LETTRE-MÉLOMANE 2023-04
LÉGENDE DES APPRÉCIATIONS SUR LES OEUVRES
- : peu intéressant
* : assez bon
** : bon
*** : excellent
**** : exceptionnel
Exemple pour une oeuvre en plusieurs mouvements :
Concerto (*/*/-/*)
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PRICE Florence (1887-1953)
ORCHESTRE
Mississipi Suite (1934)

(***)
Magnifique œuvre de Florence Price qui s'inscrit dans le style de la suite éponyme de Ferdé Grofé (datant de 1926). Les même principes sont à l'œuvre: un style totalement classicisant, souvent très mélodique, une utilisation très poussée du folklore américain très spécifique du nord de l'Amérique du nord. L'on y reconnaît certaines parties à tendance jazzée, mais ce n'en est pas l'essentiel, qui se trouve dans l'harmonie et les thèmes mélodiques, notamment aux cordes. L'on peut y ajouter des effets très spécifiques, notamment des glissandi étonnants. Les nombreux motifs lents, notamment aux cuivres, pourraient évoquer le style de Sibelius. L'orchestration de la compositrice révèle une grande subtilité et une grande culture musicale. Les passages lents alternent avec des passages plus lyriques en forte où l'utilisation des percussions n'est jamais outrancière. Le pouvoir évocateur de ce style, par son rhapsodisme, permet à l'auditeur de s'imaginer in situ sur le bord du fleuve et d'assister aux scènes décrites. Les mêmes effets se rencontraient chez Ferdé Grofé, de manière plus poussée dans le sens de l'imitation des sons naturels, proche du bruitage.
VIOLON ORCHESTRE
Concerto 1 D major (1952)

(-/-/*)
c'est une œuvre très médiocre que signe ici Florence Price, en contraste complet avec sa magnifique Suite Mississipi. un violon parfois virtuose, parfois même très virtuose, mais qui affirme rarement une thématique intéressante, sinon sporadiquement dans le dernier mouvement. L'orchestration met notamment en évidence de petits motifs à la flûte qui peinent à rehausser les effets très limités de couleur instrumentale. C'est le dernier mouvement, presqu'uniquement, qui pourrait, en de rares instants, séduire par quelques traits réellement inspirés.
RAITIO Vaino (1891-1945)
ORCHESTRE
Symphonie G minor op 13 (1919)

(-/-/-)
Une œuvre très décevante , indigente sur le plan de la thématique. Absolument aucun motif ne se détache de l'ensemble. Sur le plan symphonique,, l'on peut déplorer une certaine confusion et un abus des superpositions instrumentales. Le trombone est omniprésent dans les 1er et 3ème mouvement (parfois à découvert sans engendrer d'effet lyrique). Il est difficile d'établir une hiérarchie entre ces 3 mouvements qui se perdent d'une manière égale dans l'insignifiance. Tout aussi impersonnel apparaît le style qu'on ne saurait caractériser ni par le terme de romantisme tardif, pas plus qu'impressionniste ou expressionniste.
TULINBERG Erik (1761 - 1814)
VIOLON ORCHESTRE
Concerto 1 B flat major (1733)

(-/*/-)
Concerto de style galant, sans pour cela que ce soit outrancier, ni que cette caractéristique signifie toujours un retour constant à la ritournelle. L'œuvre comporte quelques passages qui s'en affranchissent, notamment aux deux tiers du 1er mouvement. L'on aboutit à un passage assez lyrique. Comme presque toujours dans les concertos de l'époque, ce sont les épisodes symphoniques qui déparent le plus, notamment par un emploi assez désastreux du cor. Le meilleur mouvement est probablement le 2e mouvement lent, imposant une mélodie "neutre", dépourvue de toute ritournelle.
ŒUVRE REVISITÉE
LISZT Franz (1811-1886)
ORCHESTRE
Fantaisies hongroises transcriptions
La version orchestrale de ces rhapsodies met particulièrement en valeur leur caractère dramatique, notamment en ce qui concerne les parties lentes (lassan) par les basses de l'orchestre comme dans le premier mouvement du Faust. L'orchestration de Liszt apparaît à mon avis brillante, utilisant les cuivres et percussions avec éclat, mais parfois, me semble-t-il, avec un certain manque de raffinement. En revanche, l'originalité symphonique de Liszt se révèle surtout par l'utilisation des solos instrumentaux à nu, la flûte, la clarinette, le trombone ou encore le violon. Les parties rythmées (friska) réalisent une utilisation judicieuse de pizzicati. Si les rhapsodies n°1, n°3, n°4, et surtout la n°2, envoûtent par leur richesse thématique, les rhapsodies n°5 et n°6 semblent traduire à mon avis une inspiration quelque peu essoufflée.
n°1 (***)
n°2 (****)
n°3 (***)
n°4 (***)
n°5 Héroïde élégiaque (**)
n°6 Carnaval de Pest (*)
Préludes (*)
À bientôt
Claude Fernandez