SOMMAIRE



MESSAGES DE LISTES 2006

MUSIQUE ET BRUIT - KODALY
J'ai la même appréciation négative sur ces sonates pour violoncelle de Kodaly, cependant je n'irai pas jusqu'à les qualifier de bruit. Quel terme utiliserait-on après cela pour décrire la "musique" de Boulez :-) C'est vrai que les oeuvres parfaitement tonales peuvent se rapprocher de l'incohérence - donc du bruit - si elles n'expriment pas de thématique définie. Le thématisme, ou moins restrictivement le motivisme, serait la définition la plus exacte de l'oeuvre musicale. Comme exemple d'oeuvres athématique, mais motiviques, je donnerais les "Pièces caractéristiques" de Clementi, un exploit de déstructuration du matériau thématique à cette époque. Comme exemple de dilution subtile du thématisme, mais sans que cette trame ne disparaisse, je donnerais la Symphonie n°6 de Martinu. Et comme exemple d'athématisme et d'amotivisme tonal ces Sonates de Kodaly, ce qui ne m'empêche pas de considérer ce compositeur comme un des figures dominantes du 20e siècle, beaucoup plus que son compatriote Bartok... à propos duquel j'utiliserai sans remords le terme de bruit pour caractériser ses "oeuvres".

SAINT-SAËNS HOMME DE GAUCHE? - DEBUSSY ET LA POLITIQUE - D'INDY
Debussy anarchiste d'extrême-droite, c'est bien connu, c'est ce qui fait son charme. Il manifestait même des réactions franchement xénophobes, si j'en crois ses biographes, notamment Barraqué, mais Saint-Saëns homme de gauche, c'est une plaisanterie. Après avoir lu de manière très détaillée sa biographie par Camille Bonnerot qui l'a connu en personne et qui fut son exécuteur testamentaire, je puis vous dire que Saint-Saëns passait pour un homme situé très à droite, ce qui ne l'a pas empêché d'être progressiste et novateur sur le plan musical. On pourrait en dire de même de Debussy. Quant à d'Indy, il cultivait une image de fin aristocrate. Je pourrais lui vouer une certaine admiration, eu égard à mon penchant pour la noblesse, mais j'avoue n'avoir jamais écouté un oeuvre de lui qui m'ait ému. C'était (dans les oeuvres que je connais de lui tout au moins) à mon sens un homme de système, un scholiarque froid,  méprisant qui n'avait pas l'âme de ses ambitions.

MOZART ALLEMAND?
Si le compositeur [Mozart] se disait "allemand", c'était à cause de la langue, de la culture et de la musique allemandes, dites-vous (d'après cet auteur). Une estimation, oui, bien fragile, car cet auteur me semble commettre une erreur historique, celle de croire qu'à l'époque de Mozart la musique allemande était prééminente et considérée comme telle. L'erreur de perspective consistant à présenter la musique allemande dominante au 18e siècle n'est apparue qu'au milieu du 19e siècle lorsque l'on a précisément occulté les grands maîtres italiens au profit des germaniques, et qu'on a ignoré l'importancve des compositeurs tchèques et hongrois (notamment) à Vienne même. Rappelons qu'à l'époque de Mozart la musique italienne dominait encore largement l'Europe, raison pour laquelle sans doute Mozart se donna, à une certaine époque le nom italien d'Amadeo (d'après Martine Cadiou), suivant en cela une coutume qu'ont adoptée bien d'autres compositeurs.

