés au soliste, précisément en ce quils sont conçus pour le faire briller, mais quand c'est l'orchestre qui s'en empare, rien ne dissimule plus leur platitude, leur vulgarité, leur incurable niaiserie... [] Dès le premier concert qu'il donna le succès fut éclatant... Bernard, Robert, histoire de la musique - Nathan, Paris, 1974 -

C'est moi qui pose la question: pourquoi tant de haine?
Cordialement

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Bonjour,
Merci d'avoir écouté critique-musicale et merci de vos remarques très intéressantes auxquelles je vais tenter d'apporter quelques réponses.

Que la musique de Bach soit difficle d'accès c'est certain,

Je ne peux ici résister de vous citer un bon mot de Debussy:

"Quand on dit qu'une musique est difficile, c'est souvent qu'il n'y a pas de musique du tout"

... mais c'est vrai qu'il ne le disait pas à propos de Bach.

et il est beaucopup plus ludique d'écouter n'importe quelle oeuvre romantique mineure que le clavier bien tempéré d'une traite.

J'avoue ne pas voir l'intérêt de se martyriser pour écouter de la musique "difficile". J'écris des critiques pour des mélomanes et j'ai la responsabilité de ne pas leur conseiller des oeuvres qui les assommes. Quand aux oeuvres romantiques, leur intention (tout au moins) est d'atteindre l'âme, d'évoquer les sentiments les plus élevés et les plus intenses, c'est au contraire Bach dans le "Clavecin bien tempéré" qui s'oriente vers le jeu de constructions structurelles qui ne se proposent pas de "toucher l'âme".

Mais à titre de pianiste amateur, je peux vous assurer qu'il s'agit du compositeur que je prends le plus de plaisir à jouer, peut être justemment parce que l'écriture contrapuntique offre des possibilités d'interprétation infinie, mais qui sont plus difficles à percevoir à la simple écoute. C'est peut être là qu'existe le fossé entre les interprètes et le public.

Oui, bien sûr. J'ai moi-même joué (en partie) le "Clavecin bien tempéré" pour m'en rendre compte, cependant je pense que la musique n'est pas écrite pour le plaisir de l'interpète, mais pour celui de l'auditeur. Le génie qu'elle exprime, à mon avis, est perceptible par l'auditeur et ne se trouve pas dans de supposées subtilités que seul perçoit (ou percevrait) l'interprète.

Comment expliqueriez vous sinon que des pianistes comme Glenn Gould (que vous devez probablement avoir en horreur!) évidemment, mais également Richter, Barenboïm, Perahia, Brendel et plus récemment Fazil Say, Piotr Andersewski... placent Bach à ce niveau dans leur répertoire et, pour les vivants, continuent à le jouer en concert alors même qu'il est bien plus facile de remplir les salles en jouant chopin ou rachmaninov? (cf le dernier concert de barenboim non complet, exclusivvement consacré à Bach alors qu'hélène grimaud remplit le TCE?).

C'est là qu'intervient la sociologie. Ces interprètes veulent être considérés au niveau le plus élevé, et pour cela ils versent naturellement dans l'intellectualisme et soutiennent le mythe Bach, ce qui renforce leur place au niveau de l'intelligentsia dominant actuellement la sphère musicale. Pour la même raison, ces interprètes se croient tenus de jouer des oeuvres atonales que personne n'écoute.

Puis-je me permettre de vous demander si vous jouez vous même, ou si vous avez été martirisé(e) par un professeur vous obligeant à ne jouer que bach dans votre enfance pour chercher une revanche aujourd'hui?!

Une explication d'ordre psychanalytique intéressante, pourquoi pas. Mais j'ai assez peu joué Bach, surtout Chopin et Debussy, Ces choix étaient surtout le fait des professeurs formés au Conservtoire de Paris, me semble-t-il, où s'est établi vers les années 1950 le culte de Debussy.

ET d'une certaine manière, ne croyez vous pas qu'en faisant dialoguer les musicologues

(partisans/opposants) vous entrez vous même dans un jeu rhétorique qui occulte le plus important?

C'est possible, mais je ne réduis pas les commentaires que puisse occasionner la musique à mon article sur Bach.

Au-delà de Bach, et sur le terrain de la critique, je dois vous faire part de mon profond désaccord quant aux notations de certaine oeuvres , après un survol rapide de votre immense travail. Bien qu'il s'agisse d'une perception éminement subjective, je ne peux que vous inviter à réécouter les suivantes, qui sont à mon goût des sommets absolus et que vous notez peut-être un peu rapidement:

- 2e mouvement de l'appassionata
- les impromptus D899 de schubert et surtout les drei klavierstucke
- la transription par liszt du prélude et fugue pour orgue de bach BWV 543
- vous portez aux nues la lettre à l'Elise: réécoutez alors le dernier mouvement de la tempête dont le thème est similaire
- les sonates 1 et 13 de Beethoven
- le concertos pour 3 et 4 clavier de Bach
- ...


Vous avez peut-être raison. Comme je l'explique dans mon "Avant-propos", j'ai écouté les oeuvres de nombreuses fois, mais on peut toujours "passer à côté" de certaines oeuvres, c'est très facile. Il fut aussi une époque plus lointaine où j'écoutais moins assidument les oeuvres et certains jugements pourraient être revus. Il se trouve que j'ai assez peu de temps en ce moment pour me livrer à ces réécoutes et j'essaie de proposer aux mélomanes inscrits à ma lettre de diffusion des oeuvres nouvelles.

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cher claude vous n'aimez pas la musique de 1900 à aujourdhui vous n'aimez pas la musique serielle atonale ou dodecaphonique alors est-ce une raison pour la noter toujours de la sorte : (-)

Merci de réagir à critique-musicale.com. Si vous notez bien la date des oeuvres que j'apprécie, vous verrez qu'un grand nombre ont été écrites pendant le 20e siècle et même certaines (par exemple des oeuvres de Taktakichvili, Leontsky, Rodrigo, kabalevsky...) écrites dans les dernières décennies du siècle. La musique atonale, comme le remarque le musicologue Michel Chion ne représente pas fondamentalement la musique du 20e siècle, laquelle est représentée par la musique tonale. En effet, la plus grande partie de la musique du 20e siècle, et même du second 20e siècle appartient à la musique tonale. Pourquoi je note ainsi les oeuvres de musique atonale: parce que jusqu'à présent je n'en ai trouvé aucune qui m'ait ému, mais si cela arrive, je noterai une oeuvre atonale avec la mention "excellent", pourquoi pas.

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[Beethoven est-il dans son intégralité indigeste? C'est ce que pense un mélomane en réponse à mon article sur Bach. Ce courrier pose la problématique du champ de perception musicale spécifique lié à une conformation psychologique. Il semble que pour certains l'empreinte pathétique exerce un rejet. Autre question consécutive, peut-on concevoir qu'un grand compositeur n'exprime aucune grande passion ni aucun pathétique? Voici sa lettre et la réponse que je lui ai faite.]



