LÉGENDE DES APPRÉCIATIONS SUR LES OEUVRES
- : peu intéressant
* : assez bon
** : bon
*** : excellent
**** : exceptionnel
Exemple pour une oeuvre en plusieurs mouvements :
Concerto (*/*/-/*)
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GLIERE Reinhold (1875-1956)
DUO 2 VIOLONCELLES
Les 2 instruments, qui exploitent souvent l'aigu, (par exemple dans le Leggiero, le Capriccioso) montrent une grande volubilité. Gliere évite le style si souvent morne lié à ce genre instrumental, cependant la limitation propre au violoncelle, à mon avis, ne permet pas de hausser l'intérêt musical de ces œuvre au-dessus de celui d'études scholastiques, ce qui fut probablement l'intention de l'auteur. Le style est romantique
10 duos op 53 1912
1 Commodo (-)
2 Leggiero (-)
3 Con moto (-)
4 Vivace (-)
5 Andante (-)
6 Energico (-)
7 Animato (-)
8 Giocoso (-)
9 Andantino (-)
10 Capriccioso (-)
DUO 2 VIOLONS
Évoluant dans une tessiture très aiguë, les deux instruments affirment un jeu dynamique à la virtuosité cependant limitée. Les passages mélodiques alternent avec de nombreux passages harmoniques en doubles cordes (dans le second Andante, l'Allegretto, le Vivace final), parfois des bariolages (dans le Con moto). Le Poco allegro exploite un thème mélodique très expressif, repris sous forme dérivée dans le Con moto. Ces œuvres sont écrites dans un style purement romantique. Sur l'ensemble, il me paraît que Gliere n'exploite pas considérablement les possibilités instrumentales et surtout musicales de ce genre.
12 duos op 49 1909
1 Andante (-)
2 Andantino (-)
3 Andante (-)
4 Poco allegro (*)
5 Vivace (-)
6 Con moto (-)
7 Allegretto (-)
8 Con moto (-)
9 Andante (-)
10 Con moto (*)
11 Cantabile (*)
12 Vivace ()
DUO VIOLON VIOLONCELLE
Gliere ne se délivre pas, me semble-t-il, d'un style compassé, se limitant à un mélodisme un peu simpliste, parfois proche du prébaroque. Le violoncelle joue le rôle d'accompagnement, sauf dans le Scherzo où il alterne avec le violon. L'Etude, très courte, se distingue par sa virtuosité et son rythme frénétique. L'écriture demeure classico-romantique.
10 duos op 53 1912
1 Commodo (-)
2 Leggiero (-)
3 Con moto (-)
4 Vivace (-)
5 Andante (-)
6 Energico (-)
7 Animato (-)
8 Giocoso (-)
9 Andantino (-)
10 Capriccioso (-)
HARPE ORCHESTRE
Concerto mi mineur op 182 (***/***/***)
Cette œuvre rappelle très typiquement le style de la Ballade de Fauré ou de la Raphsodie symphonique de Turina avec ses thèmes d'une grande suavité. L'on atteint ici à mon avis un état de volupté presque orgastique. Gliere exploite naturellement les arpèges, si propres à l'instrument, mais ceux-ci ne se limitent jamais à créer un fond musical, une atmosphère, ils valent comme ligne mélodique. On ajoutera à cela comme dans la Ballade de Fauré les petits motifs aux bois, l'absence remarquable des cuivres dans un orchestre homogène recourant largement aux cordes. Le 2ème mouvement contient à mon avis un superbe crescendo ponctué par l'orchestre.
ORCHESTRE
Symphonie n°1 1900 (*/*/-/-)
Cette symphonie, par rapport à sa suivante, apparaît d'une facture beaucoup plus classique, d'un symphonisme moins subtil, moins coloré, moins rhapsodique. Dans le premier mouvement, un thème conducteur, en nuance forte, assez massif, s'épanouit entre des sections plus calmes. Le second mouvement, plus varié, apporte une plus grande diversité dans le traitement instrumental.