MOZARTMANIA
Je viens de voir un reportage sur la 2e (ou 1ère ?) chaîne (en France). La mozartmania devient un véritable phénomène de consommation. Tout se vend sous le signe de Mozart. On prévoit des ventes de CD record. Qui, après cela, pourra prétendre qu'il existe un lien entre intérêt musical réel des oeuvres et vente lorsqu'on peut provoquer une telle marée par la seule magie d'un anniversaire. Le Directeur de l'Opéra de Paris a été interveiwé. Il a été intarrisable pour célébrer le génie mozartien et signalé que les thèmes (littéraires) des opéras du compositeur étaient particulièrement modernes et éternels... (en substance). mais, les thèmes littéraires des opéras sont dus, me semble-t-il, aux librettistes. Alors qui est génial, Mozart ou les librettistes? J'ai compris, le nom de Mozart par lui-même suffit à transformer en génie tout ce qui le concerne. Comme je l'ai toujours dit, on peut être certain de la valeur réelle d'une oeuvre musicale uniquement lorsque son compositeur est peu connu, ce qui est le cas pour quelques-unes des plus célèbres. Et on en est encore plus certain lorsque ce compositeur est méprisé...

ANTHEIL - ALKAN - FANELLI
Assez peu de matière ce mois-ci sur critique-musicale.com. Alkan op 31, oeuvre que j'ai déjà présentée sur cette liste. (CD Marco Polo par Laurent Martin). Un pseudo-moderne (voir mes messages précédent sur la signification très complexe et subtile du préfixe "pseudo" - surtout lorsqu'il est appliqué à l'atonalisme) : George Antheil, post-ravélien, si l'on veut absolument lui accoler une étiquette. Il fait mieux que Ravel, mais je ne considère pas que cela soit suffisant pour en conseiller l'audition. Quelques pièces se distinguent où le compositeur manifeste un sens de la virtuosité moderne assez accomplie - bien mieux que Ravel, si on compare aux pièces pour piano du maître. Je reconnais cependant que cette bravoure instrumentiste pleine de panache apparaît dans ses concertos et qu'il est un des rares à avoir tenté de concilier la virtuosité et le modernisme. (George Antheil Bad boy of music avec Marthanne Verbit au piano Albany record). Reste Fanelli à propos d'une oeuvre sur laquelle se sont extasiés les membres d'un certain forum : Tableaux symphoniques sur le roman de la momie d'après Gautier Slovak Symphony Orchestra (Adriano). J'avoue demeurer sceptique. Un autre type de "pseudo" qui évolue d'un affect pseudo-classique à une dynamique fatigante pseudo-atonale. Une tentative réelle pour créer une atmosphère, mais qui me paraît s'enliser dans le vide et l'indéterminé. La Rhapsodie cambodgienne donne une image plus positive du compositeur sur une thématique beaucoup plus classico-romantique.

TRIO DE SAINT-SAËNS
Il avait déjà écrit 2 trios avec piano, un sextuor, (avant les quatuors il me semble, mais à vérifier), donc je ne vois pas trop ce qu'il avait à prouver, mais peut-être pensait-il que le quatuor était une forme noble par excellence illustrée par de "grands" noms. Un trio avec piano, à mon avis, présente des difficultés compositionnelles certainement supérieures à un quatuor à cordes classiques, car le piano (surtout dans le cas de Saint-Saëns) n'y joue pas un rôle d'appoint comme pourrait le faire un violoncelle ou un alto. Il est vrai aussi que dans le quatuor op 79 (de saint-Saëns), le piano est traité dans un mode solistique avec des traits de virtuosité impressionnants. Est-ce un véritable quatuor? Saint-Saëns décidément, ne traite jamais les genres selon la tradition, mais selon une conception très personnelle qui ne reconnaît aucune orthodoxie.