Bonjour *J'ai lu l'article sur Bach*. J'ignorais tout cela : tres interessant. Il m'arrive en effet d'éprouver un profond ennui (voire mal de tête) devant certaines oeuvres de Bach. Par ailleurs j'ai des amis mélomanes qui ne le supportent (ou ne le comprennent) absolument pas. Et, en effet , par expl, je trouve Vivaldi assez sous evalué (Encore que cela change) -ainsi que Haendel. _Donc OK pour une remise à sa place_ , mais : - Emprunt ou pas emprunt (Il ne peut tout de mm pas plagier chacun des mouvements de toute son oeuvre) - Passion et tragique ou pas (C'est pas pas le seul compositeur important à n'avoir ni passion ni sens du tragique) - Inspiration reduite à une technique artisanale ou pas (Mais à un certain point , dans ma 'reception', ça devient assez 'génial' tt de mm) - Caractère terne et fade ou pas (Cette 'médiocrité' assumée et cette indifférence à la reconnaissance, lui assure tt de même l'absence de toute vanité et de toute tentation démagogique) ... MAIS *vraiment, à l'écoute -subjectivement obvective- *sans aucun intellectualisme ou snobisme ou germanisme, dans son* fatras*, il y a des choses éblouissantes, miraculeuses, que lui seul sait faire : en ce moment j'écoute la cantate : Jésus der du meine Seele --Et là (OK) assez curieusement ce n'est pas de l'émotion/passion qu'il donne : c'est une émotion/élévation , une joie/apaisement qui nait devant evidence/simplicité ET raffinement dans la construction (Progression et leger contrepoint enivrant) *Il est vrai* - qu'une bonne partie de son oeuvres m'ennuie profondement et même que souvent certaines oeuvres portées au pinacle me paraissent nulles et chiantes (Les Passions ...) - que pour d'autres, il passe du pire au sublime (Variations diverses pour piano/clavecin : expl les Golberg, les Partitas) et que donc personnellement je me fais mes compilations perso. ... C'est peut-etre_ un musicien _ , _pour musiciens _ ou amoureux de la musique ..._(_quoiqu' assez populaire et abordable tt de mm) ... mais comme bien d'autres (Ma mère préfère écouter Tchaikovski plutôt que Debussy et Vivaldi plutôt que Bach -et de plus , de Vivaldi, le facile concerto pour mandoline à certains, plus austères mais géniaux, pour violon ou violoncelle- ) ... Mais, *_bref _*, quand c'est reussi , c'est vraiment unique et assez inusable . Et ceci , peut etre à cause de l'absence de vrai passion et aussi de son indifférence chaleureuse : dans son esprit, il ne parle pas aux hommes , il compose -en toute simplicité naturelle- pour son Dieu. ) Merci de m'avoir peut-etre lu.

PS/ Ceci étant, j'ai horreur de Beethoven , dans son _intégralité_ complète : c'est physique. Inutile de vous dire que , tout en lui accordant une place importante je le trouve largement sur estimé -N'y aurait-il pas une analyse à faire, là aussi?- (D'ailleurs au fond , qui écoute Beethoven? Même ceux qui l'aiment ne l'écoutent pas souvent)


Merci de votre réaction à l'article "Bach est-il un grand compositeur?". L'article de synthèse que j'ai écrit ne se prononce pas sur l'intérêt musical de l'oeuvre de Bach, ni non plus de celle de l'oeuvre de Vivaldi, il considère uniquement le contexte par lequel ces compositeurs ont pu acquérir un nom. Concernant Beethoven, et toujours de ce même point de vue, la destinée "médiatique" de Beethoven ressemble beaucoup plus à celle de Vivaldi. Il acquit un grand renom en Europe de son vivant, il innova véritablement et son assise auprès des mélomanes semble aussi large que celle de Vivaldi et foncièrement liée à une perception "sensuelle", lyrique. Il faudrait également ajouter, si ce n'était superfétatoire, que Beethoven est véritablement l'auteur de ses oeuvres. Certaines de ses oeuvres ont (peut-être) pu être louées outrancièrement (pour moi, il s'agirait des derniers quatuors), c'est la conséquence de toute notoriété. Globalement, je ne pense pas que Beethoven ait acquis une gloire immérité. Vous semblez allergique à toute manifestation (pour vous outrancière) du pathétisme démonstratif en musique. Chaque mélomane possède peut-être son champ de perception spécifique, et de ce point de vue, je ne fais sans doute pas exception à la règle. J'ai connu des mélomanes allergique à toute musique rhapsodique. Ce qui demeure objectif et en dehors de toute sensibilité musicale, ce sont les conditions historiques grâce auxquelles un compositeur a acquis sa notoriété, c'est ce qui, me semble-t-il, fait la force de l'article "Bach est-il un grand compositeur?". Il n'est assujéti à aucune subjectivité de perception musicale, c'est peut-être aussi ce qui fait sa faiblesse, penseront d'autres. Encore une fois merci de votre réaction.

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Bonjour Claude, Juste quelques mots de remerciements pour votre site. J'ai le plaisir de vous lire sur le Forum_classique (trop rarement je dois dire) et je vous dois la découverte de bon nombre de compositeur (dernièrement celle de HE Zhan-hau). Je dois dire que je suis assez scandalisé par les pugilats dont vous êtes la victime sur classique-fr. Je ne partage pas toujours vos choix (pas de musique anglaise à part Bantock dans votre liste de favoris). Par contre c'est justement ce que je trouve intéressant, puisque citez des uvres que je ne connaissais pas ou à laquelle je n'avais pas accordé une attention suffisante. Bref, votre site est une véritable aubaine pour celui qui cherche de nouvelles trouvailles. Je vous rejoins par contre sur Rodrigo, compositeur assez méconnu en fin de compte. EMI Espagne lui a consacré 2 coffrets de 10 CDs qui sont une pure merveille. Encore merci et n'attachez pas trop d'attention à vos détracteurs Bouléziens

Merci d'avoir consulter critique-musicale.com. Peu de musique anglaise, mais de la musique américaine. Et puis, la musique anglaise s'est beaucoup développée dans le genre vocal et je ne traite pas ce genre. En fait, je ne considère jamais la nationalité en tant que telle, mais je recherche beaucoup la musique rhapsodique, qu'elle soit chinoise, russe, espagnole, tchèque, nordique... Ceci explique quelques-uns de mes choix. Et aussi les oeuvres de virtuosité. Bonjour, J'ai parcouru votre répertoire critique sur les uvres et, en autre, à Bela Bartok. Vos choix et vos appréciations me paraissent étonnants. Dans les concertos de piano, certes le 3è est agréable à entendre mais le 2è est un pur chef d'uvre ; et vous ne le citez pas (idem pour le premier). Aucun quatuor n'est cité ni les concertos pour violon et alto. Ety la musique pour cordes percussions et célesta? Vos choix sont effectivement très étonnants voire détonnants. Mon répertoire est très insuffisant, j'en suis conscient. En effet, il ne cite qu'un ou 2 concertos de De Bériot, aucune oeuvre de Lipinsky, aucune oeuvre de musique de chambre de Taktakichvili... j'espère que vous me pardonnerez cette insuffisante. Les critiques de la part de composituers sur d'autres compositeurs valent ce qu'elles valent. Clementi louait Mozart et Mozart considérait Clementi comme un charlatan. Mendelssohn pensait que Bach était un très grand compositeur et Berlioz pensait que ce même Bach était un compositeur médiocre. Si vous consultez le Dictionnaire des auteurs de Laffont-Bompiani, vous aurez en fin de chapitre sur chaque compositeur les jugements positifs et négatifs. Ils se contredisent totalement. Qu'en déduire? Personnellement, j'essaie d'écouter les oeuvres le plus objectivement possible sans me soucier de savoir ce qu'en a dit X ou Y. Cordialement

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Bonjour. Je suis étudiant à Supelec, une grande école d'ingénieur, j'ai 19 ans, et je tiens à vous féliciter pour votre site internet http://www.critique-musicale.com/ qui a su me redonner goût à l'écoute et à la découverte des oeuvres de musique classique, après une assez longue période vide. En effet la présentation et les commentaires des oeuvres me semble très souvent en accord avec ceux que j'aurais pu moi-même formulé, malgré mon absolue ignorance de toute l'histoire et les techniques de la musique. Je ne suis en effet d'un simple spectateur de ces oeuvres grandioses. Je vous remercie aussi pour m'avoir fait découvrir des oeuvres peu connues mais non moins superbes, et également de m'offrir la chance de combler mes ignorances historiques et musicales. J'apprécie également le ton de vos chroniques qui se plaisent à contredire de manière argumentée et sérieuse des ouvrages importants. Mais je voudrais vous poser quelques questions : -Pourquoi certaines critiques d'artistes célèbres ou même que vous appréciés sont parfois incomplètes? Je pense à Mozart, Berlioz, Sibelius (je possède un morceau nommé Karelia Suite de cet auteur, que j'apprécie beaucoup et qui semble être une de ses oeuvres les plus connues, mais dont la critique n'apparaît pas sur votre site) et d'autres. Loin de moi l'idée d'émettre une quelconque critique, devant le nombre total d'oeuvres, ces "manques" sont dérisoires. -Pensez-vous que la musique puisse être magnifiée par une mise en image? C'est à dire à l'inverse du cinéma classique, où la musique n'est qu'un accompagnement aux images, un film dont les images ne font qu'accompagner la musique. C'est le principe des deux Fantasia des studios Disney, qui furent pour moi une grande motivation pour découvrir la musique classique. Merci d'avoir pris le temps de lire ce courriel.
Cordialement.


