ALFVEN Hugo (1872-1960)

ORCHESTRE

Swedish Rhapsody 3 Dalarapsodi Oop 47    (***)

Cette œuvre, d'une grande pureté, expose et varie magnifiquement une suite de motifs au rhapsodisme marqué. Les moyens symphoniques utilisés sont très classiques. Motifs très lents, très mélodiques alternent avec des motifs rapides. Le jeu des expositions en instrument solo et reprise par tout l'orchestre créé un effet lyrique très puissant, notamment la péroraison de la dernière partie avant le retour au thème initial lent à la clarinette.

Swedish Rhapsody 1 op 19 Midsommarvaka    (****)

Cette rhapsodie apparaît d'une teneur musicale certainement beaucoup plus élevée que la seconde, mais comporte un nombre de parties plus limité que la troisième et une richesse à mon avis moindre, quoiqu'elle me semble excellente du début à la fin. Très rhapsodique, elle s'appuie sur deux parties rapides encadrant une partie lente à la manière d'un concerto. Les variations du motif dans la dernière partie sont particulièrement subtiles et originales. Quant à la partie centrale lente, elle offre une mélodie au cor anglais, puis au trombone pianissimo sur un fond de harpe d'une beauté magique, sans oublier le tutti aux cordes, très lyrique. Des affinités, voire des ressemblances frappantes, apparaissent avec la suite Mississipi de Ferdé Grofé, autant pour la troisième partie que pour la partie lente.

Swedish Rhapsody 2 op 24 Uppsalarapsodi    (-)

Après une très longue introduction lente peu attractive à mon avis, s'impose un thème en forme de fanfare fortement scandé qui ne me paraît guère relever l'intérêt. La suite, évoluant parfois dans le style contrapuntique n'apporte à mon sens pas d'élément susceptible de rehausser le niveau de cette rhapsodie. Cette œuvre contraste, me semble-t-il, très négativement par rapport aux sublimes rhapsodies 1 et surtout 3. À cela on peut ajouter une orchestration homogène, peu originale à mon avis.

Symphonie 1 op 7 1897     (*/*/***/**)

Une symphonie très homogène où l'on ne décèlerait sans doute aucune faute de goût, une orchestration mature, colorée, subtile, d'une grande pureté, cependant dont l'intérêt et l'originalité m'ont apparu très variables, si l'on excepte le 3ème mouvement, à mon avis très dense thématiquement. Un climat symphonique, donc, assez différent de celui des Rhapsodies suédoises, moins marqué par le style spécifiquement nordique. Seuls les 3ème et 4ème mouvements présentent un certain rhapsodisme. Sur le plan thématique apparaissent quelques motifs, peu saillants cependant dans les mouvements 1, 2 et 4. L'on retiendra l'ouverture du premier mouvement sur un motif solo de violoncelle interrompu par l'orchestre, mais la suite déçoit quelque peu. L'on peut certainement écouter agréablement cette symphonie, eu égard à ses qualités sus-dites et je me suis surpris à la réécouter avec plaisir, mais sans y trouver de moment vraiment transcendant. Exceptons cependant le 3ème mouvement, à mon goût le meilleur, notamment par un thème répété au trombone pianissimo.

Symphonie 2 d major op 11 1898     (**/**/***/*/-)

Malgré une ouverture impressionnante à grand renfort de timbales et une coda assez impressionnante également, cette symphonie me laisse dans l'expectative. Elle ne m'apparaît jamais exempte de motifs, parfois subtils, mais ceux-ci me paraissent toujours d'une puissance relativement limitée. Symphonie très homogène comme la 1, mais sans aucun rhapsodisme. Le style pourrait se situer entre Wagner et Sibelius parfois, bien que ces références - surtout Wagner - ne revêtent peut-être pas une grande signification. Le style wagnérien, pour une grande part, existait avant Wagner comme style nordique, notamment chez Gade ou Berwald et sans doute chez bien d'autres compositeurs. Quoique j'apprécie particulièrement ce mystère ambiant de la musique nordique, tout de même présent et bien que je ne cesse de les revalorises au fil des auditions, il me paraît difficile pour les mouvements 1 et 2 de monter au-dessus de 2 étoiles. Et cette symphonie me paraît moins "colorée", peut-être moins subtile dans son orchestration que la 1ère. Le 3ème mouvement, un scherzo très enlevé, très contrasté entre les nuances pianissimo et forte, me paraît le meilleur mouvement. Quant au dernier mouvement, qui, essaie de développer un thème en contrepoint, il me semble peu compatible à mon avis avec l'éthique de ce genre symphonique et surtout le génie propre d'Alfven.

Symphonie 3 op 23 1905     (*/*/**/***)

Très différente des 2 symphonies antérieures, cette symphonie, sans doute moins subtile dans son style, moins "impressionniste", se révèle plus classique avec un zeste de rhapsodisme. Alfven renoue avec le mélodisme simple et un traitement symphonique parfois peu nuancé, beaucoup moins dosé que dans les symphonies 1 et 2. On peut y déplorer parfois, me semble-t-il, des effets un peu faciles et bruyants. Néanmoins, le 3ème mouvement, et surtout le dernier, en forme de Danse du sabre très animée se détachent. Quoique j'ai octroyé la mention excellence avec 3 étoiles pour ce dernier mouvement, je reste un peu déçu par des effets orchestraux un peu trop extériorisés à mon goût, sans grand raffinement. Un très bon thème lent, néanmoins, parcourt ce mouvement dynamique.

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