ARTICLE SUR JANKÉLÉVITCH ET LA MUSIQUE
Cet article intéressant permet de comprendre comment chez un mélomane (ou  un auteur averti comme Jankélévitch) fonctionne le jugement musical. En premier lieu, on remarquera qu'il n'est jamais question d'oeuvre, mais de compositeur, dès l'ors nous nous trouvons en plein dérapage idéologique, qui exclut l'impression musicale réelle et inclut des considérations politico-idéologiques. Cependant, sur le plan philososphique, il est improtant de remarquer la réflexion de Jankélévitch sur la problématique de la "profondeur" et la réaction fondamentale des Intellectueles sur les oeuvres artistiques. Dans "La musique et l'ineffable", Jankélévvitch remonte jusqu'à Socrate pour remarquer que les philosophes sont généralement des contempteurs de l'art, de l'émotion, tout ce qui échappe à leur sphère ou la concurrence. C'est un point fondamental que l'article ne met à mon avis pas suffisamment en lumière. Concernant la focalisation sur certains noms de compositeurs de la part de Jankélévitch et l'éviction de certains autres, il y aurait naturellement beaucoup à dire...

SUR SWANG A PROPOS D'ECHENOZ SUR RAVEL
Je dis immédiatement que je n'ai pas lu l'ouvrage, mais je réagis sur quelques commentaires de Gérard Zwang, auteur d'une recension sur cet ouvrage d'Echenoz concernant Ravel:

"Le triste sort [des génies de la musique] suscite un apitoiement  qui passe au premier plan de l'intérêt qu'on leur porte, occultant l'essence même de leur musique" Et plus loin: "Des gens qui ne savent à l'écoute distinguer une symphonie d'un quatuor n'ignorent rien de la phtisie de Chopin, de la folie de Schumann..." Je me sois toujours élevé contre l'influence du contexte extra-musical dans le jugement sur les oeuvres, et je me demande si fondamentalement la lecture même du sens global sous lequel est perçue l'oeuvre d'un compositeur n'en est pas irrémédiablement tributaire, en particulier de la part de ceux qui s'élèvent justement contre le réductionnisme par le contexte extra-musical. Je prendrais comme exemple Beethoven. On a situé chez lui l'avènement de la musique comme médium philosophique, comme volonté de signification dans la théorie romantique de l'art total, comme signifiant du moi profond en rupture avec la conception "divertissante" de la musique. Ce sens est-il réellement inscrit dans les oeuvres de Beethoven?  Ne le concevons-nous pas ainsi uniquement parce que Beethoven lui-même l'a revendiqué - en une sorte d'effet Pygmalion inverse - alors que nous serions bien embarrassé de savoir ce qu'a pu penser Dittersdorf de ses propres oeuvres. Ne faut-il pas manier avec prudence cette tendance interprétationniste qui crée du sens en substituant une pensée supposée à l'existence d'effets musicaux réels, mais indifférenciés et a-conceptuels. Poursuivons notre lecture et c'est là que l'on arrive à Ravel:

"Pour les commères, il [Ravel] est l'auteur de l'illustrissime mais unique Boléro."

Quoique je ne réduise tout de même pas Ravel au Bolero - j'apprécie au moins les 2 concertos - j'avoue que pour moi le Bolero est certainement la meilleure réussite de Ravel (j'imagine le tollé d'un tel jugement sur un certain forum concurrent) Et j'espère pour autant qu'on ne m'assimile pas à l'état de commère, mais sait-on jamais. Quand, enfin, les Intellectuels pourront-ils se distinguer sans pour autant mépriser les oeuvres illustres, même celle de leurs héros? Et naturellement, l'on ne nous épargne pas l'image tant de fois ressassé du Ravel qui fait pleurer malgré son "implacabilité terrifiante". Il semble parfois que la légende se perpétue et masque la réalité des effets musicaux qu'il faut absolument passer par le crible déformant de l'Intellect, qu'il faut réduire à une réaction psychologique normative. La musique ne peut-elle se suffire à elle-même sans qu'on soit dans l'obligation de la charger d'un fardeau encombrant de messages arbitraires. Et c'est ainsi que l'histoire de la musique devient une mythologie et les compositeurs des héros, qu'on peut les "intégrer" dans la culture. Mais qu'est-ce que la culture. Chacun a donné sa définition. Pour moi, la culture est relative "La culture, c'est savoir ce que les gens cultivés savent".