Merci d'avoir consulté critique-musicale.com. Pourquoi certaines oeuvres connues ne figurent pas dans critique-musicale.com? Tout d'abord, ce site ne vise pas l'exhaustivité. Ensuite, la notion d'oeuvre "importante" ou "majeure" est extrêmement relative, surtout si l'on se place dans une perspective historique suffisamment large. On peut affirmer que le Concerto n°1 de Vieuxtemps est une oeuvre majeure si l'on considère son succès à l'époque. Ensuite, il faut considérer le travail important que j'ai fait avec mon ami Jean-Michel Percherancier, travail de critique qui nous a poussés à auditionner toutes les oeuvres recréées dans le genre pour piano et orchestre et donc négliger bien d'autres oeuvres... La mise en image des oeuvres? Je pense que le rapport de l'image à la musique s'apparente à celui de la musique au texte. C'est à dire qu'à mon sens la musique prime sur le texte et le désubstantialise, le vide de son contenu. De même, l'image, à mon sens, prédomine sur la musique et ne lui laisse qu'un rôle d'amplification. C'est l'image qui est amplifiée par la musique, non la musique qui est amplifiée par l'image. La domination de la musique sur le texte se trouve à la racine, finalement de la fameuse querelle des Bouffons qui est une révolte des partisans de l'action dramatique contre l'écrasante prédominance de la musique. J'espère avoir répondu à vos questions.

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Bonjour Monsieur FERNANDEZ,
Votre sélection d'oeuvres tchèques me ravit car on parle très peu des productions de Bohème-Moravie en général. Ces compositeurs, que j'aime beaucoup car ils sont les peintres de leur époque, passent au mieux pour des " petits maîtres " de musique galante alors qu'ils ont eu une influence très importante sur la musique italienne de leur temps et donc sur tout le reste. (Pour l'anecdote, vous connaissez je pense de VRANICKY (Pavel) la Grande Symphonie Caractéristique pour La Paix avec La République Française (sic). Les travers que vous soulignez, et je suis assez d'accord avec vous, pourraient être tempérés par ces deux remarques : - D'abord, il faut vivre, donc vendre sa musique et composer ce qui plaît. - Ensuite, on est à l'apogée d'une époque. Au sommet de l'élégance comme art de vivre et ceci se retrouve dans ces musiques. Ces musiciens ne font que traduire l'extrême raffinement intellectuel d'un monde dont nous n'avons qu'une faible idée entourés que nous sommes par des " musiques " dans lesquelles trois notes et deux mots répétés cent fois tiennent lieu de génie... Il y a donc obligatoirement chez les Tchèques une certaine " standardisation ".
En ce qui concerne votre Chronique " La petite statistique suivante concernant l'importance accordée à quelques compositeurs (en nombre de pages) par l'« Histoire de la musique occidentale »... elle met bien en évidence les partis pris d'une intelligentsia concernant tel ou tel compositeur (Vivaldi a composé 400 fois le même concerto écrivait STRAVINSKY - combien en a-t-il composées lui-même et combien passeront à la postérité dans 250 ans?). Je peux citer un exemple qui me touche personnellement : un de mes ancêtres compositeur : Francesco PROVENZALE, Maître Honoraire de la Chapelle Royale de Naples, Maître de Musique du Vice-Roi de Naples, Maître de Chapelle du Conservatoire de La Pieta, du Conservatoire de Santa Maria di Loreto & du Tesoro de San Gennaro e Fidelissima Città, Fondateur de l'Ecole Napolitaine d'Opéra (excusez du peu...) n'est pas cité une seule fois dans l'Encyclopedia Universalis (ouvrage pourtant tellement réputé) qui contient des dizaines de pages traitant - rien que pour les musiques électroniques et hip-hop : - du rap old school, du rap mainstream, du Gangsta rap, du Rap jazz, du rap cool, du break beat, de l'acide jazz, de la house, de l'eurobeat, de l'acid house, de la techno, du Garage(!), de la Trance Goa, de la Deep House, du Hardcore, de l'ambient ,de la jungle, du trip-hop, de la dancemusic et de l'easy listening ; Ouf! Ce serait risible s'il ne s'agissait pas de notre patrimoine et de ce que je considère comme un véritable génocide culturel causé par la démagogie de nos élites. Quant aux " compositeurs marginalisés comme Varèse ou Webern " leur " musique " (mais ma grande ignorance ne me permet que d'y entendre du bruit, et encore, certains bruits sont harmonieux) n'est pas comprise par grand monde, ils se sont donc marginalisés eux-mêmes en voulant être originaux à tout prix. Ce faisant, ils passent pour des génies méconnus. Mais je suis un dinausore, et mes radotages sont inconvenants.
Bien à vous,


Merci de votre courrier. J'avais peur de lasser les abonnés de ma lettre avec un nombre important d'oeuvres tchèques. Une possible influence de la musique tchèque sur la musique italienne, pourquoi pas, d'autant plus que certains tchèques ont fait carrière en Italie, Myslivecek il me semble par exemple. Il reste néanmoins que la musique italienne a dominé toute l'Europe pendant le 18e siècle, imitée partout, imposant ses genres et son style. L'idéologie actuelle, il est vrai, ne va pas dans le sens de nos goûts musicaux, mais je crois que nous sommes plus nombreux qu'on le croit. Il se trouve que certains mouvements et certains milieux donnent le ton et font croire faussement à l'universalité de leurs options artistiques (ou anti-artistiques).

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Merci pour vos bons voeux. Merci aussi d'attirer notre attention sur un compositeur que je ne connaissais pas : Gyrowetz. Je vais essayer de trouver ses quatuors.

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Je viens de lire votre article comparatif sur Bach et Vivaldi, très intéressant. je suis écrivain et musicologue et pianiste. et comme tout pianiste, j'ai étudié Bach dans mes années de conservatoire, passage obligé, bien évidemment. je dois bien dire que sans parler de l'homme, du compositeur, en faisant abstraction de sa vie, de son oeuvre et de tout ce que l'on a pu dire et entendre sur lui, le fait de jouer certaines de ces oeuvres vous donne la chair de poule, vous transporte. Le recueillement est sans cesse présent. très peu de compositeurs inspirent cela, alors n'est-ce pas ça être un grand compositeur? quelque part dans votre article vous semblez dire que tels des moutons dociles nous disons qu'il est bien parce qu'une élite "musico-intélectuelle" le pense. je pense que s'il plaît tant c'est que chacun y trouve sa source d'inspiration. C'est en s'attachant à ses compositions que l'on peut dire s'il est grand ou pas, et pas seulement parce que certains le qualifient de génial, innovateur ...et le clavier bien tempéré alors! qu'est ce que c'est? la polyphonie, le contrepoint, les fugues, les préludes... vivaldi peut-être! hum!hum! Je ne me pose pas en défenseur de Bach, j'aime bien vivaildi, et votre artcicle comparatif est bien mené, j'aurais souhaité y trouver un comparatif sur les oeuvres, les découvertes, l'étendu de l'oeuvre et replacé les compositeurs dans leurs époques respectives et leurs pays. entre l'italie et l'allemengne luthérienne tout s'oppose, les compositeurs aussi. la religion y est aussi pour beaucoup dans l'attrait de Bach, amené par calvin à meaux, l'esprit luthérien est sans doute plus présent en France qu'en italie, berceau du catholicisme....etc... bon je termine ici, car vous allez pensé que je critique, ce qui n'est pas le cas! c'était juste une petite porte que j'ouvrais.
encore merci pour votre comparatif et en attendant de vous lire


