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LETTRE-MÉLOMANE 2024-09


LÉGENDE DES APPRÉCIATIONS SUR LES OEUVRES


- : peu intéressant

* : assez bon

** : bon

*** : excellent

**** : exceptionnel


Exemple pour une oeuvre en plusieurs mouvements :

Concerto (*/*/-/*)

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FILLION Arnaud [Arnito] ()
ORCHESTRE
Kune (2024)  icone   (***/***/***/**/***/*/***/**/**/*/*)  icone
Kune est une magnifique œuvre pour orchestre, chœurs, solistes qui comporte néanmoins à mon avis des parties d'intérêt moins soutenu (les parties 6, 10, 11). Le compositeur utilise souvent de courtes cellules mélodiques répétées à la manière d'ostinati mélodiques, ce qui crée un effet spécifique (sans aller cependant jusqu'à la musique répétitive). Schubert avait notamment utilisé ce type d'effet dans sa symphonie 9 (la Grande) en répétant de courtes cellules motiviques sans variation. Arnaud Fillion enrichit cependant ces cellules par des motifs d'accompagnement instrumentaux. On peut signaler également de nombreux motifs à découvert égrenés à la harpe. La partie 1 témoigne de la maîtrise du compositeur dans les effets d'orchestration, présentant une amplification jusqu'au tutti de cordes, une partie qui pourrait parfois, notamment le début, rappeler la Symphonie 1 de Sibelius. Outre cette partie, on remarquera la partie 4 - possiblement la meilleure avec la 1 - qui souligne l'importance du rhapsodisme, présent également dans de nombreuses autres parties.
GRECHANINOV Alexander (1864-1966)
ORCHESTRE
Symphonie 5 G minor op 153 (1936)  icone   (**/*/-/***)  icone
Une œuvre d'intérêt inconstant, qui perd beaucoup en qualité en raison de thèmes mélodiques trop simplistes (nous sommes tout de même en 1936). L'orchestration est beaucoup plus proche du milieu du 19e siècle que de la fin de ce siècle. Le décalage temporel est donc important, en bien comme en mal. L'on trouve en effet des combinaisons symphoniques parfois complexes très réussies, d'une grande plénitude sonore, ce dont témoigne le dernier mouvement. En revanche, le scherzo (3e mouvement), ne parvenant jamais à s'éloigner de formule thémathiques primaires, me paraît un échec patent. Le 3e mouvement alterne des épisodes lents assez ternes à des épisodes rapides de meilleure qualité, néanmoins limités. L'œuvre, en définitive, vaut essentiellement par son excellent dernier mouvement et quelques épisodes dispersés dans le premier mouvement (thème principal) et le premier.
MONTGEROULT Hélène de (1764-1836)
PIANO
Fantaisie  icone   (***)  icone
Une fantaisie très dynamique et contrastée, d'une grande richesse thématique. Ce qui fascine le plus est certainement la stupéfiante richesse harmonique déclinée en suite d'accords complexes sans jamais de faute. Le résultat produit n'apparaît jamais surchargé, et ne romps jamais l'incisivité rythmique.
Sonata 9 (1811)  icone   (**/-/***)  icone
Une sonate tripartite qui vaut essentiellement par le thème principal de son premier mouvement et par l'ensemble du 3e mouvement, exploitant les notes répétées selon une grande richesse harmonique.
VORLOVA Slava (1894-1973)
CLARINETTE ORCHESTRE
Concerto op 50 [CLARINETTE BASSE ORCHESTRE À CORDES] (1961)  icone   (***/**/***)  icone
Slava Vorlova manifeste dans cette œuvre un sens aigu des effets musicaux, qu'elle applique au soliste autant qu'à l'orchestre. Très volubile, notamment dans une ample cadence soliste centrale du premier mouvement, la compositrice affirme une inventivité motivique permanent selon un affect principalement fantaisiste (ce qui convient à l'instrument), mais également lyrique. Curieusement, c'est surtout la tessiture aigüe qui est exploitée. On peut regretter une insuffisance dommageable de la tessiture grave, notamment dans le mouvement lent, qui est tout de même la particularité de la clarinette basse. De surcroît, de nombreux compositeurs de l'Europe de l'Est avaient crée une thématique propre pour la clarinette basse selon sa spécificité (Kabalevski, Khatchaturian...). L'orchestre, exploitant très bien les spécificités des cordes surajoute de nombreux effets. On peut regretter cependant une congruence harmonique qui n'est pas toujours pleinement assurée. Au final, un grand concerto dans un genre instrumental peu pratiqué.


ŒUVRE REVISITÉE
RAFF Joaquim (1822-1882)
ORCHESTRE
Symphonie n°7 In den Alpen (1875) (***/***/*/*)
Œuvre au style bucolique évident, c'est la Pastorale de Raff, et l'on y sent parfois (dans les thèmes du premier mouvement) l'influence de celle de Beethoven. Révélant un traitement orchestral plus léger que dans la Symphonie n°6, cette symphonie se caractérise par une grande richesse thématique, parfois amoindrie par la répétition des motifs. Le premier mouvement, très long, en est l'illustration. On y admirera particulièrement le début, d'une puissante originalité dans l'utilisation des timbales, et dont le style, préfigure parfois Sibelius. Le mouvement suivant exploite une même scansion rythmique très prenante entretenue jusqu'à la coda malgré l'utilisation de plusieurs cellules motiviques. Au centre, un motif en style de valse fait diversion. Quant au dernier mouvement, comme souvent chez Raff, il me paraît un déploiement orchestral un peu artificiel et convenu.



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À bientôt
Claude Fernandez


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