VIOTTI - MAHLER
Viotti, Mahler au programme de ce mois sur critique-musicale.com. Viotti tout d'abord, une série de concertos: 17, 15, 9, 25, 26, 10. Viotti ou le difficile relèvement de la musique concertante depuis l'époque galante. Viotti ou la laborieux effort vers le lyrisme virtuose. Jamais réellement accompli, jamais pleinement atteint. Pour donner un titre à la manière de Benoit-Méchin, on pourrait dire: Viotti ou la transcendance impossible. Viotti ou l'accomplissement brisé... Un poids retient le compositeur à la recherche d'une libération qu'il ne trouve pas. Virtuosité sérieuse, thématique sérieuse. Qu'est-ce qui sauve cependant Viotti: un sens du mélodisme, du thème solide, bien loin des vaines acrobaties violonistiques. Aussi on ne comprend guère que ce compositeur ait été l'objet de diatribes aussi virulentes, lui qui est sans doute plus sérieux qu'un classique. La texture musicale d'un concerto de Viotti étonne. Pourquoi autant de superpositions orchestrales pour accompagner les soli, pourquoi autant d'habillage symphonique jusqu'à nuire à l'éthique même du genre concertant? L'orchestre, c'est bien sans doute le souci permanent de Viotti. Pourtant là aussi, il ne réussit qu'à moitié. les nouveautés hallucinantes d'un Dittersdorf sont bien loin de l'utilisation mesurée et prudente des effets qu'il réalise. Mais la conception moderne du concerto de soliste est là, celle d'un orchestre omniprésent qui rivalise avec le soliste sans cependant l'étouffer. L'antithèse de ce que sera Paganini. non que l'orchestration doive être négligée chez ce dernier, ni qu'elle ne s'affirme par aucune originalité, mais Paganini ne mêle pas aussi intimement les registes du violon soliste et de l'orchestre. Que choisir dans cette série de concertos qui ne se haussent pas tous au sommet du génie. Pour ma part, ce sera le 1er mouvement du 17 et le premier mouvement du 9. Ils cumulent à mon sens un lyrisme certain ainsi qu'une densité thématique remarquable. Viotti atteint même parfois le surpassement du lyrisme et il nous propose des effets thématiques d'une nouveauté indéniable, mais, selon sa nature, il procède toujours par degrés, sans jamais donner dans la péroraison, sans déclamation. D'une manière presque feutrée, sans éclat. Voilà, pour ceux qui seraient intéressés par le développement violonistique à la charnière entre le 18e et le 19e siècle. Franco Mazzena (soliste et chef) Symphonia Perusina Sur la symphonie n°3 de Mahler, je ne m'étendrai pas, un ensemble pour moi bien triste, des effets qui me paraissent assez communs, parfois faciles. Et ce mois-ci une nouvelle chronique qui vilipende, vous ne devineriez jamais qui: les Intellectuels.