Merci d'avoir lu mon article. Votre réaction reste prudente et mesurée. Moi-même j'ai évité dans cet article tout jugement de valeur, contrairement à certains auteurs que je cite. Il ne s'agit pas d'un article traitant de la comparaison entre l'oeuvre de Bach et celle de Vivaldi (ce en quoi je en suis pas qualifié), mais analysant les conditions historiques de leur émergence, notamment pour Bach au début du 19e siècle, cela à partir de travaux réalisés par des musicologues qualifiés que je cite. Chacun peut trouver sa source d'inspiration dans les oeuvres signées Bach, c'est bien toute l'ambiguité. Dans quel mesure ne projetons-nous pas une certaine idée du génie dans ce support que constitue l'oeuvre, en une sorte d'effet Pygmalion. Comment se fait-il, si Bach est si génial dans toutes ses oeuvres, que les spécialistes et les mélomanes qui l'apprécient, ne puissent distinguer une oeuvre authentiquement de Bach d'une oeuvre placée sous sa signature par un autre ou recopée par lui? La différence devrait apparaître de manière évidente. Et comment comprendre que l'oeuvre la plus célèbre de Bach ne soit pas de lui. Des faits qui incitent à la plus extrême prudence. Autant de questions complexes auxquelles il est difficile de répondre...

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Cher Monsieur Brèvement, je veux vous féliciter pour cet article qui confirme, de manière sérieuse et argumentée, une intuition que j'ai toujours eue sur cette question, notamment l'incroyable oubli que nous faisons de la modernité et de l'influence d'un artiste comme Vivaldi à son époque. Pour ma part j'ai toujours considéré Bach comme un grand artiste, mais ennuyeux, et d'une grande austérité spirituelle et dont l'approche de ce sujet me rebute beaucoup ; alors que celle de Vivaldi, tout aussi spirituelle, est elle particulièrement vivante, énergique, inventive, stimulante même, et convient plus à mon tempérament préoccupé par ces questions spirituelles. C'est sans compter que Vivaldi fut un sacré bonhomme, très entreprenant, et assumé un nombre impressionnant de responsabilités artistiques. Bach, à côté, fait une bien pâle figure...
Mille mercis.


Merci d'avoir consulté critique-musicale.com et d'avoir lu l'article. En fiat, cet article analyse surtout les conditions d'émergence de Bach et vise beaucoup plus à montrer l'aspect artificiel de cette émergence plutôt que l'injustice faite à Vivaldi. Cela peut paraître négatif comme démarche, mais l'article adopte une optique rigoureuse et ne prétend que porter un éclairage concernant Bach. Vivaldi n'est considéré que d'un point de vue comparatif, l'article ne le concerne pas fondamentalement, ce qui est conforme au titre. Aucun jugement de valeur n'est porté sur les oeuvres de Bach ni de Vivaldi et la conclusion ne répond pas à la question initiale, mais invite à s'interroger.
Cordialement

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Monsieur, je tiens a vous féliciter pour votre travail qui m'a fait découvrir certains compositeurs intéressants et désacralise certains autres à peine audibles. Bien que je vous trouve un peu sévère avec Bach (J-S) je partage votre point de vue. La majorité de ses oeuvres sont sans grand intérêt. Peut-être faut-il y voir le résultat de sa conception de la musique. J'ai toujours trouvé son style adapté a l'introspection religieuse en ce sens que la rigueur mathématique et l'austérité des mélodies se font rapidement oublier lorsqu'on réfléchit en écoutant Bach. Pour être clair je n'éprouve pas grand chose à l'écoute de ses compositions a part un sentiment de recueillement qui fait que je n'entend plus la musique au bout d'un certain temps. Peut-être est ce la le but recherché. Concernant Vivaldi , il est scandaleux que le maitre Vénitien soit si peu reconnu tant ses compositions abondent de chef-d'oeuvre.J 'y vois comme vous l'oeuvre d'une intelligentsia puante d'une érudition de pacotille qui est bien éloignée des véritables considérations esthétiques... Je dois vous avouer mon dégoût pour la musique atonale. Si j'avais plus le temps de m'intéresser au théories musicales j'aurais pris grand plaisir a détruire cette conception de la musique immonde et tout a fait décadente. Vous m'avez motivé à acheter Shéhérazade de Rimski-korsakov,je ne peux que vous en remercier. L'oeuvre est magnifique et d'une grande originalité (même si je ne suis pas un fanatique de l'évolution en musique). J'ai noté quelques noms que je ne connaissais pas. Je vous ferai part de mes impressions rapidement.
Cordialement.


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Cher Monsieur, Il y a un peu plus d'un an, vous m'avez aimablement renseigné au sujet du superbe concerto pour piano de Sgambati que j'ai eu le plaisir de découvrir grâce à votre répertoire critique. Vous m'aviez conseillé la version de Jorge Bolet éditée par la maison de disque américaine Crystal Records, l'édition de ce CD étant malheureusement épuisée.   En interrogeant récemment par internet la maison de distribution Amazon à ce sujet, il m'est apparu que ce CD (comprenant également le concerto de Rheinberger) a été réédité par la firme allemande Colosseum Musics,en juillet 2001, sous la référence Col. 9020.2. Il peut être obtenu via Amazon.fr, ou en commandant directement à la firme allemande de distribution  "German Music Express Amail Robot" ou à la firme américaine "Caiman" de Miami. Je tenais à vous en faire part, à toutes fins utiles. Peut -etre, cela intéressera-t-il également certains abonnés à votre chronique que je lis régulièrement avec beaucoup d'intérêt. L'interprétation de Jorge Bolet est, en effet, magnifique. Le seul défaut de cet enregistrement tient, selon moi, à la prestation de l'orchestre qui me paraît moins soignée que celle de l'orchestre national de Montpellier qui accompagne la belle interprétation d'Alexandre Paley. Peut-être l'orchestre symphonique de Nürnberg éprouve-t-il, par moments, quelques difficultés à suivre les rythmes endiablés adoptés par Bolet. Ce CD est néanmoins un joyau de ma discothèque.
Merci encore et bien à vous.


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Bonjour. Je découvre votre site et je vous transmets toute mes félicitations. Vos commentaires, remarques, réflexions et particulièrement votre travail de recherche sur l'histoire de la musique, par les synthèses réalisées, sont absolument remarquables. Bravo! Concernant l'article sur J.S. Bach où vous vous demandez s'il est vraiment un grand compositeur, je pense que vous n'évoquez... peut-être pas suffisamment le pouvoir exercé par l'écriture musicale sur les doigts et le cerveau de l'interprète. Je suis violoniste habitué à jouer Bach et Vivaldi et je peux vous affirmer que je ne ressens pas les mêmes sensations ni émotions selon l'oeuvre et le compositeur. Cela, vous ne pourrez pas l'expliquer car la musique ne s'explique pas entièrement, heureusement. Je considère que la musique est un art plus élevé que les résultats mathématiques ou les raisonnements scientifiques qui peuvent être tout aussi brillants j'en conviens mais auxquels il manque la dimension sonore. C'est inexplicable. Lorsque je joue la Chaconne de Bach sur mon violon dans une église, au paroxisme de l'oeuvre, rien, absolument rien n'est plus beau ni plus grand à tous les niveaux : physique, intellectuel, transmission d'ondes positives et bienfaitrices, sensation d'entrer en étât de grâce. Pourtant, je ne suis pas croyant. Mais il se passe quelque chose qu'on expliquera pas avec une démarche intellectuelle théorique aussi bonne et interessante soit-elle. Je pense que personne n'a mieux fait que Bach principalement pour des raisons harmoniques. Son utilisation des accords de septième relève de la plus grande maîtrise musicale, tout comme Vivaldi mais à un stade plus mélodique. Lorsque je joue du Vivaldi, mes sensations sont différentes, en tout cas aussi intenses qu'avec Bach mais vraiment différentes. Comment pourriez-vous expliquer par la pensée un phénomène pareil lié au contact "physique"? Je vous donne un exemple : prenez un violon, un archet, donnez-les à 2 violonistes différents, de même niveau. Ils doivent jouer le même morceau, dans les mêmes conditions. Je peux vous affirmer que même s'ils sont jumeaux, aucun des deux n'en sortira des sons identiques. Il est même probable que le son dégagé par l'un sera totalement à l'opposé des sons produits par l'autre. C'est magique, c'est la musique et la science n'expliquera jamais ça. Ressentir une émotion forte à partir d'une oeuvre que l'on joue et que l'on maîtrise, parce qu'on a compris sa force, le style, l'éciture, le propos, la faire partager à un public attentif et averti, cela reste des moments privilégiés que je suis sûr de vivre avec les Suites et Sonates de Bach pour violon seul. Pas avec autre chose, pas autant, pas aussi bien. Mais c'est mon sentiment tout à fait personnel. Je pense néanmoins qu'il est partagé par d'autres confrères ayant modestement accès à ce niveau, ce qui pourrait expliquer le succès du compositeur et de ses oeuvres à juste raison reconnues comme étant difficiles et donc valorisantes pour l'apprenti instrumentiste qui y trouve là motivation et but à atteindre.
Au plaisir de vous lire sur votre site,


