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CHRONIQUE n° 57 - 10/2004
POURRAIT-ON EXPLIQUER LES VARIATIONS DU JUGEMENT
SUR LES OEUVRES MUSICALES


Une oeuvre qu'un auditeur trouvera sublime laissera indifférent un second et pourra même être exécrée par un troisième. La contradiction des jugements conduit naturellement à penser que l'oeuvre musicale possède une valeur relative. Mais la conséquence n'est-elle pas que l'oeuvre n'aurait aucune valeur intrinsèque? ce qui impliquerait que l'art lui-même serait dépourvu de valeur. Ainsi, il n'y aurait pas de chefs-d'oeuvre, tout se vaudrait. La reconnaissance d'une qualité objective à l'oeuvre artistique implique donc d'admettre, contre les faits observés, le caractère absolu de sa valeur. Une analyse plus attentive de cette contradiction pourrait permettre de la lever. Tout d'abord, au niveau individuel, les variations de jugement pourraient s'expliquer essentiellement par notre difficulté à juger les effets que produisent sur nous ces oeuvres ainsi que par les préjugés qui faussent notre jugement exprimé, voire notre impression. Ainsi, la relativité de la musique si chère à Cuvellier pourrait n'être qu'une illusion. Les relativistes voient également une confirmation de leur théorie dans les spectaculaires variations du goût au cours des périodes historiques. La valeur esthétique est une valeur sociale, nous dit Charles Lalo, cependant cette variabilité nous rendrait les oeuvres du passé inaccessibles pour privilégier les oeuvres contemporaines s'inscrivant dans une nouvelle modification du goût, Nous constatons au contraire l'inverse. On peut invoquer pour expliquer ces variations historiques du goût un phénomène de sensibilisation, d'unipolarité de l'intérêt qui rend notre esprit réfractaire à d'autres pôles d'intérêt (représentés chacun par un style ou une forme spécifique). Il s'agirait en quelque sorte d'une certaine incapacité de l'esprit à manifester une motivation ubiquiste pour des styles différents. La hiérarchie à l'intérieur des oeuvres d'un même style demeurerait inchangée. Il reste vrai, globalement, que les grands succès des périodes passées, lorsqu'ils n'ont pas été occultés par la déconsidération dont les ont couverts les littérateurs, se sont renouvelés au 20e siècle. Les Quatre Saisons de Vivaldi, comme oeuvre baroque la plus appréciée dans le monde, et le succès inégalée du Concerto n°1 de Tchaïkovsky, comme oeuvre concertante pour piano, n'en sont-ils pas les meilleurs exemple?


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