RIMSKY-KORSAKOV - BRUCKNER - KOZELUCH - DUSSEK
Evgeny Svetlanov\State Symphony Orchestra of Russia - The mad of Pskov Ouverture The tsar's bride Ouverture - Rimsky-Korsakov. Pour moi, vraiment ce qu'il y a de plus fouillé sur le plan orchestral, de plus génial sur le plan musical. Lorsque la musique devient image, pensée, expression pure, lorsqu'on oublie que ce medium est composé d'instruments matériels. Un souvenir me vient: un tableau de Degas représentant la fosse d'orchestre, en bas les instruments, les trognes vultueuses des musiciens, au-dessus les danseuses en tutu, les corps élancés, les étoffes aériennes. Télescopage navrant du rêve et de la réalité. Le rêve pourtant évoqué par le jeu de cette réalité. La musique, est-ce cela, cette mécanique terriblement matérielle, ce fonctionnement organologique composé de soupapes, de cordes, de caisses, de pistons. Ce que réussit justement Rimsky, c'est de nous permettre d'oublier cette matérialité pesante pour rejoindre la sublimité pure, la plus légère qui soit, la plus évanescente. La science orchestrale, tellement elle est aboutie, parvient à se faire oublier elle-même. On oublie que cette beauté supérieure est produite par des violons, des trombones, des flûtes, des cymbales. Et puis, c'est plus que cela. C'est aussi le rhapsodisme, tellement intégré, tellement naturel qu'il est indissociable de l'oeuvre, il en est la pâte même. L'appellation de "musique rhapsodique" n'a plus de sens. Une fois de plus, Rimsky, ce magicien du son parvient à me captiver, à m'étonner. Il faut absolument écouter ces ouvertures relativement peu connues, ne pas se limiter à Shéhérazade ou au Capriccio espagnol. Bruckner, Symphonie n°1: pour moi une excellente symphonie. Pas le même univers symphonique, c'est évident. Mais comparer ces deux chefs-d'oeuvre, est-ce que cela aurait un sens? Finalement, malgré la marque wagnérienne, malgré la considérable évolution de l'instrumentation, de sa mise en oeuvre depuis la fin du 18e siècle, on reste ici dans le post-viennois. L'exploitation des masses sonores reste prépondérante sur celle de la couleur instrumentale. La couleur instrumentale dans les oeuvres italo-germaniques, ce n'est jamais de la vraie couleur instrumentale, c'est une intégration qui transfome le son en catégorie sémiologique. La sensualité est absorbée par le filtre de la pensée spirituelle. une élaboration supérieure diront certains, une désubstantialilisation négative diront d'autres. Cette symphonie n°1, une symphonie un peu trop aboutie à mon goût, de la part d'un compositeur que l'on croirait déjà fini. Une symphonie qui pourrait être la dernière, presque un testament. J'ai toujours pensé que les premières symphonies étaient un aboutissement non un commencement. Voilà donc pour cette symphonie de Bruckner que je recommande aussi. En revanche, je vous épargne ces oeuvres concertantes pour piano de l'époque galante (Kozeluch, Dussek) qui finissent par me désespérer. Rien à en tirer. L'autosatisfaction dans toute sa splendeur. Irritante, révoltante, horripilante, assommante. On se demande parfois si les compositeurs de cette époque n'exprimaient pas un certain cynisme ou une complaisance malsaine dans la bassesse. J'estime même que c'est un attentat à la dignité de l'art musical. Cela me met hors de moi. En ce qui concerne le Concerto pour 2 piano op 26 de Dussek, j'exagère un peu, oui, mais à mon sens une oeuvre limitée, une oeuvre qui refuse de franchir le palier séparant le convenable du supérieur. La musique galante, esthétique inverse de la musique moderne, qui la rejoint par le rejet de l'affectivité, l'horreur du génie. La musique moderne, c'est l'objet de la chronique "Ce que suggère la musique atonale". Musique atonale, n'est-ce pas un oxymore? IMPORTANCE DE STRAVINSKY
Mais puisque François J. nous dit que Stravinsky est joué, alors admettons. Tout de même, est-il interprété autant que pourrait le laisser penser son importance dans les ouvrages où il est présenté comme le grand prêtre du modernisme dominant tous ses concurrents? Cela dit, il faut effectivement distinguer les oeuvres "modernes" de Stravinsky de celles datant de la période dite "russe", si je ne me trompe. Mais, même sur la période "russe", si période russe il y a, je demeure dubitatif sur certaine oeuvres. L'oiseau de Feu ne me donne pas la nausée (non, cela ne va pas jusque là), mais cette pirouette d'un compositeur qui semble vouloir se rendre intéressant à peu de frais me laisse assez sceptique. En revanche, on le sait, j'admire Pétrouchka qui me paraît d'une autre trempe.

