ERNST Henri (1814-1865)

VIOLON

Six études 1862   

C’est encore une fois la référence à Paganini qui s’impose à l’audition de cette œuvre, les Caprices naturellement, mais l’on peut citer également les Caprices de Rode. Quoique d’intérêt inégal - ce qu’on doit imputer à la nature scholastique de cette œuvre - chaque caprice comporte souvent des thèmes remarquables, voire des moments exceptionnels, non seulement de virtuosité, mais de musique pure. C’est la cas pour la partie finale de l’Étude n°6. Malheureusement, les thèmes principaux de cette Étude, à mon avis, ne sont pas les meilleurs de cette série d’études. La plus dense sur le plan thématique me paraît être la 4 et la plus faible sans doute la 3. Sur le plan violonistique et thématique, on retrouve une grande partie des effets de virtuosité propres à Paganini.

1 Rondino (*)

2 Allegretto (**)

3 Terzetto (-)

4 Allegro risoluto (***)

5 Air de ballet (*)

6 The last rose summer (**)

VIOLON ORCHESTRE

Concerto op 23 Pathétique    (**)

Malgré une thématique qui me paraît d'intérêt limité, cette œuvre est empreinte à mon avis d'un pathétisme assez profond. Un incontestable souffle lyrique la traverse, me semble-t-il. On retiendra le passage où l'orchestre intervient seul en pianissimo. On doit signaler le contraste étonnant entre la Fantaisie sur Otello du même compositeur, et la présente œuvre. La Fantaisie, beaucoup plus brillante avec un violon dans l'extrême aigu fut écrite beaucoup plus tôt. Rien ou presque ne subsiste du style paganinien dans le Concerto et on y décèle des sonorités qui préfigurent le Concerto de Tchaïkovski. Le passage de la tessiture du violon de l'aigu vers le medium est caractéristique de l'évolution du violonisme au milieu du dix-neuvième siècle, on la retrouve chez Vieuxtemps. Parallèlement, l'orchestre a gagné en élaboration.

Concertino op 12 1839    (**)

Le jugement relativement favorable de 2 étoiles que j’ai fini par concéder à ce Concertino de Ernst ne reflète ni la haute tenue de l’inspiration pendant la première partie de l’œuvre, ni l’affadissement dont témoigne à mon avis la partie suivante, avant toutefois un certain regain d’intérêt pour la finale. On comprendra cette différence si on assimile la structure interne de ce Concertino à celle d’un concerto dont les parties ne seraient pas séparées, cependant la partie centrale ne représente pas à l’évidence un mouvement lent et la dernière partie, sauf la finale, ne représente pas de manière évidence un mouvement rapide. Un problème de structure, à mon avis, nuit grandement à cette œuvre si on est amené à la juger comme une entité. Sur l’ensemble, on retiendra un dialogue très lyrique de l’orchestre au début du mouvement entre les bois et les cordes, mais pour le reste c’est une orchestration à mon goût bien terne que nous inflige Ernst, toutefois au diapason de l’époque, il faut le reconnaître. Le violonisme de la première partie pourrait rappeler, avec moins de bravoure et d’intensité, la thématique paganinienne. Néanmoins Ernst affirme une réelle maestria tant sur le plan de la virtuosité que sur le plan du mélodisme. Malheureusement, la seconde partie me paraît tomber dans les effets les plus communs et les plus anodins au point d’atteindre une uniformité ennuyeuse. Au final, chacun pourra juger l’œuvre comme il veut selon qu’il s’appuie sur l’une ou l’autre de ses parties si différentes.

Élégie sur la mort d'un objet chéri op 10 1840    (***)

Une mélodie très pathétique, très émouvante qui rejoint celles de Paganini ou Vieuxtemps, quoique sa longueur excessive risque d’en émousser un peu l’effet. On admirera également l’accompagnement aussi discret qu’efficace de l’orchestre à cordes.

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