Merci d'avoir consulté critique-musicale.com. Vous évoquez la Chaconne de Bach. C'est une oeuvre dont je reconnais certaines qualités. Mon article était uniquement afférent aux conditions historiques de l'émergence de Bach comparé à Vivaldi et ne considérait (ni positivement ni négativement) la valeur des oeuvres, laquelle est inaccessible au raisonnement et ne peut être prouvée. Je dirais qu'une oeuvre est le résultat de l'intervention de 3 intercesseurs: le compositeur, l'interprète et l'auditeur. Chacun des 3 peut apporter son "génie" propre, ce qui peut permettre de compenser le maillon faible. Ce maillon faible peut être le compositeur, l'interprète ou l'auditeur. Si l'oeuvre est faible, l'interprète peut en partie y pallier (voyez ce que fait Gould avec Bach justement). Si le compositeur et l'interprète représentent les maillons faibles, l'auditeur peut encore dans une certaine mesure y pallier par son imagination et son génie propre. Cela peut paraître scandaleux, mais je crois qu'il faut l'admettre. Je pense que c'est ainsi que fonctionne l'art. Le conditionnement réalisé auprès de l'auditeur pour qu'une oeuvre apparaisse comme un chef-d'oeuvre ne doit pas être déconsidéré. Il a sa valeur, il constitue une création, fruit d'une mobilisation collective de longue haleine. Offrant un support moins personnalisé, donc moins contraignant, une oeuvre intrinsèquement d'intérêt relativement limité permet à l'auditeur de mieux déployer ses possibilités imaginatives propres, ses capacités auto-émotionnelles. Il s'agit d'une conception proche de celle que propose l'art moderne lorsque le spectateur est amené à manipuler l'oeuvre d'art (cas de certaines sculptures déformables). Cette conception rejoint également ce qu'on peut nommer "l'effet de cadre" induit par certaines compositions picturales ou encore il s'apparente aux taches d'encre du test d'Hermann Rorschach. Le travail de médiatisation, de persuasion, de conditionnement est comparable à la valeur sacrée conférée au totem par les chants et danses des autochtones africains. Pour l'interprète, une telle oeuvre (d'intérêt intrinsèque non pas nul mais relativement moyen) présente sans doute un intérêt supérieur car il peut mieux la modeler, l'améliorer, voire recréer par-dessus le canevas relativement impersonnel qui lui est proposé. En revanche, il serait certainement illusoire d'améliorer des oeuvres qui se suffisent à elles-mêmes (à mon sens) telles que La lettre à Elise ou les Quatre saisons (choix personnel) par une quelconque interprétation révolutionnaire à la manière de Gould qui ne pourrait que les défigurer. L'original suffit dans sa littéralité. Le meilleur moyen de savoir si une oeuvre possède une valeur intrinsèque serait donc selon cette hypothèse de constater qu'elle survit à une interprétation neutre, exécution exacte de la partition par un robot mécanique. Quant à savoir quelle est la part propre de Bach dans la composition de la Chaconne, elle est difficile à établir. C'est une question purement d'ordre musicologique et historique à laquelle je ne saurais répondre. A défaut, je remarquerais d'abord que Bach est essentiellement un compilateur et se comporte comme tel, notamment dans le domaine des oeuvres concertantes où intervient une partie solistique virtuose. On remarquera ensuite qu'il s'agit d'une oeuvre didactique destinée à la formation des violonistes, ce qui n'exclut pas l'intention de musicalité, mais qui incite au moins à la considérer surtout sur le plan pédagogique. La mode du 19e siècle consistant à présenter une oeuvre à intention artistique sous les apparences d'une oeuvre pédagogique n'était pas encore initiée. Les musicologues ne considèrent pas Bach comme un novateur sur le plan violonistique. Les nouveautés dans ce domaine sont attribuées aux violonistes-compositeurs, spécialistes du genre. On peut donc présumer que se trouvent dans la Chaconne un condensé de la technique volonistique de l'époque. Seule l'occultation pendant un siècle des oeuvres des virtuoses-compositeurs du 18e siècle a pu faire illusion. Cela dit, ce commentaire n'enlève rien à la réalité et à la valeur des émotions ressenties par les interprètes et les auditeurs de la Chaconne. En second lieu, il me paraît évident que la musique n'est pas écrite pour être jouée, mais pour être écoutée, son exécution n'est qu'un moyen et les émotions propres à l'exécutant (qui seraient différentes de celles de l'auditeur) ne me paraissent pas devoir être considérées dans la valeur intrinsèque de l'oeuvre, pas plus que l'émotion du compositeur pour la créer. Vous évoquez la valeur harmonique de l'oeuvre. Une oeuvre possède-t-elle une valeur harmonique indépendamment de sa valeur mélodique? Pour ma part, je tendrais à considérer que les deux aspects, harmoniques et mélodiques - indissociables - sont tributaires de ce que je nommerais la thématique, réunion des deux entités "mélodique" et harmonique. Et justement, dans la Chaconne, c'est la thématique qui me paraît d'intérêt relativement limité. Naturellement, il ne s'agit de ma part que d'un jugement personnel subjectif auquel je ne prête pas de valeur universelle.