AVANTAGES DONT BÉNÉFICIENT LES PARTISANS DU MODERNISME MUSICAL
Vous ne saisissez pas l'avantage que retirent les partisans de l'atonalisme à soutenir leur idéologie! Pour ceux qui n'ont pas de talent musical réel, c'est payant de maintenir cette bulle grassement rémunérée par des subsides publics. Et ils en retirent aussi la considération sociale. Quand aux "mélomanes" admirateur de la musique atonale (une frange restreinte), eux, ils en retirent aussi un certain prestige, celui des "mélomanes supérieurs", et donc une certaine considération sociale. Egalement, ils ont peur d'être considérés comme ringard s'ils n'approuvent pas l'atonalisme et là, dans l'esprit actuel, c'est l'affront qui tue.Vous savez, je me demande dans notre société si tout n'est pas déterminé par l'intérêt, ce qui expliquerait la perduration d'un phénomène des sectateurs de l'atonalisme sous couvert de défendre une idéologie.

MUSIQUE SOVIÉTIQUE - GLIERE
Je ne sais pas ce que vous entendez par des oeuvres réalistes et socialistes, mais pour moi certaines oeuvres de Gliere atteignent le raffinement suprême en ce qui concerne le style post-romantique, avec même un excès de subtilité et de complexité. La texture de son orchestration se perd parfois en des méandres et des louvoiements qui en brisent l'impact. Mais des oeuvres sommaires comme la plupart de celles de Chostakovitch ou même relativement plus simples, de la part de Gliere je n'en connais pas. Il aurait peut-être même amélioré son style en adoptant une plus grande simplicité. Je ne vois pas comment on peut lui reprocher ce qu'il n'est pas. C'est comme si on reprochait à Harpagon son excès de prodigalité ou à Tartuffe son excès de probité. Cela dit, je reste prudent car je suis loin de connaître tout Gliere et peut-être a-t-il par ailleurs écrit des oeuvres très différentes des symphonies que je connais de lui. En tous cas, ce serait totalement opposé à son génie propre, des oeuvres erratiques (si comme vous dites elles existent). Et je voudrais dire pour terminer que le retour au mélodisme simple apparaît en Russie au 20e siècle comme la prolongation de l'effet anti-impressionniste amorcé par le Groupe des Six en France sans qu'il n'y ait jamais eu d'intervention prétendument réaliste ou socialiste. J'en reparlerai bientôt à propos de Kabalevsky. Gliere est l'illustration de l'indépendance totale que pouvait avoir un compositeur à cette époque sur le plan stylistique à partir du moment où il ne se mêlait de ce qui ne le regarde pas en tant que compositeur, c'est-à-dire de politique.

KABALEVSKY SYMPHONIES
Je ne partage pas vraiment votre opinion très lapidaire sur la 2 qui pour moi est une synthèse de ce que la musique russe a produit de meilleur, une fusion du rhapsodisme et du nouveau style expressionniste. Cette symphonie, pour moi une oeuvre unique, exceptionnelle, surtout le dernier mouvement (qui n'est pas présent dans tous les enregistrements. Il a dû y avoir des révisions de l'oeuvre par le compositeur (?). La référence à Myaskovsky m'étonne un peu par rapport à ces oeuvres. Mais si vous dites que la 4 est meilleure que les 2 premières, alors, cela ne peut que m'allécher. La 3 qui ne serait pas enregistrée, une catastrophe pour un tel compositeur qui a autant marqué la musique soviétique, mort à peine il y a une dizaine d'années à peu près, je crois. Cela ne me donne pas une opinion favorable des éditeurs quand je pense à la masse de musique moderne imbuvable qui est éditée. Dans notre société, l'art véritable n'est pas reconnu. Ou simplement par hasard. Merci d'évoquer Kabalevsky qui sera l'objet de la prochaine remise à jour de critique-musicale.com. Heureusement que vous êtes là pour nous évoquer les sommets de la musique soviétique qui sont pour moi, très souvent, les sommets de la musique du 20e siècle, pas spécialement en tant que musique soviétique, mais en tant que musique russe, et même plus simplement en tant que musique. C'est bien souvent par la singularité qu'on atteint l'universalité. Le rhapsodisme, ne cessè-je de répéter, a été le moteur de l'évolution musicale au 20e siècle. Comme par hasard, un grand esprit (je ne sais plus qui) a dit que le 20e siècle n'était que la prolongation du 19e...

