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CHRONIQUE n° 46 - 11/2004
MUSIQUE ET HOMÉOPATHIE!


Quel rapport pourrait-on établir entre la musique et l'homéopathie, entre les granulés magiques du faux docteur Hahnemann et certaines oeuvres musicales du répertoire actuel? Afin d'étayer la similitude, précisons quelques données sur l'homéopathie, telles que nous le rappellent à l'unanimité les périodiques scientifiques dont on ne peut contester le sérieux et l'objectivité, par exemple l'excellent article du périodique de vulgarisation Sciences et Avenir (novembre 2004). La thérapie homéopathique n'a jamais pu prouver son efficacité par les expériences de double aveugle pratiquées en médecine. De plus, le principe des dilutions infinitésimales, s'opposant à la barrière du nombre d'Avogadro, se trouve contredit par les données scientifiques fondamentales. Pour autant, malgré son inefficacité patente, l'homéopathie s'est imposée par l'entremise de réseaux d'influence auprès des décideurs et le déploiement d'une habile stratégie de communication politique et scientifique, de la part de ses zélotes. Ses placebos ne contenant que du lactose et du saccharose, maintenant inclus dans la pharmacopée officielle et remboursés par la Sécurité Sociale, commencent aujourd'hui à pénétrer les hôpitaux. Certes, l'Académie de Médecine s'est toujours opposée vigoureusement à cette reconnaissance scandaleuse, mais en vain. Je me garderais d'affirmer que le développement de l'homéopathie est le résultat d'un vaste complot, mais, que l'on prête au phénomène la dénomination que l'on voudra, les faits sont là. Nous devons constater qu'une activité reposant sur du vide est parvenue peu à peu à la reconnaissance et s'est s'imposée à un vaste public par l'intermédiaire de ses laboratoires, de ses structures de vente, de promotion, drainant une manne considérable... Dès lors, dans un domaine aussi délicat et complexe que la musique, comment pourrait-on affirmer que la renommée des grands noms, et même leur reconnaissance par un public qui les apprécie (ou croit les apprécier), constitue une donnée indubitable? Les réseaux d'influence, voilà qui pourrait rappeler curieusement l'émergence au 19e siècle, par le truchement de sociétés partisanes, d'un certain compositeur du 18e siècle que l'on m'épargnera de citer. Ceux qui formulaient la remarque suivante, maintes fois répétée sur divers forums, en substance Non, ce n'est pas possible qu'un compositeur parvenu aussi haut ne soit pas réellement un grand génie pourraient reconsidérer leur position en constatant le développement aussi fulgurant d'une médecine à l'efficacité imaginaire. Certes, la similitude s'arrête dans la mesure où l'Académie de Médecine, l'organe le plus officiel, demeure attachée à l'objectivité scientifique et refuse de céder aux pressions alors que dans le domaine musical ce sont les instances les plus officielles qui imposent, par exemple la musique atonale, si contestable et si contraire au goût du public. Cette différence peut aisément s'expliquer car une preuve scientifique d'efficacité peut être fournie dans le domaine médical alors que c'est impossible dans le domaine musical. Comment s'étonnerait-on, dans ces conditions, que les campagnes d'influence, la puissance des réseaux n'aient investi le coeur de l'appareil officiel musical depuis longtemps? Néanmoins, nous constaterons que les chercheurs objectifs, les universitaires de haut niveau échappent à un endoctrinement plus souvent le fait des demi-savants, selon le terme d'Henri Jeanson, et de mélomanes supérieurs constituant la majorité de l'intelligentsia musicale, terreau fertile de l'idéologie triomphante. Preuve d'efficacité impossible en matière musicale, avons-nous dit, sauf, véritables expériences de double aveugle, la constatation des fausses attributions, que nos mélomanes supérieurs sont incapables de détecter par le seul examen musical, ce qui tendrait à prouver que l'hypothèse d'une prédominance aussi outrageante des grands n'est pas une certitude. Si le succès du Concerto n°1 de Tchaïkovski ou des Quatre saisons de Vivaldi, qui ont dû lutter pour s'imposer contre la déconsidération affichée par l'intelligentsia dominante, semble bien montrer l'intérêt réel des mélomanes pour ces oeuvres, on peut se demander, a contrario, si le trop fameux Adagietto de la Symphonie n°5 de Malher, imposé aussi laborieusement et artificiellement, ne représenterait pas l'ocsillococcinum de la musique, aussi vide que la regrettable panacée homéopathique. Nous ne saurions terminer cette chronique sans signaler une autre similitude fondamentale entre l'art divin du maître Hahnemann et la musique, reposant sur une loi économique universelle: l'exploitation.


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