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Monsieur,
En mélomane passionné, et, je le crois, assez connaisseur, j'ai parcouru avec un grand intérêt votre site de critique musicale. Je veux tout d'abord vous féliciter et vous remercier pour ce travail sérieux et complet, qui m'est bien utile lorsqu'il s'agit d'acquérir des oeuvres inconnues dont j'ignore la valeur. Cependant, je voudrais formuler quelques critiques, à propos des symphonies de Mozart - qui, bien qu'elles ne soient ni les plus intéressantes, ni sans doute les meilleures, sont tout de même des oeuvres fort agréables et souvent très émouvantes.
En premier lieu, vous avez, me semble t-il, commis quelques erreurs dans la numérotation des oeuvres que vous jugez. Ainsi, vous avez noté la "Symphonie n°26" : */**/-/*. Or, la symphonie n°26, K 184, de Mozart ne compte que trois mouvements et elle n'est de plus qu'une petite oeuvre galante et superficielle durant 10 minutes qui, je crois, ne mérite pas une telle appréciation. Vous vouliez probablement parler de la "Symphonie n°25 K 183 en sol mineur" qui elle est, en revanche, fort intéressante et très appréciée de la critique. Ensuite, la "Symphonie n°34" a été jugée de la façon suivante : -/-/-/-. Là aussi il y a erreur : la symphonie n°34 K 338 ne comporte que trois mouvements. Au contraire, la "Symphonie n°35 Haffner", que vous évaluez -/-/-, est constituée de quatre mouvements : il y a peut-être confusion entre ces deux oeuvres. De telles coquilles, sans grande importance, sont tout à fait compréhensibles - et pardonnables - étant donné la quantité importante d'oeuvres que vous étudiez ; cependant, il conviendrait de les rectifier, maintenant que je vous les signale.
En outre, j'émettrais une critique, cette fois plus personnelle, concernant l'appréciation de la "Symphonie n°41 Jupiter" que l'on peut lire sur votre site. Vous la notez : */*/-/-. Dans le texte qui précède ce résultat, vous expliquez l'intérêt mitigé du premier mouvement et votre aversion profonde pour le troisième - mais rien sur le finale. Or, ce finale est considéré en grande majorité par la critique comme le mouvement symphonique le plus important de Mozart, et peut-être même du XVIIIe siècle : il constitue, de par sa conception qui fait cohabiter style polyphonique fugué, traitements contrapuntiques, et forme-sonate rigoureuse, dans une écriture foisonnante mais maîtrisée, une sorte de synthèse du style baroque et classique, un bilan de la création du compositeur, voire un "testament symphonique du Maître" comme l'écrit Marie-Pierre Lassus. Je m'attendais donc à trouver une explication quant à votre jugement sévère. Je puis tout à fait comprendre que vous n'aimiez pas ce mouvement : vous rejoignez là l'avis de Berlioz qui le jugeait "insignifiant et froid, en dépit de son admirable facture, parfait modèle d'école" (_Critique Musicale_, 1842). Mais j'ai du mal à saisir l'absence d'arguments justifiant votre appréciation : il est difficile d'être convaincu quand il n'y a pas d'argumentaire! Je pense donc qu'il serait intéressant pour la crédibilité de votre critique, de rajouter, ne serait-ce qu'une simple phrase expliquant les motifs qui vous ont poussé à ne pas attribuer d'étoile à ce finale pourtant à la renommée grandiose. Je ne vous demande pas de réviser votre jugement, qui est sûrement réfléchi, mais de l'expliciter pour permettre de convaincre votre public.
En attente de votre réponse,
Salutations respectueuses.


Merci d'avoir consulté critique-musicale.com. Et merci de votre indulgence concernant ces multiples erreurs que je m'attacherai à rectifier lors de la mise à jour du site. Cependant, il serait peut-être plus prudent que j'élimine certaines oeuvres de mon répertoire critique si j'ai un doute sur l'oeuvre dont il s'agit. Je verrai. Concernant plus précisément les symphonies de Mozart, c'est une partie de son oeuvre que que je connais mal. Pourtant, vous pourrez constater que le répertoire symphonique de musique galante, manheimien et post-mannheimien de la fin du 18e et du tout début du 19e est assez bien représenté, notamment par des oeuvres de Stamitz, Dittersdorf, Vanhal, Krammer, Pleyel, Richter, Vranicky, Kreutzer, Cannabich... C'est que je n'ai aucune raison particulière, en tant que critique indépendant, à accorder une importance particulière aux "grands "noms", de sorte que je ne dois pas obligatoirement avoir d'attention pour Mozart plus que pour un autre compositeur, de ce point de vue. J'en viens à votre dernière remarque, la qualité de facture concernant le dernier mouvement de la symphonie n°41 - que je n'ai aucune raison de contester - ne doit pas être pris en considération en ce qui me concerne comme mélomane, toujours pour une raison d'indépendance d'esprit à l'égard de la notoriété de l'oeuvre et à l'égard des critères extra-artistiques qui ne sont pas perceptibles au niveau de l'émotion musicale (ma propre émotion musicale, bien sûr, que je ne présente pas comme universelle). Pour terminer, je voudrais tempérer cette profession de foi un peu rigide en vous évoquant plus librement ce que représente Mozart pour moi. Je connais son oeuvre instrumentale très insuffisamment (et quasiment pas son oeuvre vocale) pour pouvoir porter un jugement significatif, je m'appuie uniquement sur les quelques oeuvres que je connais de lui. Quoique l'exemple de Mozart mette à mal ma théorie selon laquelle les compositeurs relativement peu connus de leur vivant (cas de Mozart) qui ont acquis une notoriété post-mortem le doivent par suite de l'activité des milieux musicaux imprégnés d'idéologie intellectualiste, j'avoue que de nombreuses oeuvres de Mozart m'ont touché, assez peu les grosses machines symphoniques ou opératiques, mais plutôt des petites pièces pour piano qui me paraissent extrêmement émouvantes et illustrent admirablement le sentiment d'ingénuité dont la musique galante est capable. Certains diront que ce n'est pas le vrai Mozart. Mais entre le Mozart chérubin qu'on s'est complu à voir et, par réaction, le Mozart méphistophélique, je préfère encore le premier. Par ailleurs, il faut reconnaître qu'aujourd'hui un certain nombre d'oeuvres de Mozart ont réellement obtenu une notoriété de premier plan (qui ne me paraît pas artificiellement provoqué). Le contraste avec Haydn, de ce point de vue, me semble particulièrement frappant et j'avoue n'avoir jamais rien trouvé chez Haydn qui se hausse au niveau du génie (en précisant toutefois également que je connais assez peu son oeuvre). Jugement personnel subjectif évidemment aussi bien sur Mozart que sur Haydn et s'appuyant, je le rappelle, sur un petit nombre d'oeuvres.


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Au hasard d'une recherche sur le trio op. 100 de Schubert, je suis tombé sur votre site. Je reste perplexe, voire estomaqué de l'ampleur de votre étude et salue votre parti pris consistant justement à se détacher de ceux, trop nombreux, qui encombrent la critique musicale. S'il n'y a pas grand sens à discuter pied à pied de chaque étoile attribuée à tort ou à raison au gré des goûts de chacun (même si vous me paraissez bien sévère avec l'adagio du concerto pour clarinette en la majeur de WA Mozart, mais passons), je suis assez étonné de vous voir défendre avec ardeur Vivaldi mais ignorer quasiment Albinoni, lequel a pourtant produit d'estimables oeuvres, tel ce concerto n°3 op. 7 dont l'adagio ne peut laisser indifférent, ou cette pièce couramment nommée "Adagio d'Albinoni" qu'il vaut mieux ne pas écouter pour la première fois si l'on est dans un mauvais jour, tant son caractère déploratif est marqué. Alors que vous cherchez à réhabiliter les pièces "populaires" (je prononce le terme avec toute la retenue requise), vous passez tout bonnement à côté de la Water Music de Haendel, ce que je ne m'explique pas. Vous me permettrez en outre de vous demander pourquoi vous faites aussi peu de cas de la Symphonie inachevée de Schubert, alors que vous semblez ne citer les symphonies de J. Haydn que dans le but de déplorer leur absence "de souffle lyrique, [ou] d'expressivité marquée" ; n'y a-t-il pas là ce qu'il faut appeler une incohérence? Dans l'agréable attente de poursuivre cette discussion, veuillez, cher Monsieur, trouver ici l'expression de mes meilleurs sentiments.

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Voici ma foi un article fort iconoclaste qui,  s'il ne recueille pas mon entière adhésion me fait évoquer le mot de Voltaire : "Je ne partage pas vos idées mais je me ferais tuer pour que vous puissiez les dire ..." En fait la lecture attentive de votre article par l'inconditionnel de Bach que je suis depuis toujours me conseille dorénavant plus de retenue dans mon enthousiasme et surtout moins d'exclusivité dans ma curiosité de mélomane. L'idole a vacillé sous mes yeux! A ce titre, vous m'avez rendu service et je vous en remercie et encore toutes mes félicitations pour votre courage car j'imagine que nombreux doivent être vos détracteurs.