KRAFT CONCERTOS POUR VIOLONCELLE
Kraft (Anton) concertos pour violoncelle op 4 Concerto Seydel, Polonaise op 2 (Mikulas) Prague Symphony Orchestra (Josef Hrncir) soliste: Jiri Hosek CD Panton 1995 Une grande date pour moi: premiers concertos pour violoncelle qui me paraissent dignes d'intérêt. Que dis-je, plus que cela, sublimes. Mes critiques sur les oeuvres pour violoncelle: un jeu de massacre, il faut bien l'avouer. J'y trouvais naturellement un certain plaisir. Le principal intérêt de la critique musicale pour moi, chacun le sait: excercer mon cynisme à l'égard des oeuvres médiocres, surtout si elles sont signées par des grands noms. Mais le jeu finissait par devenir lassant. Alors, Anton Kraft, que je sacre personnellement Paganini du violoncelle, cela ne peut que me réjouir. D'autant plus de mérite, Kraft, que l'instrument ne me semble toujours pas plus digne d'être élevé au rang de soliste. Qu'il demeure en second rôle dans le quatuor classique, c'est pour moi plus conforme à sa vocation, mais qu'il manifeste des prétentions supérieures me paraît insupportable. Plus sérieusement, je dirais que le traitement de l'instrument par Anton Kraft (comme d'ailleurs par son fils Nicolas) me paraît le rehausser, mais ne révèle pas une spécificité réelle comme il en est de la contrebasse ou du violon. On pourrait s'étendre longtemps sur cette période charnière qui voit s'étioler le style galant et s'imposer peu à peu le romantisme, tant sur le plan symphonique que solistique. Les Kraft, père et fils, me paraissent avoir assez bien navigué entre les écueils, utilisant du passé ce qui n'était pas suranné et préfigurant bien l'avenir. A l'actif d'Anton, la notice du CD signale la réalisation de la partie de violoncelle du triple concerto de Beethoven (affirmation de Schindler). Certains adeptes du culte de la personnalité pousseront-ils le vice jusqu'à réviser négativement leur opinion précisément sur l'intérêt de la partie de violoncelle de ce concerto? Voilà pour ce mois. Le reste: Norgard, symphonies 2 et 4, pas génial. Musique atonale limite musique concrète. une statistique est publié dans Classica répertoire sur les compositeurs préférés des français. je donne simplement l'ordre des compositeurs en 2006: Mozart, Beethoven Vivaldi Chopin, Bach, Ravel, Verdi, Schubert, Tchaïkovski, Offenbach, Wagner, Debussy, Berlioz, Schumann, Stravinsky en 2001 Mozart Beethoven Vivaldi Bach Ravel Verdi Chopin Tchaîkovski Schubert Offenbach Wagner Debussy Berlioz Schumann Stravinsky Peu significative sans doute des oeuvres réellement appréciées et écoutées (il faudrait une statistique des oeuvres vendues), cette statistique peut se révéler intéressante si on la compare à l'importance des compositeurs dans les ouvrages. J'ai déjà fourni des statistiques là-dessus sur une vingtaine d'ouvrages de référence. Retenons qu'apparaît toujours dans ces ouvrages un quatuor de tête: Mozart, Bach, Wabner, Beethoven. devançant largement les autres prétendants. On le retrouve ici, mais en ordre dispersé et cette dispersion est étonnante car on voit figurer des compositeurs inattendus comme Offenbach (à la lisière de la musique classique). Dans le quatuor de tête apparaît ici Vivaldi qui se situe, si je me souviens bien d'après mes statistiques environ vers la 20e place dans les ouvrages. Signalons tout de même (mais c'est tellement évident) que la musique atonale est quasiment inexistante sinon par le biais de Stravinsky. C'est ce que je nommerais l'effet scandale dû au Sacre (interprétation personnelle). Pas trace des compositeurs fort appréciés par la nouvelle intellitgensia des mélomanes: Bruckner et Mahler. Depuis 2001, très faible évolution du panthéon.

