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LETTRE-MÉLOMANE 2024-03


LÉGENDE DES APPRÉCIATIONS SUR LES OEUVRES


- : peu intéressant

* : assez bon

** : bon

*** : excellent

**** : exceptionnel


Exemple pour une oeuvre en plusieurs mouvements :

Concerto (*/*/-/*)

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LACHNER Franz (1803-1890)
ORCHESTRE
Symphonie 4 (1834)  icone   (***/**/**/*)  icone
Lachner signe avec cette symphonie 4 une grande œuvre qui n'est cependant pas exempte de défauts. À l'actif du compositeur, un grand déploiement symphonique manifestant une utilisation de la couleur instrumentale très poussée, hardie, des contrastes saisissants, mais une manière un peu rude, brutale, dépourvue de nuances et surtout des insistances rythmiques trop accusées mariées à une tendance à l'expansion fuguée. Ces caractéristiques négatives sont propres aux œuvres romantiques de la 1e moitié du 19e siècle, mal dégrossies généralement. Le premier mouvement, grandiose (23 minutes environ) parvient à conserver l'intérêt par sa richesse thématique et un art de la variations consommé. dans une moindre mesure, les 2e et 3e mouvement, de structure plus systématique, affirment d'excellents thèmes. En revanche, le dernier, quoiqu'il ne soit pas dépourvu d'intérêt thématique, loin de là, verse trop dans la répétitivité rythmique et les effets trop rudes.
NOSKOWSKI Zygmunt (1846-1909)
ORCHESTRE
Symphonie 1 (1875)  icone   (***/**/***/*)  icone
Une œuvre s'inscrivant dans le pur style romantico-classique malgré une date de composition relativement tardive. Néanmoins, elle bénéficie généralement d'un intérêt thématique bien affirmé. Le traitement symphonique, vigoureux, malgré sa densité, ne tombe jamais dans une surenchère instrumentale négative, lourde ou dysharmonique. Le premier mouvement impose des développements motiviques très subtils selon un rythme très enlevé et c'est certainement le meilleur mouvement. Le 3e mouvement (Vivace), alternant un motif de scherzo et un motif plus lent, exploite bien ce contraste. Le dernier mouvement, dynamique, tombe parfois dans un rythme systématique à tendance contrapuntique. En conclusion, une symphonie dense qui mérite une audition approfondie malgré un traitement stylistique sans surprise.


ŒUVRE REVISITÉE
SIBELIUS Jean (1865-1957)
ORCHESTRE
Symphonie n°1 (1911) (****/****/****/****)
La Symphonie n°1 de Sibelius représente certainement un des sommets de la musique symphonique au même titre que Lemminkainen in Tuonela. L'œuvre utilise certains effets orchestraux tirés de Beethoven, mais quel chemin parcouru entre l'orchestration à mon avis simple, primitive, encore parfois grossière, parfois bruyante qui était celle du début du XIXème siècle et la maturité absolue affirmée par Sibelius. Ici, nul effet de clinquant. Nous sommes tout à l'opposé de la vulgarité, des effets parfois facile. Partant de Beethoven, Sibelius a créé, avec le concours cependant de Grieg, mais aussi de Gade, Rimski, une musique impressionniste dont les effets sont très différents de Debussy. La Symphonie n°1 repose sur une solide thématique, bien qu'elle soit indéfinissable, comme par exemple dans la superbe introduction aux flûtes (1er mouvement). Il faut ajouter que Sibelius n'omet pas d'exploiter la musique folklorique des pays nordiques, proche du folklore slave. Les échos lointains de cloches (1er mouvement) peuvent évoquer quelque village perdu dans la nature nordique. Nous pouvons imaginer des paysages enneigés où se mêlent des elfes et des créatures fantastiques à peine entrevus dans la profondeur d'un lac magique. Les crescendos pourraient évoquer quelque combat titanesque. La dernière partie pourrait évoquer les larges horizons, le ciel, la mer, l'infini. La dernière cadence orchestrale semble nous transporter dans un monde éthéré de pureté et de beauté totale. Le plus étonnant, c'est l'extrême mobilité thématique de la pensée du compositeur. Dans cette œuvre, Sibelius recourt rarement aux cuivres, principalement au bénéfice des bois, (notamment par des alternances très rapides de petits motifs), les cordes conservent une importance primordiale.



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À bientôt
Claude Fernandez


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