Je vous remercie d'avoir considéré cet article sur le plan de la raison. Qui mieux que Voltaire à ce propos pouvait être cité. Vous aurez remarqué d'ailleurs que mon article ne comporte aucun jugement de valeur sur les oeuvres de Bach pas plus que sur celle de Vivaldi, d'ailleurs.
cordialement

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violoniste pro, je découvre votre site, cherchant sur le net ce que Mme Chaminade aurait bien pu écrire pour le violon. Votre site est une mine d'or pour moi qui ai toujours adoré jouer des oeuvres de compositeurs moins connus comme Lekeu, ou de femmes compositrices. J'intègre dans mes récitals classiques 1 ou 2 oeuvres peu jouées en lesquelles je crois profondément...
avec joie je reçois votre newsletter pour rester au courrant des découvertes, 
Salutations,


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Bonjour
Qu'est ce que je suis d'accord avec vous sur ce que vous dites au sujet de Chostakovitch ...! Musique dont le mauvais goût et les charges de cavalerie n'ont d'égales que celles de Malher. Bref, de la mauvaise musique russe. Je ne comprends pas l'intérêt de nos maîtres à penser pour ces musiques pseudo-modernes.


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toute la première partie est basée sur la notoriété ou non d'un créateur ... cela a peu de rapport avec sa qualité ... pour le fond, on appelle "maître" celui qui a la "maîtrise" d'un art (ici en l'occurrence la composition, l'écriture musicale) et non celui qui a la plus grande l'imagination. Pour mieux me faire comprendre, prenons le concerto n°11 op 3 "l'estro armonico" de Vivaldi et l'arrangement pour orgue BWV 596 qu'en a fait Bach : par de subtiles modifications, un rééquilibrage de l'espace sonore, un retraitement contrapuntique des voix, une science de l'ornementation ... bref! un "remix" (comme on dit maintenant) de l'écriture cette oeuvre magnifique au départ devient ... géniale. On peut préférer l'imaginaire mélodique d'un tel ou un tel, là c'est purement subjectif et affaire de goût, mais pour le traitement, certains font du "remplissage" (qui peut être très réussi) d'autres (peu nombreux) élaborent et construisent un tout dont chaque note et chaque rythme font partie de l'équilibre : on ne peut rien ajouter, on ne peut rien ôter. Je ne pense pas que ce soit le cas chez Vivaldi ; chez Bach, si. On ne peut pas dire qu'un architecte est un "Maître" en ne voyant que les façades de ses constructions! (formule à l'emporte-pièce, mais j'aime bien)
X,qui, contrairement à ce que l'on pourrait croire en lisant cela, adore Vivaldi.


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Bonjour,
Je viens de parcourir quelques uns de vos articles alors que je me suis égaré sur Internet et je les ai trouvés très pertinents. En fait, j'adhère très souvent à ce que vous dénoncez. De toute façon, les critiques, en général, sont tous les mêmes que ce soit pour la musique classique, le cinéma ou la littérature... Leur aigreur les conduit à déblatérer les pires ignominies sur tout ce qui a du succès et peut apparaître comme populaire. Enfin, il n'y a pas de drame puisque nous pouvons continuer à apprécier Sibelius, Grieg ou Tchaïkovski. Une petite incitation pour la route. Vous ne parlez jamais de Sir Ralph Vaughan Williams, un compositeur qui ne fut pas épargné également par la critique en son temps. Le connaissez-vous? Si non, il vaut le détour...


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Pas de Schubert dans la discothèque idéale??? C'est tout de même regrettable, d'autant plus qu'on là un compositeur qui plaît à tous et pas seulement aux intellectuels que vous fustigez (avec raison). Pourquoi ne parle-t-on jamais de la Wanderer-Fantasie, dont la forme cyclique est un jalon considérable dans l'histoire de la musique? Quid du quatuor n°15, qu'on pourrait qualifier sans excès d'oeuvre pré-expressionniste? Et, comme vous n'avez pas de préjugés contre les oeuvres universellement reconnues, il faudrait aussi la symphonie inachevée, la monumentale n°9, ce sommet de poésie qu'est le Winterreise, etc... Mais alors il faudrait plus de 70 oeuvres, j'en conviens!

Il y a du Schubert dans la liste des oeuvres jugées excellentes. La bibliothèque idéale, je la considère surtout comme un choix restreint parmi les oeuvres excellentes, d'après des critères qui, à ce niveau, ont une signification limitée, même par rapport à mon propre goût... La vraie liste d'oeuvres "sélectionnées", ce sont les oeuvres jugées excellentes. Il faut considérer aussi les oeuvres que je connais au départ. Si j'en connais peu de schubert, il y en aura obligatoirement très peu parmi les oeuvres excellentes, sans que j'aie une mauvaise opinion du compositeur. c'est vrai aussi que je n'ai pas sélectionné l'inachevée, en revanche, j'ai sélectionné des pièces pour piano, le fameux quatuor "La jeune fille et la mort... Dernier point intervenant, ce site ne considère que les oeuvres instrumentales, c'est la raison pour laquelle, on trouve assez peu de Berlioz aussi. Schubert pré-expressionniste, pourquoi pas, cela ne me heurte pas.

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Bonjour, je viens de lire votre article sur "est-ce que Bach est un grand compositeur?". J'ai appris le piano en étant enfant, j'ai repris il y a 5 ans environ, je joue tous les jours. J'adore BAch, et justement, comme je me suis rendue compte que je ne savais rien sur lui, j'ai fait une recherche sur Internet et votre article est le premier que j'ai lu, alors que tous les autres "enscencent BAch".(Je vous raconte cela pour me situer) Ce que j'apprécie dans votre commentaire, c'est son point de vue si particulier. C'est vrai qu'il y en a mare qu'on nous traite comme un troupeau de moutons manipulé...Je ne m'en rend pas bien compte puisque je ne suis pas "une intellctuelle de la musique", mais, par contre, il se trouve que je rescents la musique de façon émotive, et là, je dois vous dire que Bach est quand même le compositeur qui m'émeut le plus souvent, et le mieux... Evidemment, il y a d'autres chef d'ouevres qui me touchent, comme le Stabat Matter de Vivaldi ou le concerto n° 2 de Rachmaninof, ou bien d'autres choses, ou ma mère l'Oie de Ravel...ou bien d'autres, mais est ce que Bach n'a pas eut tout ce succès tout simplement parce qu'il touche le coeur, les sentiments? Je sais bien que lorsqu'on va a une médiathèque, il y a bien plus a choisir chez Bach que chez Vivaldi, mais est ce simplement un conditionnement social qui nous fairait préférer Bach? Permétez-moi d'en douter...Je sais ce que resent mon coeur... En tout cas bravo pour votre analyse! Et au fait vous, Bach (JS) , est ce qu'il ne vous émeut pas un peu quand même, en laissant toutes "ces histoires cérébrales " de côté? Le coeur, qu'est ce qu'il vous dit, quand vous écoutez le Kyrie de la messe en sim? Heeiiiinnnn?
Cordialement,


Merci de votre commentaire. Sommes-nous "manipulés"? Est-ce uniquement un conditionnement social qui nous fait préférer Bach à Vivaldi. Il n'est pas certain que le public préfère Bach à Vivaldi. Je manque de données objectives sur les ventes émanant des majors pour en juger. Ce qui est certain, c'est que l'offre, comme vous le dites, sur Bach est supérieure à ce qu'elle est pour Vivaldi. D'autre part, la considération des deux compositeurs par l'élite intellectuelle est différente. Les oeuvres de Bach qui m'émeuvent le plus (la Grande Toccata et fugue en ré, la Passacaille en do) sont suspectées d'inauthenticité ou bien sont seulement en partie de Bach, alors que conclure? La Messe en si, j'avoue qu'elle ne m'a pas beaucoup frappé. Une oeuvre cependant à mon avis moins rébarbative que de nombreuses oeuvres contrapuntiques de Bach. Je crois qu'il faut relativiser le caractère émouvant des oeuvres vocales et religieuses car elles ont, par nature, une dimension humaine, une chaleur humaine, tenant à l'utilisation des voix et aux circonstances dans lesquelles on les entend, caractéristiques qui ne peuvent être imputées à la spécificité thématique de la composition. Je veux dire qu'une autre messe d'un autre compositeur peu connu nous émouvrait peut-être tout autant si on l'associait au nom de Bach.
Bien à vous

