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CHRONIQUE n° 48 - 01/2005
MOZART DIVIN!


A-t-on le droit de parler d'infériorité à propos du divin Mozart? écrit Eugène Rapin. Les compositeurs reconnus n'ont-ils pas été définitivement enfermés dans un cocon sacré par la tradition, protégés par un respect cérémonieux, entourés d'une dévotion qui interdit toute considération objective de leur valeur, qui oblitère toute appréciation réellement ressentie de leurs oeuvres? Le même Eugène Rapin n'évoque-t-il pas un culte empreint d'une poétique et religieuse ferveur que les élèves doivent manifester à l'égard de la musique. Celle-ci en serait-elle réduite à une pratique sacerdotale où d'immuables brahmanes enseigneraient une vérité sacrée? La formule suivante d'A. Rubinstein, à propos du même Mozart, nous incline à penser qu'il en est bien ainsi:

Mozart a éclairé tous les genres de son rayonnement, il a mis sur tout ce qu'il a touché l'empreinte de la divinité

Certains auteurs, nous semble-t-il, adoptent un ton hagiographique lorsqu'ils abordent la musique. À l'inverse, certains esprits au XIXème siècle considéraient les musiques du passé comme des erreurs, des errements sans intérêt, nous dit F.J. Fétis qui s'en offusque. Alors qu'au début du XIXème siècle, les musiques du passé étaient souvent méprisées, notamment la barbarie polyphonique, la sacralisation du passé devint la pensée dominante à la fin de ce siècle.

Comment interpréter ce phénomène? La sacralisation du compositeur pourrait s'interpréter comme une volonté de récupération du génie de la part de ceux qui le combattent inconsciemment. Il semble qu'après une violente réaction visant à dévaloriser la musique au 17e siècle, les Intellectuels aient mué leur aversion en adoration. Ainsi, le rejet absolu et l'encensement excessif se rejoindraient pour nier l'Art. Autrefois, on me conspuait, aujourd'hui, on me noie sous les fleurs, disait Berlioz.


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