CRITIQUE MUSICALE
Quant aux Variations de Salieri, on pourrait aller jusqu'à l'impressionnisme musical. Sibelius, il ne faut peut-être pas se focaliser sur les symphonies (à part la n°1 à mon avis), mais plutôt sur les poèmes symphoniques. Inégal, c'est sans doute vrai, mais aussi le style de la musique nordique est vraiment très spécifique et ne plaît pas à tous les mélomanes. 5 auditions avant de juger une oeuvre, c'était il y a quelques années. J'ai appris à être plus circonspect à la suite de quelques déconvenues: des oeuvres à propos desquelles je me suis aperçu que j'étais "passé à côté". Ma hantise. Je considère que j'ai une responsabilité à l'égard du compositeur comme à l'égard des mélomanes à qui mes lettres s'adressent. Ceci ne signifie pas que je prête une valeur universelle à mes jugements, mais au moins qu'ils soient conformes à ma subjectivité et ne soient pas faussés par une audition insuffisante, c'est déjà un premier point. Donc, aujourd'hui, une dizaine d'auditions me paraît le minimum et surtout j'essaie de rester quelques jours sans écouter l'oeuvre et je la reprends. Peut-être aussi ai-je parfois des difficultés de concentration dues à mes multiples activités. J'essaie néanmoins de faire au mieux. Les interprétations différentes: uniquement pour les oeuvres connues, du reste pour les oeuvres rares il n'existe bien souvent qu'une interprétation. C'est une limitation de la portée de mes critiques, effectivement, mais je suppose néanmoins que si une partition possède en elle-même une valeur intrinsèque, si le compositeur y a mis du génie, nécessairement ce génie sera tout de même plus ou moins perceptible dans l'exécution. quand il faut des prouesses d'interprétation pour rendre une oeuvre intéressante, cela ne signifie-t-il pas qu'elle est insuffisante en elle-même?

CONCERTOS DANOIS MALLING SCHYTTE SALOMON
Concertos danois Malling, Schytte, Salomon. Pas vraiment représentatifs du charme nordique, ces concertos. Sur ce plan, on trouve mieux - nettement. Sans revenir au Grieg - la référence - on pourrait citer les oeuvres symphoniques de Gade, écrites très tôt. Pourtant, ces concertos, pas totalement dénués de ce parfum si intense, si inimitable qui nous incite au rêve et à la nostalgie. Une réminiscence qui traîne, surtout dans le Malling, mais aussi dans le Salomon. on pourrait évoquer le 3e mouvement du Malling en forme de danse cosaque. Des concertos dans la lignée de Scharwenka. Un pianisme plus rude, contrasté que souple et nuancé. Au total, pas de révélation, des oeuvres qu'appréciera l'amateur de concertos rares. Pas l'ivresse du génie, mais bon, parfois une frénésie, un lyrisme réel. On peut se laisser emporter. Et puis, on pourrait citer, comme souvent, bien des oeuvres dont le compositeur est célèbre et qui ne les valent pas. De loin. Alors, pourquoi se priver d'écouter ces concertos danois? Le Malling surtout. Le Schytte, on pourra le laisser de côté. Quant au Solomon, pourquoi pas. Des velléités de modernisme, bien anodin pourtant. Ces deux oeuvres, finalement je les conseille malgré leur limitation (à ce qu'il me semble).



FIN MESSAGES 2006

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