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CHRONIQUE n° 81 - 10/2007
STRATÉGIE DU MIMÉTISME


Les effets d’une œuvre sur l’auditeur, nous paraissent très topiques, c’est-à-dire qu’ils seraient induits par des particularités très précises et ponctuelles du contenu musical, afférents fondamentalement à la thématique. L’Intellectuel, qui est peut-être incapable d’apprécier réellement l’œuvre par son contenu strictement musical, aura tendance, nous semble-t-il, à considérer les œuvres d’un compositeur comme un bloc, une entité indivisible qui vaut par sa signification d’ensemble. Il ne pourra dire je trouve telle œuvre excellente, telle autre me paraît moins bonne, voire dans cette œuvre tel passage me paraît sublime, tel autre me paraît sans intérêt. Certains penseurs considèrent le compositeur et ses œuvres sans les dissocier - et se réfèrent en réalité aux commentaires sur ces compositeurs qui ont été précédemment écrits. Ainsi, comme au Moyen Âge, la glose acquiert une plus grande importance que l'œuvre elle-même. La conception de l'œuvre totale si chère à l'époque romantique leur a permis une construction philosophico-idéologique fumeuse qui détourne du véritale contenu musical. C'est à ce travers que s'est livré, pensons-nous, Adorno, et Malher a constitué pour lui un matériau de choix. Mais, semble-t-il, les Intellectuels, en observant les réactions des mélomanes, auraient fini par comprendre qu’ils devaient formuler des jugements plus topiques sur une œuvre précise et même un motif musical précis. Les compilateurs actuels insistent plus, semble-t-il, sur la valeur différentielle des œuvres d’un même compositeur. Ils émettent quelquefois des jugements négatifs sur certaines œuvres de F. Chopin, F. Liszt, C. Debussy, P.I. Tchaïkovski, mais, il est vrai, beaucoup plus rarement à l’égard de compositeurs plus consacrés tels que J.S. Bach ou W.A. Mozart. Cette attitude de jugement plus nuancée, plus différentielle des musicographes, pourrait être souvent une attitude mimétique inconsciente. Ils observent comment réagissent les personnes sensibles et ils tentent d’imiter leur comportement. Émile Vuillermoz, dans son Histoire de la musique, ne porte pratiquement jamais de jugement sur une œuvre particulière, en revanche Lucien Rebatet va parfois jusqu’à juger un passage bien précis qu’il décrit. Nous nous permettrons de ne pas être convaincu par ses jugements musicaux, en revanche nous pourrions lui accorder plus facilement un remarquable don de dialecticien grâce à la stratégie de mimétisme.


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