Symphonie n°2 C mineur op 25 1907 (***/*/**/*)
Dans cette œuvre au style grandiose, puissant et raffiné, Gliere semble insensible aux hypersubtilités de l'impressionnisme finissant qui caractérise son époque. Il déploie sans complexe un style d'une parfaite maturité romantique qui semble un aboutissement insurpassé. Si l'ensemble de l'œuvre se caractérise par un contenu thématique d'intérêt à mon avis très variable, elle contient de superbes pages d'une grandeur lyrique étonnante. Le premier mouvement affirme un thème sublime alliant paradoxalement un certain caractère grandiose et une tendance voluptueuse. C'est la recherche de puissance qui semble marquer ce mouvement par l'omniprésence du trombone doublé parfois par la timbale. On remarquera, en guise de coda, une réexposition dans un tempo lent du thème principal, particulièrement pathétique. Cette œuvre très cuivrée n'est jamais désagréablement dissonante ni cacophonique comme le seront un grand nombre d’œuvres symphoniques écrites au cours des décennies suivantes. Il faut également signaler une utilisation merveilleuse du rhapsodisme, notamment au début du quatrième mouvement par un thème d'allure cosaque. Le troisième mouvement est composé de sections séparées dont la thématique évoque plutôt le style symphonique des ballets.
Le pavot rouge ballet 1927 (***/*/**/*/*/**/**)
Gliere adopte dans ce ballet, grâce à une instrumentation spécifique, le style coloré des ballets russes et une thématique simple, s'appuyant souvent sur les danses folkloriques. Sans doute utilise--il les séductions un peu faciles du rhapsodisme chinois dans la Danse et la Danse chinoise, et même dans la Scène. La Danse héroïque des coolies, très orientalisante, doit être admirée par son originalité instrumentale.
Les cosaques zaporogues op 64 1921 (-/-/-/*/-)
Malgré l'originalité et la verve qu'on pourrait attendre d'un tel sujet (la fameuse lettre d'insulte envoyée au sultan), le style de Gliere à mon avis demeure assez terne, notamment sur le plan de la couleur instrumentale. Le quatrième mouvement, plus rhapsodique, affirme, me semble-t-il, des motifs plus captivants.
Les sirènes poème symphonique op 33 1908 (**)
Dans ce poème symphonique très suggestif, Gliere s'adonne sans complexe à un ultra-wagnérisme teinté de debussysme. L'épisode évoque le chant des sirènes et, peut-on imaginer, dans la finale, le fracassement du navire imprudent sur les rochers. Le compositeur utilise de longues tenues de cordes divisées associées notamment à la harpe, à la flûte... en un vaste crescendo. L'on peut se laisser hypnotiser par ces sirènes si l'on est un fervent wagnérien - ce qui est sans doute mon cas personnel - mais cette accumulation de subtilités symphoniques en un tempo figé peut aussi légitimement lasser. J'adopterai finalement un jugement critique intermédiaire. Peut-être y manque-t-il l'indicible charme féminin de ces sirènes à la voix trop grave, mais il est vrai aux griffes redoutables? Gliere nous plonge dans un univers glauque plus effrayant que séduisant.
VIOLON ORCHESTRE
Concerto G mineur op 100 1956 (***)
Cette œuvre présente un caractère mélodique très prononcé, dont la teinte, légèrement nostalgique et angoissante, évoque précisément celui de Glazounov et parfois le violonisme du 19e siècle, par exemple dans le Concerto de White. Un violon au lyrisme contenu, mais très expressif, dont la virtuosité, pourtant appréciable, ne s'impose pas immédiatement. Les motifs en double cordes, au centre, se conforment au même style harmonieux et peu contrasté, fluide et ondoyant. L'orchestration de Lyatochinsky, souple, évanescente, dans le même esprit, s'amalgame parfaitement au soliste, notamment par de nombreux motifs à la flûte, mais aussi des développements de tutti. C'est le même caractère mélodique que présente cet orchestre, évoquant quelque peu le symphonisme de Garofalo. Une orchestration sublime et l'on ne saurait dire, dans cette œuvre, si c'est Gliere ou Lyatochinsky qui se montre le plus subtil. L'ensemble de l'œuvre évoque un épanchement sans heurt qui serait la paix de l'âme parvenue à son état parfait de quiétude. Le début du 3e mouvement, exceptionnellement, nous plonge, par un motif rhapsodique grave et rhapsodisme dans une expression plus inquiétante, mais qui se résorbe ensuite dans un mélodisme plus serein. Le Concerto de Gliere représente sans doute une des œuvres les plus néoclassiques de son époque, il demeure pourtant marquée d'un empreinte originale issu du romantisme russe tardif dont on a sans doute trop vite déconsidéré l'importance et la valeur.
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