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J'ai bien aimé surtout le paragraphe sur la musique du XXème, vers la fin de votre article. Belle vérité (sur Boulez/Orff). En effet, les intellectuels-musicologues ont parfois des idées bien à eux s'agissant de leur jugement de valeur (quand ils veulent bien l'exprimer, chose rare) ; heureusement que le public, lui, ne se trompe pas sur la qualité - et parfois l'absence de celle-ci - dans la musique qu'il lui est donnée d'entendre. Et ce n'est malheureusement pas le cas de toutes les musiques (contemporaines) : combien, aujourd'hui, sont encore ignorées du public, faute d'avoir été enregistrées? On préfère largement enregistrer pour la Xème fois telle oeuvre du passé (quand il ne s'agit pas de "nouvelle" musique du passé appartenant à un compositeur oublié et qui aurait dû le rester!), plutôt que d'enregistrer une bonne musique contemporaine d'un compositeur encore inconnu... La bonne musique contemporaine étant, à mon avis, celle qui répond encore à la définition qu'en donnait le Larousse il y a encore 35 ans : "l'art de combiner les sons d'une manière agréable à l'oreille". Comme j'aime bien le répéter, il y a malheureusement plus de "combineurs" que de véritables artistes, parmi les compositeurs contemporains (et depuis presque un siècle, maintenant). Et toute musique calculée qui n'est pas entendue dans la tête d'un compositeur n'est pas digne d'être couchée sur le papier. Et elle ne pourra jamais plaire au public mélomane (mais beaucoup de compositeurs s'en moquent : ce qui compte, ce n'est pas l'avis du public ; ce sont les droits d'auteur que leur procure le Ministère de la Culture et la SACEM). Mais cela va peut-être enfin changer : voyez le lauréat des Victoires de la Musique de cette année, en composition : Thierry Escaich, un compositeur organiste, comme moi!
D'accord avec tout le contenu! Et la musique contemporaine (toujours elle, mais c'est mon problème personnel) se meurt par la faute de ces intellos musicologues plus ou moins mathématiciens. Pour un musicologue, une musique est bonne si, et seulement si, elle est intéressante à analyser ; pas si elle est belle ("belle" est un adjectif relatif à la musique pratiquement jamais employé par les musicologues). Un musicologue, dans un forum de discussion de musicologie réservé uniquement aux professeurs d'université, m'a dit un jour le plus sérieusement du monde qu'il avait du mal à faire comprendre à ses étudiants que le rap était aussi intéressant que la musique de Beethoven! Inutile de vous dire que je ne partageais pas du tout son avis! Je me suis fait taxer d'intolérent. Rien ne semble émouvoir ces personnes anormalement cultivées, musicalement parlant ; c'est bien dommage... Je ne suis pas encore enregistré (mais l'intégrale de mes uvres est éditée en France et en Allemagne). J'ai enregistré toutes mes compositions pour orgue sur 2 CD inédits (des extraits MP3 de chacune de ces uvres figurent sur mon site) ; le fait qu'elles soient enregistrées sur un orgue numérique - pourtant excellent - fait qu'aucun producteur de CD (mais il n'y en a pas beaucoup, et tous veulent que l'artiste paye lui-même tous les frais de production - 2.000 à 7.000 - faute d'être certain de vendre) n'a voulu les commercialiser à ce jour. Deux organistes dont un célèbre a accepté d'enregistrer l'intégrale dans un avenir plus ou moins proche. Affaire à suivre... J'accepte votre proposition sur votre site. Poue ce qui est du forum de "musisorbonne" que je ne connais pas, j'ai peur de me faire incendier par tout le monde. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire en public... Et puis, il y a toujours des exceptions parmi ces universitaires ; certains (surtout les anciens lauréats des CNSM), en effet, pensent comme moi, mais jamais ils n'oseront l'avouer publiquement! Il ne faut surtout pas prendre parti publiquement contre un collègue "ami' ou prétendu tel (en privé, tous les coups sont permis, par contre ; et quel est le professeur - PR, et non le simple PRAG, comme moi - ou le maître de conférences en musicologie qui a été recruté sans piston, tellement les places sont chères en Fac de musico Vous avez toute ma sympathie!


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a ) Comment peut-on dire que l'expressivité en musique n'existe que depuis le XVIIe siècle alors que la littérature "historique" (jusques y compris l'épopée de Gilgamesh), la documentation historique dément une telle affirmation péremptoire. Côté musicologue, je dirai : interdit une telle idée. Et côté esthétique il paraît très curieux de pouvoir considérer qu'une musique ne serait pas expressive, ou simplement ne pas être "de l'art"... quoique

J'ai déjà répondu à cet argument dans un autre message très récent auquel vous pouvez vous reporter. L'expressivité (exprimer les mouvements de l'âme) à laquelle font allusion les compositeurs et les théoriciens de la fin du 18e me paraît sans commune mesure avec l'effet produit par les musiques antérieures, notamment la musique polyphonique. Il s'agissait de ma part d'une théorie, donc d'une proposition à caractère hypothétique, en aucun cas d'une affirmation péremptoire.

Mais dans la mesure où on se place résolument du point de vue subjectif (égocentrique) (cf. premiers messages de CF,) je ne vois pas en quoi savoir ce qui est plus grand et plus petit, meilleur ou pire a une quelconque importance, puisque c'est mon sentiment qui en décide.

La théorie selon laquelle seule l'expressivité (au sens large) doit être tenue en compte ne m'est pas propre. Elle s'est imposée pendant le 18e siècle en France. Du Bos, Coquéo, Chastellux, Estève... ont contribué à cette théorie (voir l'ouvrage de Belinda Cannone sur l'évolution des idées sur la musique au 18e siècle en France). En Allemagne, elle se développa également sous le terme d'Emfidung et sans doute dans toute l'Europe. La formule de Sulzer (1771) est demeurée célèbre. "La composition qui n'exprime pas de manière intelligible quelque passion ou mouvement de la sensibilité n'est qu'un fruit superflu." Il est peut-être possible de se réclamer de ce mouvement qui s'empara de l'Europe pendant plus d'un siècle tant sur le plan philososphique que musical sans pour autant passer pour un égocentrique forcené. J'ajouterai que la réaction "intellectuelle" qui s'ensuivit au 19e siècle (dont le culte de Bach n'est à mon avis qu'un aspect) intègre en fait cette théorie, mais tend à parer de cette vertu d'expressivité des oeuvres qui, raisonnablement, sont d'ordre didactique et n'ont apparemment pas eu pour intention d'exprimer une quelconque expressivité. C'est ainsi que les auteurs du 19e et même du 20e s'évertuent à montrer que "l'art de la fugue" est une oeuvre plus expressive qu'un concerto de soliste de l'époque visant justement aux effets expressifs.

La question reste du pareil au même à l'identique et inversement égale quand on prétend vouloir faire "table rase". Alors faisons table rase, et posons que l'harmonie tonale n'est ni le début ni la fin de l'histoire.

Après la table rase, il n'est pas interdit de reconstruire une théorie, n'est-ce pas le principe du "Discours de la Méthode"?

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en gros il ne faut pas jouer du bach..., vision un peu sommaire a mon gout de l'oeuvre de bach, peut etre que vous ne la comprenez pas suffisamment pour pouvoir la critiquer...

Pour chaque compositeur, mes critiques n'abordent qu'une partie de leur oeuvre et nécessairement c'est insuffisant pour affirmer un jugement global sur le compositeur. Du reste, à propos de bach, mes critiques ne sont relatives qu'à son oeuvre instrumentale - donc une partie relativement limitée de son oeuvre - puisque critique-musicale.com est dédié uniquement à ce genre musical.

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FIN DES MESSAGES PERSONNELS


Sommaire des messages

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